Mercredi en fin d’après-midi, Didier Bourdon et François Jacob faisaient un point sur la situation de l’hôpital de Millau et disaient tout le bien qu’ils pensaient du consensus autour du projet médical commun et du possible hôpital médian, « ni à Millau, ni à Saint-Affrique ».
Un consensus qui, on s’en doute, n’est pas du goût de Philippe Ramondenc, qui fait campagne sur le maintien de l’hôpital à Millau, qu’il soit médian ou pas. « Mieux vaut tard que jamais, enfin quelques informations de la direction de l’hôpital sur cette fameuse structure médiane, commente l’intéressé. Cependant, le compte n’y est pas, et cela pour plusieurs raisons. » Il s’explique.
« Les politiques élus du moment, de gauche comme de droite, semblent être tous d’accord à tort ou à raison sur cet hôpital médian. La direction de l’hôpital comme les politiques appliquent la méthode dite « en catimini », qui consiste à se mettre d’accord sur un sujet grave qui concerne tout de même une ville de 23.000 habitants et une communauté des communes de 31.000 personnes. La moindre des choses serait au minimum d’en informer les habitants de Millau, premiers concernés en matière d’accès à la santé et patients ou futurs patients de la structure hospitalière millavoise. On impose les choses à la manière du compteur Linky, on ne dit pas tout à la population sur les objectifs, les intérêts politiques ou personnels, les conséquences sociales, médicales, environnementales à venir. Peut-être pourrait-on déjà faire un débat sur l’hôpital médian et consulter au minimum la population millavoise sur le maintien ou non de notre hôpital à Millau. Cela s’appelle de la démocratie participative directe. »
Sur le plan de l’intérêt de construire un nouvel hôpital appelé « médian » ailleurs que Millau ? « Il faudrait déjà expliquer pourquoi construire une nouvelle structure hospitalière, qui coûterait au bas mot entre 70 et 90 millions d’euros. En ces temps difficiles financièrement, où la pression fiscale est déjà importante, comment ce nouvel hôpital sera-t-il financé ? »
« Le bassin de vie principal n’est-il pas à Millau ? »
Au-delà de la méthode et du coût de cette nouvelle structure, Philippe Ramondenc s’inquiète des conséquences de la possible disparition de l’hôpital de Millau.
« Elles seraient d’abord sociales, affirme-t-il. Des postes seront supprimés, des services disparaîtront… L’hôpital de Millau reste le premier employeur de la ville (700 personnes). Ce sont des fonctionnaires qui stabilisent l’économie de la ville qui n’est pas au meilleur de sa forme encore aujourd’hui sur ce plan-là (plus de 10 % de chômage, 20 % chez les moins de 25 ans). »
Le candidat balaye aussi d’un revers de main la question de l’accessibilité pour tous. « Qu’en sera-t-il de l’égalité d’accès à la santé pour nos citoyens millavois et de la communauté des communes ? Le bassin de vie principal n’est-il pas à Millau et autour de Millau ? Pense-t-on aux habitants du causse Noir, de la vallée de la Dourbie, de la vallée du Tarn qui auront obligatoirement un temps plus long pour accéder aux soins ? »
« Comment argumenter, expliquer aux citoyens millavois les sommes colossales investies à l’hôpital et dans les structures en lien avec l’hôpital ? 100.000 euros investis par la mairie de Millau pour repeindre et équiper la maternité en douches, davantage encore pour rénover les urgences et l’imagerie médicale… Que dire des 1 million d’euros investis pour moderniser le centre de dialyse (AIDER) à proximité de l’hôpital et qui doit travailler en lien avec lui ? Si l’hôpital part, le centre de dialyse suivra avec aussi la perte de dizaines d’emplois sur la ville… L’hôpital de Millau est aussi important pour l’école d’infirmières notamment pour les stages. Si l’hôpital part, ne sera-t-elle pas elle aussi en danger ? Que dire du bilan carbone ? Déplacer quotidiennement plusieurs centaines de personnes de Millau ailleurs aura aussi des conséquences environnementales, mais pas que… Fatigue, risques routiers, dépenses supplémentaires pour les travailleurs de l’hôpital, impact sur la vie privée, déménagement de Millau… »
« On tire sur l’ambulance, mais on veut la récupérer.Une ville comme Millau ne mérite-t-elle plus d’avoir son hôpital ? A quel titre ? Tout simplement, car les élus et l’administration de la santé l’auraient décidé ? »
« Comment va-t-on choisir le nouveau site de l’hôpital médian ?, se demande le candidat. Quels seront les critères de sélection ? Il est vrai que l’hôpital de Millau connaît de graves problèmes financiers (35 millions d’euros), mais à qui la faute ? Quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la rage… On ne lui donne pas forcément les moyens de fonctionner… L’hôpital de Millau n’a pas pu assurer des traitements de chimiothérapie pendant des mois ! Grave problème de santé publique qui nous concerne et en priorité les habitants de Millau ! Inadmissible, car nous payons des impôts et que le droit à la santé est inscrit dans la constitution de la Ve République. Cela ne semble être que des mots pour certains. L’hôpital de Millau doit rester à Millau n’en déplaise à la direction et aux élus en place. Cet hôpital de Millau, certes malade – mais n’a ton pas évité de le soigner vraiment –, intéresse malgré tout d’autres communes autour comme La Cavalerie, Saint-Georges… On tire sur l’ambulance, mais on veut la récupérer. »
« Si cet hôpital médian doit se faire, il se fera à Millau »
Philippe Ramondenc juge « inadmissible pour notre maire et pour les autres candidats à la mairie de Millau de ne pas défendre bec et ongles l’hôpital à Millau. »
« Si cet hôpital médian doit se faire, il se fera à Millau ; nous avons de la place en lien direct avec l’autoroute. Que deviendra l’ancienne structure ? Finalement on ne sait pas trop et on ne cherche juste qu’à rassurer la population. Ne soyons pas dupes, les difficultés actuelles de l’hôpital de Millau ont favorisé le CHU de Montpellier, l’hôpital d’Albi et celui de Rodez. Comment expliquer le désengagement du CHU de Montpellier ? »
M. Saint-Pierre veut 28.000 habitants en 2030, à ce rythme il en aura 18.000 !
« Finalement, on assiste au détricotage de l’hôpital de Millau, affirme Philippe Ramondenc. Certains vont en tirer des bénéfices économiques (les communes qui devraient accueillir l’hôpital médian). On peut poser la question d’intérêts personnels et politiques pour certains ? Tout est fait pour que les extérieurs de Millau se développent : futur collège à La Cavalerie, gendarmerie de Millau redéployée à La Cavalerie et Rivière-sur-Tarn, départ probable à plus ou moins long terme de l’hôpital de Millau… M. Saint-Pierre veut 28.000 habitants en 2030, à ce rythme il en aura 18.000 ! »
« La position de la direction de l’hôpital est celle de M. Viala sont les mêmes », explique le candidat tête de liste « Cap 2020, au service de Millau ». « Cependant notre député doit ménager Saint-Affrique qui est obligé de fermer, car en zone inondable. Quant à M. Rouve, il veut être à l’origine de cet hôpital médian et l’utiliser afin de se présenter aux élections législatives face à M. Viala. Millau ne servira en fait une de plus que de tremplin pour une carrière politique. »
Et de proposer la construction d’une nouvelle structure à Saint-Affrique et une poursuite de modernisation de l’hôpital de Millau, « en lui donnant les moyens de fonctionner ». « Ainsi, il serait sûrement possible de mutualiser les moyens et de se partager les tâches entre Millau et Saint-Affrique en créant un héliport entre les deux structures en cas de besoin urgent. »
Et s’il devait résumer son point de vue en quelques mots ?
D’abord le maintien de l’hôpital à Millau, et si on me prouve qu’il y a nécessité d’un hôpital médian, d’accord, mais à Millau. On a de la place, le bassin de vie, il est ici.