Millau. Le nouveau bac provoque l’inquiétude au lycée Jean Vigo

Yannick Périé
Lecture 6 min.
Professeurs, parents d'élèves et membres de la FCPE ont tenu une conférence de presse, lundi 20 janvier, à la brasserie Au Bureau.

Alors que les premières épreuves communes de contrôle continu (E3C), qui représentent près d’un tiers de la note du bac nouvelle formule, devaient débuter lundi matin au lycée Jean Vigo, il a été convenu entre professeurs et direction de reporter d’une semaine ces épreuves (semaine du 27 au 31 janvier).

Un moindre mal, puisque « les professeurs concernés, à l’image des principaux syndicats et de la FCPE, demandent l’annulation de cette première session de janvier », déclare Joëlle Compère, professeure d’espagnol et de cinéma.

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Et ce n’est pas l’entrevue avec le proviseur Pierre Pipien, la semaine dernière qui aura fait avancer les choses, puisque ce dernier a réaffirmé que « ces premières épreuves auront bien lieu, la seule possibilité étant de les retarder d’une semaine ».

Lundi 13 janvier, une rencontre était organisée avec le proviseur du lycée, Pierre Pipien.

« On ne peut que craindre une inégalité sur le territoire »

Pourquoi l’organisation de cette première session pose-t-elle tant de problèmes ? Professeurs, syndicats et parents d’élèves se rejoignent sur plusieurs points : problèmes d’organisation, lourdeur de la procédure, inégalités de conditions de passage et de traitement entre établissements et donc entre élèves.

« Déjà, nous avons reçu les nouveaux programmes début juillet, juste avant les vacances », déplore Joëlle Compère, dénonçant un trop court délai pour préparer ces épreuves.

L’ouverture tardive (et retardée) de la banque nationale de sujets est aussi pointée du doigt. Les équipes éducatives concernées n’ont pu accéder, en ligne, aux sujets des E3C que le 9 décembre. Un peu juste à quelques semaines du début des épreuves. « Jusqu’à présent, rappelle Robert Marcos, professeur d’espagnol, nous avions 2 ans pour préparer les élèves au baccalauréat… »

A ce propos, « on ne peut que craindre une inégalité sur le territoire dans le choix des sujets », dénonce Isabelle Pin, présidente de la FCPE de Millau.

Pour chaque établissement, ce sont en effet les professeurs qui proposent quelques sujets dans la banque nationale, selon ce qu’ils ont déjà travaillé. In fine, les directeurs d’établissements choisissent le sujet final de l’épreuve. Au mieux, la communication passe (trop ?) bien entre la direction, les professeurs et les élèves (…), au pire, si l’équipe pédagogique ne propose pas de sujet, ce sont les inspecteurs (IPR) qui choisiront le sujet selon les informations qu’ils auront récoltées auprès des établissements…

Autre sujet de mécontentement : les grilles d’évaluations « complexes et dénuées de sens par rapport aux exigences requises ». « On me demande de corriger une épreuve pour laquelle je n’ai pas été formé, et je ne comprends même pas les grilles de notation », peste Robert Marcos.

Une permanence d’informations ce jeudi 23 janvier

« L’absence d’écoute et de prise en compte par le ministère de l’Education nationale de cette situation problématique largement relayée par les enseignants, les parents et les élèves eux-mêmes redouble notre inquiétude et génère une grande incompréhension », résume Isabelle Pin.

Une incompréhension qui va au-delà des problèmes liés à la réforme du baccalauréat.

« Réformes autoritaires et bâclées, mépris institutionnalisé des personnels et des élèves, baccalauréat dévalorisé et inégalitaire, charge de travail sans cesse alourdie, tâches absurdes, précarisation, point d’indice gelé, hold-up sur les retraites, mensonges ministériels, redéfinition du métier… Jamais sans doute les attaques contre la profession, et contre le système public d’éducation en général, n’avaient été aussi massives et coordonnées », alerte le SNES-FSU.

En attendant, ce sont les élèves de première, ceux qui étrennent la réforme du lycée cette année et « qui sont en situation constante de bachotage », « qui sont les plus stressés » face « au flou de la mise en œuvre de ces épreuves ». Au lycée Jean Vigo, les professeurs concernés assureront une permanence ce jeudi 23 janvier après 18h pour « répondre aux questions des élèves et des parents ». Avant d’appeler à la grève, une nouvelle fois, le vendredi 24 janvier.


Les épreuves du nouveau baccalauréat pour les nuls

Le nouveau baccalauréat, voulu par Emmanuel Macron et mis en œuvre par Jean-Michel Blanquer, est un mélange de contrôle continu (40 % de la note) et d’épreuves finales (60 % de la note).

Concernant le contrôle continu : 30 % de la note finale proviennent des épreuves communes (trois sessions sont prévues : la première, entre janvier et mars de l’année de première, concerne l’histoire-géographie, les langues vivantes et, pour la voie technologique, les mathématiques. La deuxième doit se tenir entre avril et la mi-juin. La troisième est, elle, programmée à la fin de l’année de terminale, en plus des nouvelles épreuves finales). 10 % de la note finale provient des bulletins scolaires.

Concernant les épreuves finales : 1 épreuve anticipée en première (français, écrit et oral), 4 épreuves finales en terminale (philosophie, disciplines de spécialités (2), épreuve orale terminale).

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