Promenons-nous dans Millau : Circuit E

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CIRCUIT E – FAUBOURG – NORD-EST

Le départ est à la place de la Fraternité (Capelle) et l’arrivée Place du Mandarous.

Pour aller à Notre-Dame-de-la-Salette, il vous faudra passer le pont de Cureplat, le giratoire du confluent, prendre l’avenue de l’Aigoual – vallée de la Dourbie – sur 400 mètres.

La rue du Rajol desservait autrefois le quartier des jardins (Horts). Jusqu’en 1883 c’était le vieux chemin du Monna qui passait au Pont de Cureplat ; il fut délaissé quand on lui préféra l’avenue Gambetta. En première partie de rue, certains artisans mégissiers et gantiers s’y installèrent. La porte du n° 16 a une agrafe fantaisiste et une imposte à ferronnerie ouvragée. Le propriétaire voulait par là se démarquer.

La clef du n° 22 de la rue du Rajol conserve son cuir à pendentifs de grappes. Le décor central semble avoir été détruit.

Le pont de Cureplat fut construit en 1287 et appelé Pont Neuf – pour le démarquer du Pont Vieux du XIe s. – Il permettait d’accéder à la rive gauche du Tarn, de remonter la vallée de la Dourbie, et d’aller jusqu’à Meyrueis par la côte du Causse Noir. Son tablier fut élargi en 1887 et fin XXe s., mais on préserva les quatre avant-becs en les ayant réparés et consolidés. Le nom de Cureplat viendrait peut-être d’une auberge en bout de pont.

Notre-Dame-de-la-Salette. Un groupe de fidèles de retour de leur pèlerinage à la Salette – Isère – initia l’érection d’une chapelle en 1872 pour rappeler l’apparition de la Vierge. Les Sœurs Blanches qui logeaient à côté en assurèrent la garde, jusqu’en 1905. Après bien des années de pèlerinage et dévotions, la fréquentation ayant fortement diminué, la porte reste souvent close…

En remontant l’avenue Gambetta, au N° 29, ayons une pensée pour l’érudit et félibre millavois. Auteur de nombreux articles d’histoire locale, chantre de la cantatrice Emma Calvé, président de la Société d’Etudes Millavoises, créateur du groupe folklorique la Ganteirelo, carillonneur, organiste… incontournable et atypique.

L’avenue Gambetta fut créée en 1855 par l’élargissement du chemin « vicinal N° 1 de Montjaux à Meyrueis », reliant l’Esplanade de la Capelle – actuelle Place de la Fraternité – au pont de Cureplat.

Très vite, latéralement à cette avenue, s’édifièrent des usines de ganterie. Au 20 bd des Gantières, la mégisserie-ganterie Guibert Frères, dont on a gardé la chaudière en décor, fut remplacée récemment par une fabrique de gants de luxe.

Dès 1924 la maison de gants Fabre établit sa manufacture au n° 20 de l’avenue Gambetta. La façade de style éclectisme a été bien conservée et les encadrements de baies mis en valeur par les deux teintes.

Au 14 avenue Gambetta, une maison massive plutôt cubique, mais dont l’architecte a décoré la façade pour la rendre moins austère dans le style Art nouveau, début XXe s. : arabesques, volutes, feuille d’acanthe sur les soutiens de terrasse et tête d’un dieu grec sur la porte. Remarquer aussi le beau travail Art-Déco de menuiserie, inspiré pour partie de la Renaissance : corniches suspendues, denticules. Cette maison bourgeoise avait appartenu à des patrons gantiers dont certains l’avaient substantiellement agrandie – voir livre de Maurice Labbé sur les gantiers -.

Probablement rares les passants levant le nez pour voir l’appui de terrasse décoré de ce visage féminin si doux. Il doit être là depuis la première moitié du XXe s.…

Au n° 4 une tête de lion pour impressionner, ou clin d’œil d’un Nemrod en souvenir de safaris ? Héritage de l’antiquité, la fascination pour le roi des animaux continue ; on le trouve bien souvent statique sur les piliers d’entrée de villas…

N° 5 de la Place de la Fraternité – Capelle -, coup de chapeau pour nos anciens ébénistes. Quel travail de sculpture et d’assemblages,  que de sueur, de méticulosité, d’un savoir-faire quasi disparu… Même à cette époque il fallait être aisé pour se payer un si bel ouvrage. Qui aujourd’hui apprécie ce style à sa juste valeur ?

Au n° 9 de la rue de Planard, un encadrement de porte reprenant quelques éléments classiques, mais d’inspiration méditerranéenne : feuilles d’oliviers, tombées de pampres, cigales … Elle daterait de 1934.

Nous parvenons au n° 7 de la rue de Planard. Cette rue ne date de 1897, ainsi nommée en hommage Eugène de Planard auteur millavois de 67 pièces de théâtre et d’opéra comique. Cette maison avec là aussi un linteau de porte bien décoré au style début XXe s ; tête féminine à coiffe rayonnante, guirlandes fleuries. Ce fut l’habitation d’enfance de Jean-Louis Esperce qui évoqua la vie de sa rue et son quartier dans une série d’articles parus en mars 2012 dans le Journal de Millau.

Nous voici parvenus à l’avenue Jean Jaurès, baptisée de ce nom en 1923. Elle était connue précédemment comme Route de Paris (ex. R.N. 9). Elle fut agrandie et terminée en 1786. Les immeubles qui la bordent sont pour la plupart de la fin du XIXe s. ou début XXe, date probable de cette agrafe au style composite.

La maison bourgeoise n° 31, actuel atelier de gants de haute couture, possède de grandes baies vitrées en arc plein cintre de part et d’autre de la porte d’entrée. Au deuxième étage les fenêtres sont rectangulaires ; la fenêtre centrale donnant sur le balcon est bordée de pilastres et corniche à l’antique.

Nous voici à la majestueuse façade du n°27. Admirez le dessous du balcon du 1er étage et le joli garde-corps de ferronnerie.

La fenêtre est encadrée de pilastres de style corinthien, imitation de classicisme.

C’est l’époque où les maisons bourgeoises s’affublent d’un toit brisé dit « à la Mansart ». La mansarde est aussi mise en valeur, avec fleurs et volutes.

Nous retrouvons ce style dans plusieurs édifices des autres avenues, notamment celle de la République.

En face, le n° 26 a une fenêtre à l’étage avec pilastres, entablement avec frise de bourgeons « exotiques » soutenant une corniche denticulée.

Le garde-corps en fonte du balcon du n° 24 est assez imagé. Nous retiendrons ces enfants dodus musiciens qui charment des écureuils. On perçoit une influence romantique de baroque autrichien…

Entrée à encadrement avec agrafe à tombées de feuillages, au 22 de l’avenue.

La Place de la Tine ainsi nommée à cause de sa fontaine. La Tine en parler local est une auge, un bassin qui servait d’abreuvoir aux chevaux des voituriers et clients des hôtels du quartier. Elle était alimentée comme beaucoup d’autres fontaines millavoises par l’eau du ruisseau de Vézoubies. Elle est composée d’un bassin au centre duquel est dressé un pilier que couronnent quatre dauphins crachant l’eau par leur bouche et maintenant une sphère de leur caudale. Elle était dès 1392 établie en face, au débouché des rues Alméras et Fabié. Son emplacement actuel remonte à 1776. Elle a été rénovée plusieurs fois et dernièrement en 1980 suite à un vandalisme. La Place accueillait le marché aux cochons lors des foires, les bêtes y étaient enfermées dans des parcs de planches à claire-voie. Cette activité a cessé depuis une cinquantaine d’années.

L’église du Sacré-Cœur fut bâtie de 1887 à 1892. Elle est qualifiée de style romano-Byzantin, inspiré des cathédrales : façade harmonique à deux tours carrées ; nef flanquée de collatéraux, coupole sur le transept. Ses dimensions : 53 m de long, 32 de haut. Le carillon de 21 cloches date de 1926.

Le portail est protégé par un gable sur arc plein cintre que soutiennent deux colonnes de marbre. Ce matériau constitue aussi les 12 piliers monolithes de l’intérieur.

Un petit crochet au n° 8 de la rue Elise Arnal-Sabde nous permet d’admirer quatre fenêtres à l’étage décorées chacune d’une même tête. La baie centrale est mise en valeur par l’ajout de festons.

Tête féminine, entourée de spirales et d’un foulard au cou.

Au n° 10 de l’avenue Jean Jaurès, le balcon de fonte est agrémenté de danseurs. C’est le même industriel qui a fourni le n°24 qui lui aussi outre les musiciens a les mêmes danseurs.

Le balcon de fer forgé du n° 8 est remarquable par ses guirlandes florales et courbes, caractéristiques de l’Art nouveau. Il était déjà en place début du XXe s. comme l’attestent des vieilles cartes postales.

La porte latérale de l’immeuble du n° 1 de l’avenue Jean Jaurès est surmontée de ce bas-relief où le mascaron central est bien dans le style du début XXe s., le bâtiment faisant angle avec les deux avenues Jean Jaurès et de la République fut démoli en 1900. François Schaeffer le remplaça par la maison que l’on voit aujourd’hui. Il abrita plusieurs commerces successifs : cafés, librairie, vêtements…

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