[dropcap]L[/dropcap]es faits remontent au 14 octobre dernier. Le prévenu, un homme de 42 ans résidant près de Millau, revenait de l’enterrement de son père à Alès au volant de son véhicule sans assurance et alors que son permis lui avait été retiré. Lors d’un contrôle de police, il a d’abord fait mine de se ranger avant d’accélérer et de « tourner le volant dans leur direction » d’après le témoignage des policiers. Un des agents à pied a pu éviter le véhicule tandis que la main de l’autre a heurté le rétroviseur, alors que la voiture du prévenu a finalement heurté celle du troisième policier au volant, mettant fin à toutes velléités de fuite. Pour couronner le tout, le prévenu a été contrôlé avec un taux d’alcoolémie de 1,19 g/l (le taux autorisé étant de 0,5 g/l maximum). Malade, ce dernier a fait une crise en garde à vue qui a nécessité son hospitalisation.
Récidive et alcoolisme
Le prévenu, peintre en bâtiment au chômage depuis un accident du travail (une chute de six mètres de haut) perçoit l’allocation adultes handicapés. Ancien héroïnomane, il avait plongé quelques années auparavant dans l’alcoolisme, ce qui lui avait valu une peine de prison en juin 2019 pour conduite en état d’ébriété (et sans assurance) : « La prison m’a permis de prendre conscience qu’il fallait que je me soigne », insiste le prévenu. Sous traitement depuis sa peine de prison, il a justifié son geste auprès des policiers en disant qu’il voulait « rentrer vite chez moi pour prendre mon médicament ». Devant le tribunal, il préfère minimiser les faits :
Je n’ai pas voulu donner de coup de volant vers les policiers, ce sont eux qui se sont mis au milieu de la route. C’est vrai que j’ai voulu leur montrer que je ne voulais pas être arrêté mais je n’allais pas à 80 km/h, je ne sais pas si vous avez vu les photos mais il y avait trois fois rien… »
La prison comme sevrage
Pour la procureure, le prévenu n’avait aucune excuse pour prendre le volant malgré son annulation de permis et défaut d’assurance, « il existe d’autres moyens ». Mais pour le prévenu, impossible de se passer de sa voiture : « J’habite à 20 km du premier magasin, quel autre moyen j’ai que ma voiture pour me déplacer ? Pour faire du stop, il n’y a que des brebis qui passent ! Et le scooter c’est trop dangereux, il y a parfois une grosse épaisseur de givre sur la route et c’est plein de tunnels, j’ai peur ! »
Je ne vais pas me tuer pour un papier administratif ! »
Concernant la prise d’alcool malgré une obligation de soins, la procureure a requis une longue peine de prison de 18 mois pour, justement, obliger le prévenu à se sevrer et le couper de toute tentation : « Le prévenu est un danger pour la société mais aussi une personne qui doit se resociabiliser via des soins qu’il ne suit que quand il est incarcéré. »
La tribunal de Rodez a tranché pour 12 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et la confiscation du véhicule.