Tout comme l’averse ne fait pas la moisson, l’hirondelle ne fait pas forcément le printemps, mais comme dirait l’autre, elle y contribue. Le dictionnaire Littré nous donne comme définition : « Oiseau de passage qui paraît au printemps ».
Les hirondelles sont des oiseaux migrateurs qui reviennent d’Afrique vers nos contrées en mars avril, de sorte que l’on déduit que si l’on voit une hirondelle au dessus de nos têtes, c’est que le printemps est là. Mais ce n’est pas une science exacte, il ne faut pas se réjouir trop vite d’un signe favorable mais non vérifié.
Ainsi comme Aristote disait « Une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’une seule journée de soleil ; de même ce n’est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur ».
La première hirondelle aperçue en 2010, comme aimait à le rappeler Jacques Bruyère, survolait les roseaux de l’Etang du Mahistre, en Camargue gardoise, le 27 février à 11h45. Les observateurs, nombreux, ce jour là, jugeant que le vol de la belle était bien précoce, considéraient qu’en effet « une hirondelle ne fait pas le printemps » car quelque jours plus tard un épisode neigeux confirmait la formule.
A l’origine, ce proverbe était différent ; on disait au XVIIe siècle : « une arondelle n’ameine point l’esté ».
Jacques Bruyère nous apporte quelques précisions sur le nom donné à ces oiseaux : « En ancien français, hirondelle se disait « arondelle », diminutif d’aronde. Curieusement sans « h », alors que le latin d’où est issu le mot s’écrit hirundo. La lettre première s’est donc envolée pendant un certain temps dans notre langue, pour revenir ensuite. Une migration, en quelque sorte. Peut-être, dans un contexte de simplification de l’orthographe, va-t-elle repartir ? En argot ancien, qui se souvient que les agents de police cyclistes, à la cape volant au vent de leur bécane, étaient surnommés les hirondelles ? » (Au rendez vous des hirondelles, nature et patrimoine, Midi Libre, 21 mars 2010).
D’autres proverbes ont depuis vu le jour : « Hirondelle volant haut, le temps sera beau, hirondelle volant bas, bientôt il pleuvra. » : les hirondelles se nourrissant d’insectes, ces derniers volant plus haut lorsque le temps est beau, les hirondelles suivent leurs mouvements.
De tout temps les hirondelles ont suscité la curiosité. En témoigne cet article de presse paru dans le Journal de l’Aveyron le 4 avril 1889 : « On signale le retour des hirondelles à Saint Affrique et à Millau. Elles n’ont pas encore daigné se montrer à Rodez. Excusons-les, la température n’est pas engageante ».
Le phénomène de migration est connu, même s’il garde quelques mystères. Nos hirondelles se repérant par rapport aux étoiles et au soleil partent en Afrique pour ne pas mourir de faim, car les insectes dont elles se nourrissent disparaissent en hiver.
Le signe avant coureur est quand les journées sont moins chaudes et les nuits plus longues et plus fraîches, les hirondelles le ressentent et se rassemblent pour le grand départ.
Ainsi, on observe un va et vient incessant d’oiseaux qui virevoltent et piaillent autour du clocher du village. Prêtes à partir en Afrique. Parfois précocement comme à Montjaux en septembre 2007. Elles reviennent nicher et se reproduire chez nous, quand leur nourriture est à nouveau présente le plus souvent fin mars, début avril.
On trouve chez nous aussi bien des hirondelles rustiques que des hirondelles de fenêtres, de rochers ou petites hirondelles. Avant l’invention de l’électricité, on les voyait se poser sur les branches des arbres dépourvues de feuilles dans nos campagnes, pour voir venir le danger. Depuis, ce sont les fils électriques qu’elles affectionnent, car c’est bien connu, l’hirondelle n’aime pas se dissimuler dans le feuillage.
Marc Parguel