La Baume de l’homme mort ou du Valat des Sérieys s’ouvre dans les falaises du Causse de Sauveterre, face au pont du Rozier, en dessus de la Combaurie. Cette baume n’est qu’une étroite excavation qui mesure 7 mètres de longueur s’ouvrant au milieu d’un amoncellement de rochers. L’intérêt de cette cavité est surtout lié à la découverte que firent trois jeunes gens de Liaucous à l’intérieur en 1912.
Avec Jean-Jacques Despériès comme guide, nous décidons de nous rendre sur les lieux. A partir du village de Liaucous, nous prenons le chemin qui monte vers Eglazines. Nous partons ensuite sur notre gauche en direction des falaises et abordons le Valat des Sérieys. Il doit son nom aux nombreux cerisiers qui furent plantés là et qui servirent pour faire des meubles. Pas de sentier visible dans ce ravin escarpé et sauvage, mais des rochers et des pargues (enclos à brebis), prouvent que l’endroit était autrefois bien fréquenté.
Nous grimpons vers les falaises dans lesquelles le soleil projette ses rayons.
Les habitants de Liaucous racontaient autrefois qu’un homme avait été retrouvé mort dans une grotte du Valat de Sérieys mais ne se souvenait ni de la date ni de la personne.
Voici les faits : « Le 25 février 1912, un jeune homme de 16 ans, Joseph Barre, se livrait, à la recherche des truffes lorsque, parvenu à un endroit éloigné de plus de deux kilomètres de toute habitation et dit le Valat de Sérieys, il vit son chien entreprendre de suivre une piste. L’animal le conduisit jusqu’auprès d’une excavation naturelle formée par un amoncellement de rochers, longue de 3m50, large d’une soixantaine de centimètres et haute d’un mètre à peine. A l’intérieur, sur un lit d’herbes sèches, un homme, les jambes recouvertes d’un sac, paraissait dormir. Barre appela ses camarades Jules Mignonac et Ladet, de Liaucous, qui accoururent. En vain cherchèrent-ils à éveiller le prétendu dormeur ; ils comprirent qu’ils se trouvaient en présence d’un cadavre.
La gendarmerie, accompagnée du Docteur Tourren, de Peyreleau, se rendit sur les lieux. On retira le corps de la grotte où il reposait. C’était celui d’un homme de 20 à 30 ans, d’une taille de 1m65 et d’une maigreur extrême. Il portait une barbe noire et une petite moustache, des cheveux noirs très longs, il avait une dentition en bon état et d’une blancheur extrême, était vêtu d’un complet de drap et coiffé d’un chapeau de paille en assez mauvais état.Dans ses poches, on a trouvé un indicateur de chemins de fer et une carte du département de la Lozère. Sur un carnet, on a trouvé cette indication : « Bressoles Ernest, 23 septembre 1897. »
Le sieur Victorin Bonnefous a déclaré avoir vu vers la fin de décembre ce malheureux rôdant dans ces parages. Il lui dit qu’il était originaire de Saint Beauzély et était loué aux Vignes (Lozère). Il revenait de Millau et portait sur lui quelques provisions achetées dans les épiceries de cette ville.
Effectivement, autour de la grotte où fut découvert le cadavre, on a remarqué plusieurs boites de sardines vides et divers papiers qui les enveloppaient. Les papiers portaient l’indication d’épiceries millavoises.
On croit que ce jeune homme habitait depuis longtemps la grotte du Valat du Serieys où il est mort d’inanition. » (Journal de l’Aveyron, 3 mars 1912)
Selon le journal de l’Indépendant Millavois paru le même jour, il serait mort de faim.
L’entrée de la grotte se situe dans une pente au milieu d’un amoncellement de rochers à 716 mètres d’altitude, non loin du Roc des Agudes. L’ouverture devait être murée sur une certaine hauteur, puisque de nombreuses pierres de cette élévation ont roulé et sont visibles sur la pente. La grotte mesure 1m80 de hauteur pour 1m70 de large et se développe sur 7 mètres. Preuve que le lieu n’est pas fréquenté, des tessons de bouteilles en verre, et les boites de sardines de l’infortuné étaient encore visibles il y a quelques années près des rochers.
On imagine combien il a dû être difficile de descendre le corps du malheureux tant la grotte se situe dans un relief accidenté et avec une forte déclivité.
De l’autre côté de ces décombres rocheux s’ouvrent deux autres baumes, une haute avec cheminée naturelle, et l’autre en dessous qui mesure 5 mètres de profondeur.
Marc Parguel