Intrigués par les questions que Gilles Picard se posait dans la Gazette Drouot en 2009, nous sommes allés à la rencontre de Katharina Leutert, à l’occasion du vernissage de son exposition « Plumes », dans la nouvelle galerie Entre Deux.
« Il y a une quinzaine d’années, je travaillais dans le monde le la haute couture, explique l’artiste parisienne, d’origine suisse. Puis j’ai eu des enfants. Et quand on a un poste de responsabilité et des enfants, il faut souvent faire un choix. J’ai alors pris un congé parental. Mais une fois qu’on est sorti du monde la mode, pour y revenir, c’est compliqué… »
Alors Katharina Leutert a commencé à peindre. D’abord, les meubles de la maison… « Et puis il y a eu la grande tempête de 1999, et tous ces arbres qui sont tombés. Comme je suis quelqu’un de très proche de la nature, j’ai ramassé du bois que j’ai ramené à la maison. »
Voyage en Ayawaska…
De cette matière, rustique s’il en est, sont nées des œuvres aussi légères qu’esthétiquement parlantes. « Les plumes peintes sur des écorces de bois sont très réalistes, mais en même temps, elles sont très abstraites, confie l’artiste. Bien sûr, il y a la légèreté, et le mythe derrière la plume a son importance. J’ai l’impression que ce n’est pas moi qui ait fait l’œuvre, qu’elle était déjà faite. »
Cette magie créatrice, d’où vient-elle alors ? De l’inné sans doute, du talent assurément, mais aussi du divin, peut-être. « En Amazonie, des indiens font des breuvages qui te donnent des visions, appelés Ayahuaska, confie-t-elle. J’ai essayé plusieurs fois cette expérience chamanique et j’ai depuis une autre vision de la vie. Quand on a vécu ça, on ne peut plus diriger ce que l’on voit, les choses apparaissent spontanément. Et quand je vois le bois, je vois les plumes. »