CIRCUIT D – CENTRE ANCIEN – NORD-OUEST
Le départ est fixé sur la Place des Consuls et l’arrivée devant l’entrée de la Chapelle du CREA rue Paul Bonhomme.
Nous voici Place des Consuls obtenue par destruction de plusieurs immeubles en 1934 et nommée ainsi dès 1943. Nous nous trouvons devant la façade remaniée de l’Hôtel
De Gualy qui abrite aujourd’hui les bureaux de la Communauté de Communes et de l’Office de Tourisme. La famille De Gualy partie à Creissels, le curé Mas de Notre Dame acheteur de l’immeuble y installa les Sœurs de la Présentation. Vendu à la Commune en 1826 il accueillit pour partie l’école Jean Macé.
Les baies ne sont que des copies de l’ancien, percées en 1993 quand on a créé la moderne place et donné une destination administrative à l’immeuble.
La maison De Tauriac est accolée à l’angle Est de la tour carrée du beffroi. Elle appartenait primitivement à la famille Pellegry depuis 1382. La Famille De Tauriac l’acquit en 1633 et y demeura jusqu’à la Révolution, où elle fut vendue» comme bien d’émigré. Les salles derrière la façade sur la rue Droite servirent de Maison Commune jusqu’en 1856 » (Abbé Vivier) puis les De Tauriac récupérèrent leur bien quand la mairie fut transférée à l’Hôtel Pégayrolles, place du Marché. En 1888 l’Hôtel De Tauriac fut légué à l’évêché de Rodez.
Le blason de cette noble famille est gravé dans la pierre et conservé au Musée : il montre un taureau. La façade rue Droite est percée par quatre fenêtres ayant perdu leurs meneaux et trois leurs frontons triangulaires détruits. Elles pourraient dater de la fin du XVIe s. où Jean de Pellegry avait rebâti l’ensemble.
Le phare de Millau, son beffroi, rare témoignage médiéval de France. Haut de 42 mètres, en deux structures : la tour carrée du XIIe s. élevée à l’époque des rois d’Aragon et la tour octogonale construite au XVIIe s. avec entre autres des pierres du clocher de Notre Dame écroulé en 1613. La tour carrée, la plus ancienne, haute de 20 m, était appelée Tour Pellegry du nom de la famille qui la posséda plusieurs siècles et la vendit en 1613 à la ville. De 1629 à 1825 elle servit de prison – suite au démantèlement du Château royal – . La tour octogonale était recouverte d’une flèche qui hélas s’écroula sous l’incendie provoqué par la foudre en 1811.
Entrée principale de l’Hôtel de Gualy – Communauté de Communes – . Cette noble famille y résida plusieurs siècles jusqu’à la vente en 1826 à la ville, pour y établir une école de filles indigentes dirigée par les Sœurs de la Présentation jusqu’en 1905, qui devint ensuite l’école laïque Jean Macé.
Au n° 23 rue du Beffroi. « C’est en 1825, lors de la disparition des prisons que le Conseil Municipal décida d’ouvrir une rue à côté du Beffroi… elle fut livrée à la circulation en 1857 » (J. Artières). Quand fut élevée cette extension dont le toit à tuiles vernissées rappelle la lointaine Bourgogne ?
La rue Droite se trouve occuper le tracé de la voie romaine, qui de six mètres d’emprise est passée à trois de large ! Les boutiques la longeant sont de ce fait, bâties sur la via. « Elle formait l’artère la plus vivante au Moyen-Age ». (J. Artières) Le portail à deux ventaux à imposte est encadré par des pilastres moulurés que le manque d’usure attribuerait au XIXe s.
Après avoir franchi l’emplacement de la porte de l’Ayrolle au bout de la rue Droite et de l’autre côté de l’avenue se dresse l’église St François. A cet emplacement était primitivement installée l’église des Chevaliers de St Jean de Jérusalem. Elle fut incendiée par la ville – en 1357 – pendant les guerres anglaises ; reconstruite la Commanderie et son église furent ruinées lors des guerres de religion 1568. L’ordre de Malte céda le lieu aux Capucins – franciscains – qui dédièrent leur église à St François. La Révolution ayant fait fuir les frères, la ville acquit l’endroit et fit construire une église plus grande dès 1868, en style roman.
Le clocher culmine à 34 mètres. La façade est décorée d’une rosace et le portail à archivoltes a reçu un bas-relief où St François reçoit les stigmates, œuvre du sculpteur millavois Malet en 1928.
Sur l’emprise au sol de l’ancien couvent des Capucins, et jouxtant l’église St François, au n° 16 a, l’ancien collège est de la même époque. Devenu lycée de garçons après guerre, il abrite aujourd’hui des associations et une maison de retraite. Là je fis mes études secondaires…
Sur le portail central à colonnettes engagées et au premier étage se dessine une fenêtre géminée en pierres de taille de style néo-classique.
Sur les avenues et boulevards, des immeubles cossus à deux ou trois étages furent construits fin XIXe s. et début du XXe s.
Les balcons devinrent la règle. Besoin d’ensoleillement, d’assister au spectacle de la rue… Ces balcons suspendus du n° 12, en débord de façade, étaient portés par de solides consoles aux talons en volutes. Ici sur la pharmacie de l’Ayrolle.
Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir au 4e étage du n° 6 de l’Ayrolle trois fenêtres rénovées, dont la centrale avec arc en accolade ! Le propriétaire amoureux des vieilles pierres a personnalisé son appartement mansardé par de probables récupérations d’une autre origine.
Nous ne pouvons qu’être admiratifs du travail des tailleurs de pierre. Ici au n°4 de l’entrée bis du lycée Jeanne d’Arc, ancien couvent des Cordeliers, puis couvent St Joseph, clinique enfin lycée. Ces consoles semblent de la même facture que les précédentes.
Fin XIIIe s. les Cordeliers – Frères mineurs – s’installèrent hors des remparts entre le boulevard de l’Ayrolle et la rue de la Pépinière. On en compta jusqu’à 150. Leur église démolie par les calvinistes, ils la reconstruisirent à leur retour, pour finalement quitter les lieux en 1789.
Le Tribunal occupe une partie de l’ancien couvent. Il fut élevé en 1837 sous le règne de Louis-Philippe, avec les plans de l’architecte départemental Boissonnade. Il remplaçait l’ancienne Cour Royale dès lors désaffectée – Place des Halles -.
Le magasin Taurines fermé, est redessinée la devanture pour le salon de thé Zeste. En décaissant le haut de la porte du n° 7, est apparue cette tête gravée dans le linteau. Elle a été remise à l’honneur pour notre plaisir. A chacun d’interpréter ce visage…
M. l’abbé Pierre-Edmond Vivier nous apprend que vers 1909 à cette adresse, était le coiffeur Henry, remplacé ensuite par Vigou.
Nous longeons la place du Mandarous pour pénétrer dans la vieille rue du même nom. Au n° 16, une porte où l’on peut admirer le travail de menuiserie des vantaux et de ferronnerie du balcon.
Au n° 4 de la rue Peyssière un portail monumental dont nous regrettons le blason bûché à la Révolution. Selon M. Pierre Mazars, héraldiste, il pourrait s’agir de celui de la famille Bonnefous. En 1794, Jean-Baptiste Bonnefous se retira dans son domaine de la Garde près de Compeyre.
Au bas de la rue Peyssière au n° 8, aux étages, deux fenêtres à meneaux ont bravé le temps. La rue et son quartier qualifiés de Payssière en raison d’une chaussée (payssieyra) et son moulin en 1232 sont donc très anciens.
J’en profite pour déplorer tous ces fils disgracieux que j’ai parfois ôtés sur les photographies tant ils « m’agressaient »… Les installations du téléphone et de l’électricité n’ont pas été respectueuses de l’esthétique de nos maisons historiques, sans parler de certains propriétaires qui acceptent des chéneaux, descentes, tuyaux d’évacuations d’eaux usées, aérations, en décors de façade. D’autres villes ont réhabilité leur centre ancien en veillant à cacher ces laideurs du progrès. Millau ville touristique devrait véhiculer des images plus flatteuses…
N° 3 rue Bernard Lauret. Comment interpréter cette tête prise dans le crépi. La coiffe est-elle amérindienne, orientale, asiatique… ? A-t-elle été ramenée d’un voyage ? Le goût pour l’exotisme fut une composante du romantisme du XIXe s.
A Côté au N° 6 de la même rue, une porte joliment encadrée, façon XVIIe s. signe de la petite bourgeoisie de province.
Le N° 3 de la rue Paul Bonhomme avec son entrée en arc brisé ferait penser à une fonction ecclésiastique, ou œuvre charitable. Aujourd’hui l’association St Vincent de Paul est à côté…
Baie jumelée à trois arcatures reposant sur quatre piédroits de style roman, sur la façade de la salle René Rieux. La chapelle appartenait à l’Institution Ste Marie – sœurs de la Présentation –. L’école de jeunes filles avait été construite après 1851.
Noter le monogramme en bas-relief sur le tympan du portail.