La fon Mage ou grande fontaine rebaptisée au XIXe siècle fontaine Basse, est située sous une voûte en berceau, cinq mètres au dessous du niveau du 32 boulevard de la Capelle, à côté de la « Porte de la Fon », seul vestige reconnaissable des anciens remparts.
On y accédait autrefois depuis l’église Notre Dame de l’Espinasse, à partir l’actuelle place Claude Peyrot (ancienne place du Murier), en descendant soit par la traverse du mûrier (vôlta garela, rue des escaliers boîteux) « l’escalié de l’Amourié, detras la Gleya » (livre de comptes du consul Boursier, 1426), soit en longeant depuis la Place Peyrot, la rue qui suit l’église autrefois appelée jadis rue du Mûrier aujourd’hui rue Claude Peyrot et en tournant en gauche en prenant la rue de la fontaine Basse (Carrièra de la Fon Mage, rue de la grande fontaine).
Celle-ci était fermée par une porte défensive mentionnée pour la première fois dans un acte en 1365.
Cette porte était surmontée d’une haute tour, reconstruite à plusieurs reprises, dont il ne reste nulle trace.
Selon Dieudonné Rey : « Elle desservait non seulement la fontaine, mais les nombreux jardins et les prés qui s’étendaient jusqu’à la rivière. Elle n’était donc utilisée que par les habitants, et non par les voyageurs. Aussi, son rôle n’était pas important. » (Millau, les fortifications au Moyen Age, 1924).
Il s’agit du dernier témoignage des fortifications de la ville. La muraille médiévale conserve des souvenirs bien mystérieux.
Ainsi en septembre 1924, pouvait-on lire dans la presse : « Ces jours derniers, en faisant des réparations dans un magasin du boulevard Richard, les ouvriers occupés à ce travail découvraient, contre un mur, les restes d’un squelette, qui devait être là depuis bien des années, probablement depuis des siècles.
On ne s’explique pas trop la présence d’un squelette en cet endroit. Cependant comme cet immeuble est attenant aux restes des anciennes fortifications, il pourrait bien se faire que ce soient les restes d’un défenseur de la cité, tué à son poste et inhumé sur place. » (Lugubre découverte, Journal de l’Aveyron, 21 septembre 1924)
Bâtie à l’aplomb de la muraille, sur la gauche de la porte, et longée par un parapet édifié en 1805, la Fon Basse, sous sa voûte apparaît.
Cette fontaine du Moyen âge a laquelle on accède en descendant des escaliers assez raide (une trentaine de marches), a alimenté pendant des siècles d’eau limpide tout le quartier.
Elle est citée comme ayant fait l’objet de nombreuses processions. On la retrouve inscrite dans les actes dès le XIVe siècle, époque à laquelle un lavoir y avait été aménagé.
Les ordonnances de police du XVe en font mention, comme nous le rappelle Jules Artières et Camille Toulouse : « avec la fon del St Esperit, lo griffol de Layrolla, la Tina de Vezobias et la fon bullieyra, au bas de la rue Saint Antoine. Des puits s’ouvraient aussi ça et là ; il y en avait d’ailleurs dans beaucoup de maisons. » (Millau, ses rues, ses places, ses monuments (1924)
La fontaine Basse dut avoir comme premier rôle, outre les usages domestiques, celui de servir à l’alimentation des fossés de la ville. Son eau servit aussi aux lavandières venues rincer leur linge.
Pour que ce lieu reste convivial, on y avait emménagé des bancs de pierre, longeant la muraille et faisant face au lavoir.
Elle continue encore de nos jours à déverser son eau limpide, même si, au cours du temps, elle eut à subir bien des avaries.
En 1573, de violents orages descendant du ravin de Pourcayras remplirent la fon en démolissant les murs.
En 1585-86, la fon Mage fut murée, dans un but défensif, rouverte la paix revenue.
L’an 1870, à la suite d’une grande sècheresse l’eau tarit durant quelques temps.
En 1897, la Ville autorisa les habitants du quartier, sur leur demande, à démolir, à leurs frais, la voûte qu’ils trouvaient « peu gracieuse et assez gênante ». Cependant le montant de la dépense les fit changer d’avis.
En 1835, on édifia la grande fontaine des Lions plus en hauteur sur l’actuelle Place Foch. Pour la différencier, la fon Mage fut rebaptisée à ce moment là « Fontaine Basse ». C’est ce nom qui est resté aujourd’hui.
Marc Parguel