Cette semaine, allons voir deux sources sur le Causse Noir, dans la commune de Veyreau. La Font Destel, tout d’abord. Elle est située dans une doline, non loin de la Cadenède. Son nom vient du terme occitan destelh ayant trait au rouissage du chanvre. En effet, comme le mentionne Jacques Astor : « Cette opération se faisait toujours dans des ruisseaux ou aux sources, l’eau étant constamment renouvelée, cela évitait la pourriture des fibres du chanvre. Il y avait désagrégation sans fermentation. Destelh = teillage du chanvre ».
Cette source n’est pas mentionnée sur la carte IGN et se situe sur le passage de l’ancien chemin de Veyreau à Millau. On y accède par la D584, en allant vers l’ouest. Une conca (counko) creusée dans le roc, légèrement ovale (70 cm x 65 cm) recueille au pied d’un auvent de rocher l’eau limpide et fraîche d’une petite source (peut-être, selon Peire de Vairau (Pierre Solassol), née de la condensation de la vapeur d’eau de l’air par différence de température entre l’extérieur et la faille rocheuse, (Journal de Millau 24 février 2005)). Celle-ci se déverse dans une lavogne, cimentée et aménagée par « Malzac, avril 1938 », diamètre 5,80 à 6 mètres. Cette source alimente également un jardin.
Deuxième source à découvrir : Font Roussou située à 2 km à l’ouest de Veyreau. Proche de la grande piste forestière de Veyreau à Saint Jean des Balmes, au croisement des chemins du Vialaret et du Mas Maury, la Fontaine de Roussou se situe au milieu d’un pelenc, dans une légère dépression du plateau. Elle est signalée sur la carte d’Etat Major et sur carte IGN. Surgissant de terre, elle alimente une vaste mare. L’eau coule sous une petite voûte bâtie. Elle est surtout précieuse comme abreuvoir.
La Lavogne de Roussou ne tarissait que rarement, les troupeaux la fréquentaient surtout en période estivale. « Est-ce la terrible sècheresse de l’été 2003 qui a fait craqueler sa couche d’argile ? La lavogne fut réduite à une minuscule flaque ! Serait-il encore possible de la sauver ? » s’interrogeait Pierre Solassol dans sa chronique des Vagabonds des Grands Causses (Journal de Millau, 3 mars 2005). Son message a été entendu.
La même année, à l’initiative de deux agriculteurs voisins, elle fut nettoyée. Débarrassée d’un dépôt marneux de deux mètres ; ils mirent à jour, dans son fonds la margelle d’un puits bâti de 1,80 à 2 mètres ; lequel en plus de la fontaine alimente la « lavogne ». On ne trouve ce type de construction que sur le Causse Bégon.
Le promeneur découvrira à proximité de la Fontaine de Roussou, un menhir, des pargues (enclos des brebis), une baume bâtie, une tombe de l’Anté Christ ou de l’huguenot, et non loin du chemin un four à chaux.
Marc Parguel