Les aventures du Millavois Louis Testory, aumônier militaire dans les armées de Napoléon III (4/4)

Bernard Maury
Bernard Maury
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Le massacre des Fédérés au milieu des tombes du Père-Lachaise.

De son retour en France à sa mort

Dès son retour à Paris, Louis Testory fait paraître une brochure intitulée : « L’aumônier militaire » dans laquelle il attaque ouvertement l’Abbé LAINE qui a été désigné aumônier en chef de l’armée. Louis est très déçu, car il a été à l’origine de la création de cette aumônerie militaire permanente dont il briguait la place, une place qui lui aurait assuré son avenir. Louis ne comprend pas qu’il sera toujours victime de la mise à l’Index de sa brochure sur le clergé mexicain. Bien sûr, il a fait appel de cette décision, mais les procédures religieuses sont très lentes.

En attendant, Monseigneur Dupanloup lui conseille de poser sa candidature pour une place de chanoine de second ordre à la Collégiale de Saint-Denis. Une retraite dorée que Louis ne désire pas, il ambitionne un poste de responsabilité. Le 3 septembre, il écrit à son beau-frère Benjamin Balsan : « … j’ai été au camp de Chalons pour voir l’Empereur et lui remettre ma lettre… je l’ai rencontré, il m’a parlé et s’est montré très étonné lorsque je lui ai dit que j’avais fait les campagnes de Crimée, d’Italie et du Mexique… ». En dépit de son optimisme, et bien qu’il se soit adressé à l’Empereur en personne, il est obligé de se contenter du Canonicat dans le Chapitre impérial de la Basilique Saint-Denis ! Il est tout de même flatté d’appartenir à cette illustre assemblée, unique en France et dont les membres sont bien rétribués par l’Etat.

Tableau d’Edouard Manet.

Le 2 novembre 1867, une terrible nouvelle circule à Paris dans les stands internationaux de l’Exposition Universelle : l’Empereur Maximilien 1er a été fusillé à Querétaro le 19 juin 1867.

Le peloton d’exécution.

Louis est très affecté par la disparition de « son Empereur » d’autant plus, comment le saurait-il, que deux années difficiles, dont 1869, se profilent devant lui. S’il veut rester dans l’Eglise, il se doit de récuser sa brochure mexicaine, car la Congrégation ne revient jamais sur un décret de condamnation. Bien qu’à contre – coeur il ait reconnu son erreur le 8 mai 1865, il se résout à faire amende honorable le 27 mars 1869. La Sacrée Congrégation de l’Index note que « l’abbé s’est soumis de manière louable et a réprouvé son œuvre ». Dans le tome XXXIII de la Bibliographie catholique se trouve un chapitre consacré aux ouvrages condamnés ; celui de Louis y figure avec ceux de Copernic, Rabelais, Descartes, Galilée, Diderot, Voltaire et même… Lamennais.

Louis, à l’âge de 48 ans.

A l’approche de 1870, Louis sent venir la guerre. Voulant être prêt à partir s’il est appelé, il écrit à sa sœur Joséphine de lui envoyer « la caisse de ses ornements et celle des calices… car si je dois partir, je ne veux pas attendre que ma chapelle arrive de Millau… » Le 16 juillet, Joséphine a remis à la diligence trois caisses : les deux demandées par Louis et une vide. Il était temps, car le 19 juillet 1870 la France déclare la guerre à la Prusse. Louis pensait partir de suite avec l’armée du Rhin, mais il est refusé. Le 25 juillet, dans une lettre à sa sœur, il exprime sa cruelle déception : « … on m’a dit qu’il faut laisser la peine aux plus jeunes…ce refus m’a fortement chagriné… il m’est très pénible de rester tranquille en ce moment…je me suis porté comme volontaire pour les ambulances aux blessés… ». Il est traité de vieux, mais pourtant Louis porte bien ses 48 ans ! Il pense qu’il a été écarté par son « ennemi », l’abbé Laine, aumônier en chef de l’armée de terre. En conséquence, il écrit au ministre de la Guerre : « … Monsieur Laine m’a refusé : ce favori de la fortune a craint que ses quarante jours de service ne pâlissent devant mes quatorze campagnes. Excellence, je demande justice contre cet abus vraiment indigne… ».

Le ministre a des problèmes beaucoup plus dramatiques à traiter que le placement d’un aumônier, alors, puisque l’armée ne veut pas de lui, Louis s’engage dans les Francs-Tireurs de la Seine !

Louis participe à des combats très durs. Il est fait prisonnier deux fois, à Bitche et à Metz, et deux fois il s’évade ! Heureusement, car n’appartenant pas à une unité reconnue, il eût été sûrement fusillé. Il rejoint le 3e Bataillon des « Eclaireurs du Commandant Poulizac » qui se replie sur Gagny, situé à 15 kilomètres à l’est de Paris. Au mois d’août, les Français subissent des revers sévères. Le 14, l’Empereur dépassé par les événements confie le commandement de l’armée à Bazaine. Le 16, le Maréchal est battu à Gravelotte, puis le 18 à Saint-Privat, près de Metz où il doit se réfugier. L’Empereur et l’armée de Mac-Mahon tentent de porter secours à Bazaine, encerclé à Metz. Il échoue, se replie sur Sedan où il est à son tour bloqué. Le 1er septembre, Napoléon III se rend.

Le Général Trochu

Le 4 septembre l’émeute éclate à Paris. La République est proclamée. Le Général Trochu, Gouverneur militaire de Paris, est nommé Président du Gouvernement de la Défense nationale.

Le nouveau gouvernement décide de poursuivre la guerre, alors que les troupes allemandes ont déjà commencé leur progression vers Paris. Le 8 septembre, elles ont dépassé Reims et le 15, elles ont pris position autour de Paris, totalement encerclé le 19. Un long siège commence.

Le 23 octobre 1870, Louis qui se trouve à Bondy, situé à neuf kilomètres au nord-est de la capitale, réussit à faire partir de Paris, rue d’Antin, une lettre par ballon dans laquelle il exprime son désespoir : « Nous sommes bloqués dans Paris… Je ne sais vraiment comment nous en sortirons…et quand finira cette horrible guerre… » Le 30 novembre, le Général Trochu décide de tenter une sortie à l’est sur la rive droite de la Seine. Louis participe aux durs combats de Champigny. Les pertes françaises s’élèvent à 6.000 hommes. Le 3 décembre les troupes se replient dans Paris. L’hiver 1870 est très rigoureux. Le Commandant en chef de l’armée prussienne, le Général Moltke, compte réduire les 2 millions de Parisiens par la famine.

Dans la Galerie des Glaces.

En décembre, il n’y a plus dans la capitale ni gaz ni charbon et le bois se vend à prix d’or. Les boucheries vendent des chats, des chiens, des rats. Comme les Parisiens ne veulent pas se rendre, Bismarck fait venir une puissante artillerie de siège. A partir du 5 janvier 1871, les obus pleuvent sur Paris. En 3 semaines, les bombardements font près de 400 morts. Le 18 janvier, Trochu lance 100.000 hommes en direction de Versailles. Nouvel échec. Trochu est remplacé par le Général Vinoy à la tête des troupes. Le jour même, l’Empereur Guillaume 1er proclame l’Empire allemand dans la Galerie des Glaces du Palais de Versailles.

Le 27 janvier 1871, l’armistice est signé. Le siège a duré 132 jours. Quoique Paris ne soit pas occupé, l’armée allemande rentre dans les forts.

Le 29 janvier, les Prussiens pénètrent dans Saint-Denis. Le 25 février, Louis se plaint dans une lettre à sa famille des dégâts et des vols que les nouveaux occupants ont commis à son domicile, 93, rue Compoix. Plus graves sont les importantes dégradations auxquelles les Prussiens vont se livrer début mars dans la basilique de Saint-Denis.

Le Fort de Briche.

Testory, un des rares chanoines qui soient restés dans la ville, est scandalisé. Les 7 et 12 mars, il fait paraître dans le journal « La Vérité » et « Le Gaulois » deux articles virulents. Les noms des tombeaux et des statues profanés y sont précisés et de surcroît, il y traite les Allemands de « vandales » !

Il est convoqué par le Commandant de la Place, le Baron de Mirmach qui le fait arrêter et enfermer dans le Fort de Briche qui domine la ville de Saint-Denis. L’affaire est grave. Louis qui est accusé d’avoir offensé le peuple allemand doit être jugé. Il risque d’être condamné à être fusillé. De hautes personnalités comme Monseigneur Darboy, Archevêque de Paris et Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, vont intervenir en sa faveur. En vain.

Le Général de Galliffet.

C’est un ami de Louis, le Général, Marquis De Galliffet, un de ses anciens condisciples du Séminaire Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui va demander au Roi de Saxe, Jean 1er, de le faire libérer. Louis est remis en liberté après dix jours de détention. De retour chez lui, force lui est de constater les faits que la presse a rapportés en ces termes : « … et tandis qu’il était traîné en prison, les soldats allemands pillèrent et saccagèrent chez lui ». Une nouvelle fois !

 

Pendant ce temps, l’Histoire s’accélère, les événements s’enchaînent. Le 18 février, Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif de la République Française. Paris est au bord de la révolution. Le 10 mars, Versailles est choisi comme capitale provisoire. Le 14 mars, Thiers s’installe dans la Préfecture. Le 18, l’affaire des canons de Montmartre se transforme en émeute : les généraux Lecomte et Thomas sont fusillés, l’archevêque et plusieurs curés sont jetés en prison. La « Commune » est proclamée le 28 mars 1871. Elle va durer 72 jours.

Pendant deux mois, Thiers s’efforce de rassembler des troupes à Versailles pour pouvoir intervenir contre la « Commune ».

Le 21 mai, les troupes versaillaises pénètrent dans Paris.

Les combats dans Paris vont durer du 21 au 29 mai.

C’est la « Semaine Sanglante »

Les combattants de la « Commune » luttent quartier par quartier, maison par maison, barricade par barricade. Les Versaillais fusillent tous ceux qui sont pris les armes à la main. La « Commune » répond en faisant exécuter 52 otages, dont l’Archevêque de Paris, Monseigneur Darboy. Les Versaillais progressent vers les quartiers du centre et de l’Est parisien. Le 27, c’est le massacre des Fédérés au milieu des tombes du Père-Lachaise. Le 28, les barricades du Faubourg du Temple sont enlevées. Le 29, le Fort de Vincennes, la dernière résistance de la « Commune » capitule. Ses 9 officiers sont fusillés sur-le-champ.

Le bilan est lourd. Les pertes subies par l’armée de Versailles s’élèvent à 877 tués et 6.500 blessés. Du côté de la « Commune », les victimes atteindraient le nombre de 30.000 ; en outre, sur 40.000 prisonniers conduits à Versailles pour être jugés par les Cours Martiales, 10.000 furent condamnés à mort ou à la déportation vers la Guyane ou la Nouvelle-Calédonie.

Le 30 mai, Louis s’est rendu à Paris. Il voit un spectacle de désolation, des édifices célèbres saccagés ou incendiés comme l’Hôtel de Ville, le Palais de Justice, sans compter de nombreuses maisons. De surcroît, il voit des colonnes de plusieurs centaines de prisonniers, parfois avec femmes et enfants, partir vers Versailles.

Les mois passent, Louis Testory a retrouvé la vie « pantouflarde » des chanoines de Saint – Denis sans avoir perdu de son ambition, toujours la même : la mitre épiscopale. Pendant plus de vingt ans, il va poser plusieurs candidatures en se faisant appuyer par des députés et des généraux pour solliciter l’intervention du ministre des Cultes en sa faveur.
Malheureusement, comme aucun évêque ne lui apporte son soutien, toutes ses demandes sont refusées.

Louis est indigné par ses échecs, surtout lorsqu’il considère que celui qui est choisi à sa place n’a pas sa valeur. Je cite un extrait de sa lettre de mars 1872 : « … Henri Bourret a été nommé évêque de Rodez sans avoir rien fait en comparaison de mes services… » Il est vrai que si le mérite se mesurait au nombre de médailles, Louis Testory aurait été bien placé pour concourir à l’épiscopat !

Louis est un chanoine qui a la bougeotte. Il va accepter d’accompagner un convoi de familles de déportés en Nouvelle-Calédonie sur le « Fénelon ». Les cours martiales ont condamné 3846 hommes et femmes à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Vingt convois vont se succéder du 5 mai 1872 au 15 juillet 1878. Louis embarque au Havre le 26 juillet 1873 en même temps que 93 femmes et 142 enfants de déportés.

Le Fénélon

Neuf enfants décèdent durant le voyage. Louis procède à leur inhumation en mer, comme pour un marin. Toutes les traversées maritimes sont très pénibles à cause de l’humidité, de la chaleur ou du froid, de la promiscuité, de la mauvaise nourriture, Louis, lui, ne se plaint jamais. Au contraire, le 16 octobre 1873, après 82 jours en mer, le « Fénelon » ayant fait escale à Sydney, il écrit à Millau : « … la traversée a été exceptionnelle, j’espère que le retour sera aussi heureux que l’aller… ». Par contre, il est surprenant que Louis ne précise pas, dans sa lettre à sa famille que les passagers ont été accueillis par des centaines d’Australiens et qu’un banquet a été organisé par la mairie !

L’ïle de Nou

Six jours plus tard, le « Fénelon » arrive en Nouvelle-Calédonie. 103 passagers débarquent à l’île de Nou où sont internés les condamnés aux travaux forcés, 35 à la presqu’île de Ducos où sont gardés les condamnés à la déportation en enceinte fortifiée, et 97, à l’île des Pins où ont été conduits les condamnés à la déportation simple.

L’îles des Pins

Ces derniers sont libres de leurs mouvements sur l’île, ils sont « assignés à résidence ! »
Louis est hébergé au couvent des religieuses de Saint-Joseph-de-Cluny à Nouméa. Son court séjour en Nouvelle-Calédonie a été pour une fois calme tout comme son retour. Trop calme, car dès son arrivée à Paris, il va s’opposer au Primicier – au Président – du Chapitre de Saint-Denis.

Or le Primicier n’est autre que Monseigneur Maret, né le 20 avril 1805 à Meyrueis : comme Louis Testory, il professe un catholicisme libéral et, en théoricien du néo-gallicanisme, il appartient à la minorité anti-infaillibilité bien qu’il se soit rétracté publiquement. A la tête du Chapitre, il dirige les affaires administratives de l’église capitulaire de façon autoritaire sans prendre l’avis des membres du Chapitre. Révolté, Louis remet au ministre des Cultes un mémoire dans lequel il attaque violemment le Primicier. C’est le premier mémoire, mais il y en aura d’autres, car le différend va durer plusieurs années.

Tous sont très acerbes, notamment un de ceux adressés à Rome dans lequel il dénonce une infirmité de Monseigneur Maret : « … l’extrême dureté d’oreilles dont sa Grandeur est affligée… n’est sans doute pas étrangère au parti qu’elle a pris de ne plus réunir le Chapitre et de le gouverner par ordonnances. » Le Primicier, aussi têtu que Louis ne manque aucune occasion de rendre coup pour coup, lorsque, par exemple, le 9 septembre 1875, le ministre des Cultes lui demande son avis sur la candidature de Louis à l’évêché d’Alger, il fait répondre par son secrétaire… ! La querelle s’éternise et s’alimente de tout motif, d’ailleurs, parfois futile.

Le buste en bronze de Louis.

Alors Louis Testory se tourne vers d’autres activités plus saines que les batailles épistolaires. D’une part, il consacre ses loisirs à des travaux d’ébénisterie ou de sculpture sur bois et d’autre part, depuis son affectation à Saint-Denis, il aide les Sœurs de la Charité à l’hôpital – hospice de la ville. Il va même se promener dans Paris. Lors d’une de ses balades dans la capitale, il rencontre le sculpteur Laurent-Daragon qu’il a connu durant le siège de Paris. Cet artiste devenu célèbre va réaliser le buste en bronze de Louis.
L’œuvre est admirée dans plusieurs expositions organisées dans le monde et notamment à Londres et à Paris. Plus tard, en 1905, la veuve de l’artiste vend le buste à Emile Balsan.

Le sculpteur Laurent-Daragon.

Après quelques années de silence, Louis semblait avoir renoncé à obtenir un évêché, il n’en est rien. Il nourrit de nouvelles ambitions, toujours en faisant appuyer ses demandes par des personnalités. En décembre 1884 et en avril 1885, il écrit au ministre des Cultes pour obtenir l’évêché de Fréjus. Dans ses lettres il se targue : « pas un prêtre en France n’a de meilleurs états de service que les miens, pas un évêque n’a servi son pays comme moi… ». Vainement…

Toujours sans se rebuter, Louis renouvelle ses demandes en 1887 et 1889. Refusées toutes les deux. En 1892, âgé de 70 ans, il a une lueur d’espoir, car sa demande pour l’évêché de Saint-Flour est soutenue par son grand ami, le Général Saussier, Gouverneur de Paris. Nouvel échec ! En 1895, son ultime demande pour obtenir un évêché concerne le diocèse de la Guadeloupe. Dernier refus.

C’est fini. Louis Testory ne sera jamais évêque. Rome s’y est toujours opposé et les ministres des Cultes qui n’ont pas voulu rentrer en conflit avec la papauté ne l’ont pas aidé.

A 72 ans, Louis, malgré les déceptions et les injustices, continue à s’efforcer d’adoucir les peines et les tristesses des malheureux de l’hospice. S’il écrit plus rarement aux membres de sa famille, il n’en continue pas moins à donner des conseils, à formuler des avis, à informer des nouvelles techniques relatives au travail de la peau et évidemment à signaler tout fait de la vie quotidienne comme dans sa lettre d’octobre 1894 : « J’ai perdu ma belle chienne Wanda… je l’ai bien regrettée… » Louis aime beaucoup les animaux : toute sa vie il a eu des chiens, parfois même, lors de ses campagnes. D’ailleurs, Wanda sera vite remplacée par : « … un Danois tout jeune, mais énorme et qui deviendra aussi gros qu’un âne de belle taille. »

Comme il ne peut pas avoir d’évêché, Louis se résigne à demander en 1893 une cure ! Il lui est attribué la cure de Méré, à une trentaine de kilomètres de Versailles. Il y passe les dernières années de sa vie dans une retraite paisible, souvent dans l’anonymat, mais parfois avec des retours sur le devant de la scène.

Le 2 septembre 1894, le journal « Le Monde » fait paraître l’article suivant : « Un service funèbre  a été célébré ce matin à 10 heures à la Basilique Saint-Denis, par Monsieur le Chanoine Testory, pour le repos de l’âme du Comte de Paris. »

Le 14 juillet 1896, il est promu officier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur. Son ami, le Général Saussier le félicite, « cordialement pour la croix d’officier de la Légion d’honneur qui vient de lui être décernée pour ses beaux services religieux et militaires ».

Le 1er janvier 1897, il est invité à l’Elysée par le Président de la République Félix Faure. Quelques jours plus tard, le 19 janvier, il écrit à son neveu Charles qu’il a salué le Président en lui disant : « Un des derniers chanoines de Saint-Denis a l’honneur de présenter ses respectueux hommages à Monsieur le Président de la République. Le Président a souri et m’a serré la patte. ».

Agé de 75 ans, Louis Testory, toujours lucide, va prendre ses dispositions testamentaires qu’il remaniera régulièrement :

  • le 8 février 1897, il rédige son testament en faveur de sa « bonne » Louise Morand. « Louisette » est une cousine de Louis.
  • le 8 janvier 1898, il fixe les conditions relatives à ses obsèques en les numérotant :
    « 1) …aucun curé ou prêtre, seulement Monsieur le Doyen et son vicaire…,
    2) … pas de soldats… car je trouve ridicule et insultant le nouveau règlement qui oblige le piquet d’honneur à tourner les talons sans accompagner d’un seul pas le convoi,  
    3) … je désire être mis à côté de mon prédécesseur Monsieur Pierron, sur ma tombe, je demande une simple croix en buis, je ne veux pas autre chose,
    4) … je désire le convoi des pauvres…,
    5) … Après mon convoi, que les vrais amis prennent un bon repas… »
  • le 10 juillet 1900, il apporte une ultime modification : « J’ai demandé plus haut que l’on m’enterre auprès de l’ancien curé. Je retire cette demande, je ne veux pas de concession : que l’on me mette avec tout le monde… »

Après avoir aimé les honneurs sa vie durant, Louis renonce pour ses obsèques à toute marque de distinction honorifique, à tout privilège. Il ne veut rien, que la fosse commune.

Le 25 septembre 1900, le glas sonne à Méré.

Louis Testory vient de rendre son âme à Dieu.

Conclusion

Le 7 septembre 1867, l’abbé Alric, originaire d’Auzits près de Rignac, fait paraître dans le Journal de l’Aveyron un article dans lequel il regrette que Louis Testory ait eu un enterrement de 1re classe en étant nommé chanoine du chapitre impérial de Saint-Denis au lieu d’être nommé aumônier en chef de l’armée de terre. Il y met en exergue les qualités intrinsèques de Louis : « L’abbé Testory va se trouver le plus jeune des vénérables chanoines du chapitre, mais ses services exceptionnels méritaient pour le moins cette récompense, car ce prêtre aveyronnais est le seul ecclésiastique en France qui ait fait les trois campagnes de Crimée, d’Italie et du Mexique. Au Mexique, il était notre aumônier en chef, et dans le corps expéditionnaire tout le monde admirait son courage devant l’ennemi, sa sollicitude continuelle pour les malades et les blessés, son talent et sa facilité oratoire, son énergie de caractère et surtout sa bonté et sa supériorité dans la haute administration qui lui avait été confiée au Mexique… ».

Tout est dit.

Louis avait seulement 45 ans lorsque ces lignes élogieuses ont été écrites.

Il en sera digne jusqu’à sa mort.

Bernard Maury
Membre de la Société d’Etudes Millavoises

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