Quel est l’impact sur l’économie locale de l’installation de la 13e DBLE à La Cavalerie ? A la demande du Ministère des Armées, une étude a été menée par l’INSEE. C’est la restitution de cette étude qui a été présentée mardi après-midi au camp du Larzac, en présence de Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Armées.
Petit retour en arrière. En 2014, le camp du Larzac est occupé par quelque 250 militaires de l’ancien CEITO, et on évoque ici et là la possible fermeture du camp. Le spleen gagne La Cavalerie. C’est alors que l’espoir renait avec l’annonce du Ministère des Armées qui décide, pour les besoins de la remontée en puissance de l’armée de terre, de rapatrier en France la 13e DBLE, alors établie à Abou Dabi. Avec ses 1300 militaires et ses 350 familles…
Avec l’appui des élus locaux qui agissent pour cette installation sur le Larzac, la bonne nouvelle est officialisée le 31 juillet 2015 : la 13e DBLE va s’installer sur le camp du Larzac. Bingo !
Une vraie chance économique
C’est ainsi qu’en janvier 2016, un détachement précurseur pour préparer l’installation de la 13e DBLE (le « harpon du régiment »), a posé ses valises au camp du Larzac. Il était alors composé de 230 personnes.
L’implantation de la 13e DBLE monte en puissance en 2016 (720 personnes au 31 décembre) et 2017 (1047 personnes). L’effectif cible sera finalement atteint à l’automne 2018, avec 1300 militaires et civils.
L’installation de 1300 militaires sur un camp qui n’en comptait pas plus de 250 était une vraie gageure. L’arrivée de près de 1500 personnes sur une commune n’en comptant au départ pas plus de 1800 bouleverse l’organisation de la ville : besoin de logement, de transport, d’emploi, de travaux structurels d’importance et de services publics… Une vraie chance économique pour le plateau du Larzac, le bassin de Millau, et le département de l’Aveyron dans son ensemble. L’étude réalisée par l’INSEE démontre à cet égard les impacts de cette installation sur l’économie locale et sur l’emploi.
2.083 personnes dépendent de la 13e DBLE en 2017
L’étude, dévoilée par Magali Flachère, chef de projet à l’INSEE, nous apprend que de manière générale, les militaires et civils installés en dehors du camp privilégient les communes proches, puisque 6 sur 10 résident à La Cavalerie ou à Millau (voir ci-dessous). Ils vivent dans des familles plus nombreuses que la moyenne, de l’ordre de 3,8 personnes, contre 2,7 dans le département de l’Aveyron. En tenant compte des familles, 1550 personnes dépendent ainsi directement de la 13e DBLE en 2016 et 2083 en 2017.
Les PME à la fête
En 2016, 24 établissements situés dans les environs de La Cavalerie ont été sollicités, en tant que fournisseurs, sous-traitants ou prestataires de services, pour réaliser des travaux d’infrastructure dans le camp. Sur les 3,1 millions d’euros facturés, 80% relèvent de PME, les 20% restants de microentreprises. En 2017, le montant des commandes s’accroît avec l’accélération des travaux pour atteindre 8,7 millions d’euros, répartis dans 40 établissements. Les travaux d’infrastructure ont occupé sur le territoire l’équivalent de 26 salariés en 2016 et de 52 en 2017.
Des emplois aussi dans le bassin de vie de Rodez
Petit bémol, l’étude de l’INSEE démontre que peu d’emplois sont générés localement par les dépenses courantes du camp.
Le fonctionnement d’une entité militaire relève en effet en grande partie de marchés publics nationaux. Par exemple, 80% du budget alimentation est régi par un marché national. En 2016, seulement 147.000 euros de dépenses courantes ont été facturés aux établissements locaux, une somme multipliée par quatre en 2017.
Au total, les commandes passées par la 13e DBLE pour les dépenses courantes et les travaux d’infrastructures occupent l’équivalent de 28 salariés en 2016 et 71 en 2017, les bassins de vie de Rodez et de Millau fournissant l’essentiel de cette main d’œuvre.
En 2016, 30 % des effectifs sont localisés dans le bassin de Rodez et 40 % dans celui de Millau. En 2017 la tendance s’est inversée : 56 % pour le bassin de Rodez contre 27 % pour celui de Millau.
En tenant compte des familles de ces salariés, l’équivalent de 86 personnes en 2016 et de 214 en 2017 dépendent indirectement de la 13e DBLE.
De nombreux emplois pour répondre à la consommation des familles
En 2016, la consommation des 1633 habitants directement ou indirectement concernés par le camp du Larzac induit l’équivalent de 205 emplois salariés. En 2017, cet emploi induit progresse pour atteindre l’équivalent de 290 emplois salariés répondant aux besoins quotidiens de 2.297 personnes.
L’emploi généré par la consommation des familles, contrairement à celui généré pour les dépenses courantes du camp, se localise principalement sur le bassin de vie de Millau. Il y représente l’équivalent de 211 personnes en 2017.
A l’inverse, l’emploi généré par la réalisation des travaux d’infrastructure bénéficie davantage au bassin de vie de Rodez (l’équivalent de 44 personnes).
11 % de l’emploi du bassin de vie de Millau
Au total, on apprend qu’en 2017, 1.410 emplois étaient générés par l’implantation de la 13e DBLE : 1050 militaires et civils, 70 emplois liés aux travaux d’infrastructure et au fonctionnement du camp et 290 emplois liés aux besoins de consommation et de services de ces salariés et de leurs familles.
91 % des emplois salariés (1280 emplois) sont localisés dans le bassin de vie de Millau, soit 11 % de l’emploi salarié total de cette zone (!). C’est aussi 2 % de l’emploi salarié total en Aveyron…
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Les familles installées en dehors du camp, par commune
- Millau : 161 (32 propriétaires, 19 locataires DEF, 110 locataires privés)
- La Cavalerie : 102 (21 propriétaires, 38 locataires DEF, 43 locataires privés)
- Saint-Affrique : 19 (5 propriétaires, 14 locataires privés)
- L’Hospitalet : 14 (4 propriétaires, 4 locataires DEF, 6 locataires privés)
- Nant : 8 (3 propriétaires, 2 locataires DEF, 3 locataires privés)
- Rodez/Sévérac : 7 (1 propriétaire, 1 locataire DEF, 5 locataires privés)
- Saint-Rome : 3 (1 propriétaire, 2 locataires privés)
- Saint-Jean : 3 (3 locataires privés)
- Fondamente : 2 (1 propriétaire, 1 locataire privé)
Au total, 320 familles pour 500 enfants (petite enfance 111, maternelle 76, primaire 127, collège 71, lycée 25, études supérieures 22, autres 51).
François Rodriguez, maire de La Cavalerie : « Des projets, on en a ! »
« Pour le village, c’est inespéré, confie le premier édile. Il faut savoir qu’en 2015, le camp allait fermer. Ce qui est intéressant pour nous, c’est qu’on va augmenter la population, et donc on va augmenter les dotations et on va pouvoir faire front à tous les projets qui sont concomitants à l’arrivée de la Légion. Je vous parle de Carrefour, on a agrandi l’école, on aménage les voies de circulation existantes, on veut faire d’autres voies pour pouvoir desservir le village. On a fait des lotissements… Je pense que pour La Cavalerie, ce qui va être le plus important, c’est le collège. J’imagine que les légionnaires voudront davantage s’installer sur La Cavalerie… Et des projets, on en a ! Il y a le collège, le gymnase, on a un projet de musée, peut-être le village de marques… Et d’autres encore que l’on garde sous le coude. Pour quand on aura une DGF de 3.000 habitants… »