Millau : « Et des cieux vont pleuvoir des millions… »

Yannick Périé
Yannick Périé
Lecture 9 min.
De gauche à droite : Michel Durand, Claude Alibert, Nadine Tufféry, Albine Dalle, Emmanuelle Gazel et Frédéric Fabre.

Eau : « Une augmentation de 48,5 % de l’abonnement »

« Certains Millavois ont reçu leurs factures, explique Michel Durand. Lors de la renégociation de l’eau, qui a duré 6 mois, on nous a expliqué que tous les Millavois verraient leur facture baisser. Le problème, c’est que pour beaucoup d’entre nous, elle a augmenté. Pourquoi ? Suite à leur décision de choisir deux délégataires (« Mill’Eau » à Véolia et « Millau Assainissement » à Aqua Alter / Nicollin, NDLR), on s’est aperçu qu’avant on payait qu’un seul abonnement à Véolia, maintenant, du fait qu’il y ait deux prestataires, un pour l’eau et un pour l’assainissement, il faut payer deux abonnements. »

Et de sortir sa propre facture : « Pour 2018 on paye 38 € d’abonnement pour l’eau et 22 € pour l’assainissement, alors qu’en 2017 on payait 40 € d’abonnement en tout. Soit une augmentation de 48,5 % ! »

Même s’il reconnait que le prix du m3 a effectivement baissé, Michel Durand a calculé que cette nouvelle tarification pénalise les petits consommateurs d’eau. « Pour une personne seule, c’est une augmentation de près de 11 % au final, pour un couple qui dépense 60 m3, l’augmentation est de plus de 5 % », souligne-t-il, en rappelant qu’à Millau, « 65 % des foyers consomment moins de 100 m3 par an et que sur les 12.800 foyers, 9.800 sont des ménages sans personne à charge. Cette nouvelle politique qui bénéficie aux gros consommateurs, qui eux voient leurs factures baisser, est contraire à la prise de conscience environnementale qui doit guider l’ensemble des décideurs politiques ».

Pour dénoncer cette double attribution du marché de l’eau, Claude Alibert a pris l’exemple d’une personne qui habite rue du Printemps à Millau, qui était jusqu’à présent sur un assainissement autonome et qui veut être raccordée à l’assainissement collectif. Un premier devis à l’automne, auprès de Véolia, chiffrait les travaux à 1500 €. « Au printemps, quand il a voulu lancer les travaux, Véolia lui a retoqué qu’ils avaient perdu le marché et qu’il fallait désormais traiter avec Millau Assainissement. Le nouveau devis s’élève à 3.200 €. Du simple au double pour le même travail. »

Et l’ensemble de l’opposition de dénoncer en vrac « une attribution du marché de l’eau qui manque de professionnalisme », « une pratique inverse à la tarification sociale » obtenue par l’équipe municipale précédente, « un exemple local de la pression des lobbies », « l’attribution de l’assainissement à Nicollin alors que Véolia était favori », « une délibération au conseil municipal complètement illisible et que personne n’avait lue, y compris le maire »… « Est-ce du mensonge ou de l’incompétence ?, se demande Michel Durand. Dans les deux cas, c’est tragique et scandaleux… »

Millau 2030 : « Christophe Saint-Pierre est en campagne »

« Les 80 grands projets déballés et étalés par Christophe Saint-Pierre dans le cadre de Millau 2030, c’est vraiment de la poudre aux yeux, attaque Emmanuelle Gazel. Déjà, il avertit qu’il n’en réalisera que 50. Si on en réalise 5, ce sera déjà beaucoup, vu l’état d’endettement de la ville, le taux d’imposition qui ne peut pas être plus élevé tellement les Millavois sont asphyxiés… Le montant de la dette est colossal, avec une marge de 1 à 2 millions d’euros, mais pas plus, après c’est la mise sous tutelle… »

« Il y a déjà des projets engagés, comme le quai Sully-Chaliès (4 millions), dont on n’a pas les financements », dénonce Michel Durand. « La piscine c’est pareil, continue Emmanuelle Gazel. Les études sont lancées alors que le financement n’est pas bouclé et la Ville de Millau est engagée à hauteur de 5 millions d’euros. Nous ne sommes pas contre les projets, mais il ne faut pas être mégalos. Nous n’avons plus de leviers d’actions, tous les indicateurs économiques de la ville sont au rouge, il a tout dégradé. On le verra de toute façon quand la chambre régionale des comptes rendra son rapport. Christophe Saint-Pierre nous prend pour des imbéciles. »

« Il évoque partout les financements du plan d’action Cœur de Ville. Des cieux vont pleuvoir les millions, rigole Michel Durand. Il illusionne les gens avec ça. La piscine, c’est Cœur de ville, le cinéma, c’est Cœur de ville, tout va tomber de Cœur de ville… Il en aura du Cœur de ville, c’est sûr, mais pas comme il veut faire croire. »

« Tout ça, c’est clairement électoraliste, résume Frédéric Fabre. Evidemment qu’il est en campagne, il faut arrêter de prendre les Millavois pour des naïfs. On a l’impression qu’il dépense d’abord et qu’il réfléchit après. Mais est-ce qu’il est obligé de vendre du rêve à ce point ? »

Hôpital : Une possible « mise sous tutelle de l’ARS »

« S’il n’avait pas passé autant de temps à faire ses esquisses et son plan de com’, peut-être il aurait pu s’occuper de l’hôpital de Millau, lance Emmanuelle Gazel. La situation est très très inquiétante depuis que le CHU de Montpellier, qui ne veut pas être solidaire de la dette de Millau s’est désengagé de la direction commune. Heureusement qu’on a un député qui prend Christophe Saint-Pierre sous son aile pour aller rencontrer l’ARS et demander des rendez-vous au ministère. Clairement il y en a un qui est plus actif que l’autre ! Le maire n’a rien fait, et il continue à ne rien faire. »

« On a l’impression que sur ce dossier, il est résigné, il subit, continue Frédéric Fabre, en certifiant que le député Arnaud Viala et le maire de Saint-Affrique et sénateur Alain Fauconnier « sont plus actifs ».

« Ils étaient en conseil de surveillance 2 ou 3 jours avant l’annonce du CHU de Montpellier, et il n’était pas au courant du départ du CHU, explique Emmanuelle Gazel. Bonjour la confiance ! Contrairement à l’hôpital de Saint-Affrique, celui de Millau n’a pas un seul représentant au niveau national. Dans ces conditions, comment peut-on défendre notre hôpital ? On ne le sauvera pas en repeignant les chambres de la maternité. Aujourd’hui, il peut y avoir une mise sous tutelle complète de l’ARS ou la nomination d’un nouveau directeur. Mais ça peut intéresser quel genre de directeur un hôpital avec une situation pareille, avec un déficit chronique de 5 millions d’euros ? Petit à petit notre offre de soin va se dégrader… Il est urgent d’être reçu au ministère et de plaider notre cause, de creuser cette idée d’hôpital commun à l’échelon du Sud-Aveyron. Il faut agir vite ! »

« Christophe Saint-Pierre nous parle sans arrêt d’attractivité, souffle Michel Durandmais quand tu regardes les impôts, quand tu regardes l’offre de soins qui nous est promise, tu ne viens pas à Millau ! »

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