CIRCUIT A – NORD-EST (partie 3)
Eglise Notre Dame de l’Espinasse
Sous cet angle, depuis la Place Claude Peyrot (ex. Place du Mûrier) l’on peut distinguer la tourelle – escalier du clocher. Derrière les branches de droite l’excroissance au toit pentu accolée à la nef, est en fait, la base de l’une des deux tours détruites par les calvinistes en 1569. Pour ces mêmes raisons, l’on rebâtit au XVIIe s. le clocher actuel (sur la base de l’autre tour près de la petite porte St Jacques) et la nef dont on voit les petits toits en bâtière des baies.
Eglise Ste Marie fondée au XIe s. avec con prieuré bénédictin par Béranger vicomte de Millau. A cause d’une épine – relique de la Ste Couronne elle prend le nom de Notre Dame de l’Espinasse au XIIIe s. de 1561 à 1582 elle est pillée et ruinée par les protestants. Rouverte au culte en 1646 et seule église paroissiale jusqu’en 1828. A la Révolution elle est en partie saccagée et sert deux ans de temple de la Raison.
A voir à l’intérieur, la voûte du XVIIe s. sur croisée d’ogives, le buffet d’orgues de 1873, les peintures murales du chœur de Jean Bernard (1940). Monument historique depuis 1945.
Ouverture au public en période estivale.
Portail église Notre Dame
Le portail plaqué au mur pignon détonne un peu avec l’allure de l’église. Il est logé sous l’arc primitif roman de la porte. (Conf. n° 45 « Un siècle d’images millavoises ») que le récent crépi a masqué. Cette restauration est probablement du XVIIe s. , à un moment ou nef, toit et clocher furent rebâtis. Il est en style Classique Français : deux portes en berceau qu’encadrent des pilastres à chapiteau corinthien, frise de rinceau sous les denticules de la corniche, laquelle supporte aux extrémités deux pots à feu enrubannés ; fronton triangulaire brisé que traversent un attique de volutes et sa niche à la Vierge.
Les têtes joufflues de trois bambins à longue chevelure feraient croire que les angelots sont sexués ! Putti, mais leur corps nu n’apparaît pas. Si ces visages seuls prouvaient une tendance baroque, ce style serait balbutiant, d’ailleurs il ne s’imposa pas en France.
Arcades du nord de la Place Foch
En 1458 autorisation est donnée à Arnaud Bonami de remplacer les piliers de bois qui soutenaient sa maison, par des piliers de pierre « grosses et redons » suffisamment éloignés de l’église. L’exhaussement de l’immeuble qui devait être mesuré prit en 1500 par le petit-fils une belle envolée après moult tractations et compromissions auprès du Conseil Communal.
Ainsi naquirent « Les arcades ». En dessous furent placées les mesures à grains : une photo de 1880 montre le bandeau au-dessus des arcades marqué MESURES POUR LES GRAINS. Etaient-elles de nouvelles mesures, ou l’ancien Sesteyral de la Halle au blé ? Probablement celles du système métrique rendu obligatoire par la loi du 4 juillet 1837, dont les boisseaux ayant pour unité principale le décalitre (cf. 39 – 40 « Un siècle d’images millavoises »).
Linteau n°9 rue de la Capelle
La rue de la Capelle tirerait son nom, soit de la chapelle des Clarisses installées sur la Place de la Capelle (place de la Fraternité), soit d’une petite chapelle installée sur la porte des remparts permettant l’accès à cette place, version plutôt acceptée actuellement.
Elle fut au début appelée rue de la boucherie, à cause d’une boucherie spécialisée dans la viande de caprins. Une autre théorie voudrait que par cette rue transitaient des petits troupeaux de chèvres allant aux pâturages hors les murs.
Au n° 9 de la rue, ce linteau de porte fait renaître la polémique sur la présence de l’Hôpital St Jacques dans ces lieux, dont la chapelle aurait donné le nom à la rue. Mais Jules Artières en opposition à De Gaujal, localise l’Hôpital St Jacques dans la rue St Antoine ! (« Millau, ses rues, ses places, ses monuments » J. Artières p. 108).
La coquille du Jacquère est habituellement tournée le feston vers le bas, ce qui n’est pas le cas ici. La coquille ne serait ici qu’un élément décoratif comme il en existe partout.
Rue des Commandeurs
Les grands Ordres charitables et chevaleresques entretenaient des maisons secondaires dans les villes de la région afin de gérer au mieux leurs intérêts : legs – dons – recrutement…
Dans le cas présent la Commanderie d’Aubrac était installée au n° 10 dans cet immeuble dès le XIIe s.
A noter la longue corniche brisée qui encadre le haut des baies, dont deux portes cintrées à imposte aveugle. « Au XVIIIe s. l’hôpital du Commandeur d’Aubrac servit à loger les écoles de filles, mais cet immeuble fut abandonné en 1761 à cause de sa vétusté » (J. Artières)
Escalier en colimaçon dans une ancienne tour, au n° 9, attenant à la maison précédente. Entre la porte et la fenêtre à traverse renaissance, le crépi a recouvert un écusson effacé (« Un siècle d’images millavoises « n° 126)
Le coin du Verre
La rue du Général Rey était appelée en 1525 Volte del Beyre, plus tard Canto del Veyre, coin du Verre. Sur l’angle de la maison que fait la rue des Commandeurs avec la rue du Général Rey se distingue une sculpture frustre qui serait donc un verre… retourné, et sans pied, témoignage d’une taverne au-dessous.
Rue du Sablon : fenêtre
Dans la rue du Sablon que l’on devrait nommer « des Sablons », puisque c’est une famille connue dès 1330 qui habitait là. Au n° 7, les membres de la Fédération Compagnonnique des Métiers ont mis leur talent à décorer la façade de leur immeuble : blasons des villes de France sous l’avancée du toit, sculptures diverses et cette belle fenêtre de style… composite.
Porte place des Gantiers
Rue de la Capelle après avoir dépassé la rue du Puits Neuf et au n° 7 supposé, passer à main droite sous un petit passage couvert. En débouchant sur la Place des Gantiers, vous verrez cette vieille porte de bois « rapetassée », aux clous forgés, et que les propriétaires se sont ingéniés à sauver. L’arc bombé est mis en valeur par l’absence de crépi sur les claveaux.
Ecussons des Gralhe
Après avoir traversé la place des Gantiers, avant d’arriver sur la rue du général Thilorier, dans un renforcement des façades à gauche sont scellés ces écussons à oiseaux.
La rue en question s’appelait au XIIIe s. « d’en Gralha », rue de Monsieur Guilhem Gralha (aujourd’hui écrit Graille), bienfaiteur des pauvres. En parler ancien local, la graille est une corneille. La rue des Corneilles perdit ce nom en 1887 pour celui du valeureux Général.
La sculpture de droite serait une corneille. Celle de gauche représenterait les armoiries d’un membre de cette famille, promu évêque : on aurait donc plutôt une colombe volant avec un double rameau d’olivier dans son bec ; en chef au centre une mitre et à droite une crosse ; quant aux trois figures géométriques du bandeau ?
Magasin Arlabosse, boulevard Sadi Carnot
En 1896 fut percé le boulevard Sadi Carnot pour faciliter l’accès aux Halles métalliques et à la Place du Marché. Le projet prévoyait de continuer cette œuvre d’agrandissement jusqu’à l’Eglise du Sacré Cœur, mais il ne fut pas réalisé. Rapidement les nouveaux immeubles s’alignèrent et les commerces s’installèrent à l’égal du magasin de tissus Arlabosse au n° 9 qui perdure avec sa devanture du début XXe s. si joliment animée lors des fêtes de fin d’année.
Façade du n° 11 bd Sadi Carnot
Tout à côté au n° 11, cette façade très soignée, dont les encadrements des fenêtres des trois étages ont un style différent. A remarquer notamment les agrafes du premier niveau et les bossages du deuxième.
Porte du n°12 bd Sadi Carnot (CREA)
Le CREA est installé depuis 1986 dans les bâtiments de l’Institution Ste Marie qui furent élevés au début du XXe s. après l’ouverture du boulevard. Les religieuses participaient à l’éducation des jeunes filles.
Le caractère religieux était affiché par l’imposte à croix grecque de la haute porte que surligne la corniche à double pente.
Halles métalliques
La Place des Halles fut formée après destruction dès 1896 de l’ancienne Cour Royale (ex. Tribunal) devenue ensuite presbytère Notre Dame. Deux ans plus tard se dressait la Halle métallique de type Baltard, témoignage de cette époque industrielle où l’usage du métal participait aux grandes œuvres architecturales. Leur rénovation date de 1985.
Tête n° 3 rue Général Thilorier
D’où provient cette tête placée au 2e étage du n° 2 de la rue du Général Thilorier ; placée là, hors d’atteinte. Elle fut peinte à l’origine, son sourire énigmatique de femme au fichu…
L’immeuble placé en retrait de l’alignement n’est pas des plus anciens de la rue.
Magasin n° 3 rue Clausel de Coussergues
Autre magasin inscrit ans le paysage millavois, celui au nom commercial de Geormy au n° 3 rue Clausel de Coussergues.
Depuis 1890 ce sont quatre générations de cette famille qui se sont succédé dans la vente des chaussures. La devanture en style Art Nouveau date de 1927. Un dénommé P. Boyer en fut l’architecte, comme indiqué en haut du pilier droit.
Cette rue fut agrandie en 1896 pour faciliter l’accès à la place du Marché, lors des travaux de la Place des Halles et du boulevard Sadi Carnot.