Millau. Une conférence et un film autour de la Retirada

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1939 : à partir de février, 500.000 Espagnols, civils et défenseurs de la Seconde République, franchissent en quelques semaines la frontière franco-espagnole pour fuir Franco et ses alliés fascistes : c’est la Retirada.

La famille Solé, originaire du village de Benissanet, part, à pied, vers la France et, après diverses péripéties, sera relogée, plus tard, à Béziers. Le père de notre conférencier a 12 ans.

Son fils Jacky passera des années et des années à se documenter sur ce sujet, il refera le trajet en sens inverse à pied, il réalisera un film et écrira un livre sur cette question. Il recueillera plus de 100 heures de témoignages (dont celui de son père et de sa mère présents à la conférence du 12 décembre).

Jacky Solé, enseignant-chercheur universitaire.

La retraite venue, il décidera de témoigner à son tour sur cette tragique période par des conférences qui replacent les faits dans leur contexte historique d’abord et présentent, ensuite, les répercussions de ces événements sur les exilés eux-mêmes, mais aussi sur les générations suivantes. En effet, pour les descendants, même au bout de 80 ans, la blessure est encore là béante…

Il dit intervenir : « sans aucun esprit de revanche, juste pour assurer un peu de sérénité à la génération de ses enfants ainsi qu’aux suivantes », il déclara aussi : « porter un regard positif, pertinent et constructif sur ce thème qui laisse encore aujourd’hui de douloureuses cicatrices auprès d’une grande partie de la population de notre région » et revendique simplement « qu’il faut se servir du passé pour construire notre avenir ».


« Le silence des autres »

Le club-ciné de la MJC, partenaire de l’ACSA pour commémorer les 80 ans de la « Retirada », propose le film « Le silence des autres », produit par Pedro Almodovar, réalisé par Almudena Carracedo et Robert Bahar, le jeudi 12 décembre à 20h30, au cinéma de Millau.

La justice contre l’oubli

1977 : deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques, mais interdit également le jugement des crimes franquistes.

Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, tortures) sont alors passées sous silence.
Mais depuis 2010, des citoyens espagnols rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 km des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli », et faire condamner les coupables.

« Ce documentaire impressionnant sort de l’oubli les nombreuses victimes du franquisme et soulève la chape de plomb qui pèse toujours sur l’Espagne. » Frédéric Strauss

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