Gastronomie aveyronnaise : Le soleil de Marcillac

Marc Parguel
Marc Parguel
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Le soleil est une pâtisserie qui n'est fabriquée que dans le vallon de Marcillac. (© M. Hennessy)

Depuis des décennies, le « soleil » originaire du vallon de Marcillac est dégusté chaque lundi de Pentecôte, dans le village du même nom, afin de perpétuer la tradition des bénédictions des bourgeons de la vigne (Fête de Saint Bourrou). Autrefois, nos aînés, après la cérémonie, emportaient ce gâteau et du vin  en souvenir de cette mémorable journée.

Le soleil de Marcillac se présente comme un gâteau de forme arrondie à rayons avec en son centre un trou carré résultant d’une incision en forme de croix, dont les replis permettent d’obtenir quatre triangles ou « cornes » plus épais que le reste du gâteau.

Malgré plusieurs variantes selon les boulangers, le soleil a conservé deux spécificités : une étoile au centre qu’on appelle « oreilles », et une découpe sur le pourtour qu’on appelle « orteils ».

D’un diamètre de 15 à 30 cm et d’un poids de 500 à 800 grammes, il apparaît d’une couleur marron clair, d’un aspect sec et recouvert de grain de sucre et d’amandes effilées. Autrefois, il était fait aux noix.

Son nom de « soleil » puise son origine dans le vallon de Marcillac, bien qu’il soit produit désormais aussi bien à Valady, à Saint-Christophe, à Saint Cyprien ou à Firmi.

Nul ne sait d’où viennent la forme et le nom de ce gâteau ni quand on commença à le faire.

Son nom vient sans doute de l’intérêt que les habitants du vallon portent à l’astre solaire, à travers son action sur la vigne.

Ceci pourrait être confirmé par le fait qu’autrefois, cette pâtisserie était dégustée, comme aujourd’hui, chaque lundi de Pentecôte dans le village de Marcillac, lors de la célébration de la Saint Bourrou. Cette fête païenne rythme le week-end en perpétuant la tradition de la bénédiction des bourgeons de vigne.

C’est d’ailleurs accompagné d’un verre de mansois que l’on aime déguster le soleil, sec ou trempé dans le café.

A l’occasion des mariages, il accompagne le vin d’honneur. Sec en bouche, il se marie parfaitement avec une boisson chaude. Il a été longtemps en usage d’acheter une part de soleil pour le consommer au café, en famille ou entre hommes. Il se consomme aussi très bien avec des salades de fruits.

Avant les années 1940, le soleil de Marcillac, comme les fouaces et les tartes en général, se faisait cuire chez le boulanger après le pain, mais, à peu d’exceptions près, ce gâteau n’a guère varié depuis au moins un demi-siècle.

La recette, par Patricia Auger-Holderbach

« Une dame du Vallon nous a révélé le secret de la réussite de ce gâteau : il ne faut pas faire fondre le beurre, mais le réserver 24 heures dans une pièce tempérée afin qu’il se mette en pommade. Ainsi, on obtient un gâteau moelleux et succulent.

Mettez dans un plat 500 g de farine et 250 g de sucre en poudre.

Formez une fontaine dans laquelle vous cassez trois œufs et incorporez 125 g de beurre en pommade.

Ajoutez une pincée de sel, de l’eau de fleur d’oranger (certains ajoutent de la poudre d’amandes, mais à défaut votre soleil sera tout aussi délicieux).

Pétrissez longtemps à la main, jusqu’à l’obtention d’une pâte assez dure, en ajoutant de la farine si cela s’avère nécessaire. Etalez la pâte sur un papier huilé, sur deux centimètres d’épaisseur. Il ne vous reste plus alors qu’à dessiner le soleil.

A l’aide d’une roulette à pâtisserie, tracez une croix au centre de la pâte. Relevez les quatre pointes en partant du milieu et fixez-les d’un coup de pouce humide (vous pouvez les maintenir à l’aide d’un cerneau de noix dont le goût se mariera idéalement à celui du soleil) pour obtenir un carré évidé et quatre triangles plus épais que le reste du gâteau.

Toujours à l’aide de la roulette, incisez tout autour pour réaliser des languettes de pâte que vous ferez chevaucher deux par deux : vous obtiendrez ce que l’on appelle dans le vallon des « orteils ».

Lorsque les enfants demandent à leur grand-mère, un soleil à partager avec leurs amis, ils exigent parfois un « orteil » pour chaque convive ! Le soleil est désormais sous vos yeux, couronne frangée évoquant les représentations naïves du soleil.

Dorez à l’œuf, décorez éventuellement de quelques amandes émondées et faites cuire un quart d’heure » (La cuisine paysanne en Rouergue, 1992).

Le soleil est associé aux jours de fête. On le consomme toute l’année. La production est cependant réduite durant la période de la galette des Rois. Il est vendu au poids dans les boulangeries du secteur de Marcillac et peut se conserver dix jours dans un sac en plastique.

Marc Parguel

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