La place Foch autrefois appelée place de l’Hotel de Ville et plus anciennement Place d’Armes en raison que les troupes de passages faisant « séjour » à Millau, y établissaient un poste de garde, était, la place principale de Millau, avant que le Mandarous ne lui vole ce titre au début du XIXe siècle.
La fontaine « des lions » apparaît en son centre. Elle se présente sous forme d’un bassin circulaire, rappelant le style du Premier Empire. Une borne centrale et de section carrée en pierre est surmontée d’une arrivée d’eau se divisant en quatre becs de griffons. Erigée tout d’abord sur une place au sol uniformément pavé de galets provenant du Tarn, elle possédait un trottoir polygonal avec douze bornes gracieuses, qui marquaient les angles.
Pour moderniser la place, les galets furent remplacés par dalles et béton, et les bornes retirées, avant d’être repositionnées.
La construction de cette fontaine avait été décidée à plusieurs reprises : 1716, 1788 et 1817. Ces décisions n’eurent pas de suite pour divers motifs, notamment « par mesure d’économie », comme il est dit dans une délibération communale de cette époque relative à la reconstruction des fontaines. Et ce n’est qu’en 1835 que le projet fut enfin réalisé. On décida que la fontaine de cette place aura une forme monumentale, les habitants du quartier ayant offert « d’en faire les frais » ; le devis s’élevait à 784 francs.
En conséquence de cette construction, la Croix, qui était au milieu de la place, fut transférée à l’extrémité nord où elle se trouve encore aujourd’hui.
Un procès verbal datant du 13 juillet 1839 mentionne que « la fontaine située sur la place Notre Dame, composée de quatre canons ou robinets, produit dix pouces d’eau, on doit entendre par pouce, une prise pouvant donner de onze à treize litres d’eau par minute ».
Dans ses souvenirs intitulés « Millau, hier et aujourd’hui », Léon Roux n’oublie pas d’évoquer cette fontaine : « La fontaine monumentale est là encore, et en cette année 1934, elle est juste centenaire. Elle a toujours ses quatre goulots, gardés chacun par deux lions, les quatre côtés demeurent ornés de couronnes de bronze et le vase de fonte et sans fleurs repose encore, peint en vert, sans doute, sur l’entablement du chapiteau. Le bassin, la vasque, est toujours plein d’eau. Il me semble voir encore les petits propriétaires cultivateurs y mener abreuver lou miol ou l’azé et après avoir lampé l’eau de la source de la Mère de Dieu, je vois Botistou se rouler à terre, y frotter fortement ses poils, je l’entends braire bruyamment : “Bostistou” gognabo lo cibado » (Messager de Millau, 1934).
Dans les faits divers relatifs à cette fontaine, signalons celui-ci qui remonte à 1876 : « On nous signale une imprudence assez commune qui a causé la mort de son auteur.
La femme Bonnemayre, Marie, épouse Gleye, âgée de 42 ans, tenant une épicerie dans la rue du Corps-de-Garde, manipulait de l’essence dans son magasin, mercredi vers huit heures du soir. Ses habits sur lesquels elle en avait laissé tomber quelques gouttes s’enflammèrent au contact de la lampe dont elle se servait pour s’éclairer. L’infortuné sortit en courant pour aller se jeter dans le bassin de la fontaine de la place d’Armes ; malheureusement le mal était fait quand elle y arriva. Vendredi elle a succombé aux suites de ses atroces brûlures » (Millavois repris dans le Journal de l’Aveyron, 5 août 1876).
Marc Parguel