Camille Valabrègue (tête de liste « Pour une Alternative Écologiste et Anticapitaliste »)
Difficile d’essuyer les plâtres quand votre candidature a été annoncée il y a une semaine, et devant un public d’entrepreneurs en principe peu enclin à prêter une oreille attentive à votre discours…
« On est conscients que les TPE et les PME du territoire participent à le faire vivre et nous sommes venus aussi, car nous y avons vu l’occasion d’y casser certains a priori quant à notre liste. On tient à dire qu’on assume pleinement le terme d’anticapitaliste », a tenu à cadrer d’entrée la candidate.
Sortant un peu du local pour recadrer la question économique aux priorités environnementales et sociales, Camille Valabrègue a tenu à expliquer « pourquoi ce système capitaliste ne peut plus durer », en dénonçant par exemple « l’extrême concentration des richesses », « des conditions de vie qui se détériorent et la pauvreté qui augmente de manière effrayante » ou « la recherche effrénée de profits qui nous amène sans cesse à baisser les coûts de production, à produire plus et de moins bonne qualité. »
« Nous, nous souhaitons remettre en question ce fonctionnement général qui nous amène à la catastrophe, c’est un modèle à bout de souffle. »
« C’est dans le local que nous trouverons les solutions adaptées à nos besoins et à notre environnement. N’attendons plus les politiques qui nous gouvernent là-haut, imposons-leur nos volontés en expérimentant et en créant nos solutions. Nous souhaitons que collectivement nous reprenions notre avenir en main tous ensemble. »
« Les entrepreneurs ont, comme tous les habitants de la ville, toute la légitimité pour être créateurs de solutions », a-t-elle souligné comme pour rassurer l’assemblée. « Nous n’allons pas vous exposer des mesures précises et arrêtées, car nous avons d’abord besoin de se concerter avec vous, avec les habitants. »
Les principales propositions
• La mise place d’un revenu de transition écologique, sous forme de complément de salaire, pour tous les habitants qui seraient porteurs d’initiatives écologiques ou ceux qui souhaitent réaliser au sein de leur activité une transition écologique.
• Un label écocitoyen, pour accompagner la transition écologique des entreprises. Un label qui prendra aussi en compte l’aspect social : accompagner vers l’égalité salariale entre hommes et femmes, travailler sur les compétences pour revaloriser le travail, accompagner les entreprises pour trouver un équilibre dans les écarts de rémunération…
• Des réunions régulières entre l’équipe municipale et les entrepreneurs pour faire des points d’étape et écouter les idées. « On veut être une équipe municipale qui n’est pas dans un rapport vertical, qui prend les décisions sans consulter ».
• Le développement de la forme coopérative. Une aide sera versée pour la création coopérative et l’accompagnement.
• Tout mettre en œuvre pour relocaliser la production. « C’est une aberration écologique de faire venir des produits que nous pouvons produire de l’autre bout de la planète ».
• Valoriser la coopération plutôt que la compétition.
Jérôme Rouve (tête de liste « Millau Demain »)
« C’est un peu mon bac », avoue en rentrant dans la salle celui qui a quitté l’école à 17 ans avant de créer sa première société à 23 ans. « Depuis, j’ai créé 13 sites, je crois, dans plusieurs activités économiques sur l’Aveyron, le Tarn et l’Hérault ». L’ancien président de la chambre de commerce de Millau, premier président des hôpitaux du Sud Aveyron, était ce matin, on s’en doute, dans son élément. Avant d’énumérer les propositions de sa liste, Jérôme Rouve a fait un point sur la situation de Millau aujourd’hui.
D’abord au niveau de sa population, où il note que si celle de la Région et du département « progressent », celle de Millau « stagne et se paupérise », avec ses « 2.418 inscrits à Pôle Emploi », et ses « 131 emplois perdus entre 2017 et 2018 ». « Est-ce un manque de vision stratégique, est-ce un manque d’ambition, est-ce un manque de volonté politique ? », interroge-t-il l’auditoire.
Quel avenir pour notre ville ?
« Jérôme Rouve, ce n’est pas un clan de droite ou de gauche. On dit de moi que je suis un rassembleur, un travailleur, que j’aime les gens, que je connais le milieu économique et que je suis un facilitateur ou un commercial au sens noble du terme. Et si j’ai décidé de me présenter à la mairie de Millau, c’est pour rassembler les uns et les autres, c’est pour travailler tous ensemble », affirme-t-il, avant d’assurer qu’il donnera son numéro de téléphone personnel « à toutes les entreprises ».
Tous ensemble, cela signifie aussi « avec le Département, la Région, l’Etat et l’Europe. » « L’Europe est une structure que l’on oublie à Millau, l’Europe a des budgets qui ne sont pas consommés. Aujourd’hui, Millau doit aller chercher des euros en Europe », affirme-t-il, en prenant l’exemple d’une médiathèque à Niort, « d’un coût de 18 millions d’euros et subventionnée à 80 % ».
Les principales propositions
• « Millau doit créer des entreprises, Millau doit créer des emplois ». « Ce n’est pas le maire qui crée des emplois, c’est le maire qui doit avoir une écoute et avoir une attention pour tous les porteurs de projet. »
• Nomination d’un adjoint « compétent » dans le milieu économique qui aura comme consigne « d’écouter et de faire réussir les gens qui ont envie ».
• Lancement à Millau la « semaine de la création ». Une semaine d’accompagnement à la création d’entreprises, avec un tuteur issu des entreprises déjà installées.
• Création un fonds d’investissement à Millau. « 10 grandes entreprises qui mettent 50.000 € dans un fonds, ça fait 500.000 € ». « En lien avec Aveyron Initiatives et avec les banquiers, aujourd’hui on peut aider financièrement les gens qui ont des projets ».
« Ça, c’est du concret, ça, c’est ce qui je suis capable de faire, ce ne sont pas des promesses électorales, c’est mon métier, c’est mon ADN, et c’est ce que je ferai ».
• Création d’une école des métiers. « On aura une volonté forte pour développer la formation à Millau. Ce n’est pas normal, pour être maçon, d’aller se former à Albi ».
• Développement de l’enseignement supérieur. « Millau a des atouts, on peut développer des niches dans l’enseignement supérieur à Millau. »
• Création d’un campus connecté. « Pas la peine de faire 200 km pour aller se former à Toulouse. Certaines formations peuvent être effectuées à Millau ».
• Relance de la filière cuir à Millau.
• Création d’une école de la deuxième chance. « Il en existe à Aurillac, à Mende, à Albi, pourquoi pas à Millau ? ». « Pourquoi on n’a jamais candidaté, parce qu’il n’y a pas ces dernières années de volonté politique pour développer la formation. »
• « Depuis quelques années, Millau n’est plus une destination touristique. Millau doit être le phare et l’organisateur du milieu du tourisme de tout le Sud-Aveyron ».
• La commande publique. « Pourquoi les entreprises de Millau dans certains cas ne sont pas choisies ? Pourquoi certaines choses sont imprimées à Mauguio ? Pourquoi certaines pelles mécaniques viennent de Toulouse pour creuser des chantiers ? »
Philippe Ramondenc (tête de liste « CAP 2020, au service de Millau »)
Comme Jérôme Rouve, Philippe Ramondenc reste debout, et ne regarde ses feuilles que du coin de l’œil. En mode professoral, il développe tout d’abord sa vision de la situation de notre ville et de notre territoire. « Une petite ville rurale, agréable à vivre, mais qui petit à petit se désagrège peu à peu. »
« Dans cet objectif des municipales du mois de mars, il y a l’enjeu de la revitalisation. Il faut revitaliser une ville qui a plutôt tendance à se paupériser, dans laquelle 37 à 40 % des gens payent des impôts, où le chômage des jeunes est situé autour de 11 %, où les formations ne sont pas développées », à côté d’une préfecture qui se développe « de manière extraordinaire ».
« Millau peut devenir la ville référence du Sud Aveyron, et même de la région Occitanie. Millau a des atouts, notamment avec l’A75 et tout le travail qui est fait pour se rapprocher de Montpellier. »
Et de proposer de désenclaver la ville vers Rodez, Clermont-Ferrand, Albi, Toulouse, pour contenir la « toute-puissance des capitales régionales ». « Le combat il est là, certaines villes ont réussi à remobiliser les énergies, comme Saint-Flour, Figeac… On peut espérer arriver à quelque chose comme ça, sans demander la lune ».
Les principales propositions
• Revitaliser le commerce, et faire le lien entre le Mandarous et l’Espace Capelle. Un Espace Capelle « où près d’une dizaine de commerces se trouvent actuellement fermés ». « Il faut influencer, en tant qu’élu, une autre politique pour favoriser l’installation de commerces ».
• Mettre en valeur le centre ancien. « On peut multiplier les subventions qui existent déjà pour la rénovation des façades. L’artisanat peut avoir dans le centre-ville une activité importante. »
• Enseignement et formation. Une de nos priorités sera de mettre en place un « Millau Enseignement Professionnel ».
• Travaux publics. « Nous avons quelques problèmes de réseaux, notamment lorsqu’il pleut beaucoup », déclare-t-il, en évoquant « les petits lacs qui se forment au-dessus de Gandalou ».
« Millau paye des choix politiques, des grandes et belles constructions qui ont coûté beaucoup d’argent et qui ont endetté la ville, mais à côté de ça on a souvent oublié aussi la proximité. Maintenant il y a peut-être d’autres choix à faire. Le mandat de M. Saint-Pierre a été marqué par la réalisation des quais, ils sont beaux, mais ils coûtent cher. C’est un choix. On les a votés, mais le tarif annoncé n’était pas celui-là. »
• Accession à la propriété. « Il y a un travail à faire pour favoriser l’accession à la propriété, dans le centre ancien, ce qui permettrait des rénovations, mais aussi tout autour de Millau. »
• Embellir le centre-ville. « Comment on fait en sorte que les gens reviennent en centre-ville ? » Et de reprendre l’exemple de la ville de Figeac. Rénover les rues du Mandarous et de la Capelle, la rue Droite, l’intérieur du « poisson ».
« Pourquoi pas créer un troisième marché le samedi matin ? », demande-t-il, avant que la sonnerie annonçant la fin de son intervention ne vienne couper court la liste de ses propositions.
Christophe Saint-Pierre (tête de liste « Millau en action »)
« Un territoire, deux collectivités », entame le maire actuel de Millau. Une façon de rappeler que la compétence économique est avant tout une compétence communautaire… « Je suis convaincu aujourd’hui que sur le prochain mandat, il faut faire évoluer les périmètres, de compétences, peut-être aussi territoriaux, mais en tous cas les périmètres de gouvernance. »
« Deux collectivités qui ne créent pas d’entreprises, aujourd’hui je ne viens pas vous dire que je vais créer des entreprises, ce n’est pas de mes compétences. Par contre, ce que nous pouvons faire, c’est faire en sorte que le climat dans lequel vous êtes vous permette de vous développer et vous permette de créer des entreprises. »
« La communauté de communes et la Ville ce sont quand même deux acteurs économiques, d’abord parce que nous passons des marchés publics et nous sommes potentiellement vos clients, et parce que nous investissons, et je suis un fervent défenseur de l’investissement public. Quand on met 100 €, ce sont 100 € qui vont dans les entreprises locales et qui bénéficient à l’emploi », assure-t-il, avant de rappeler que la Ville de Millau a investi « pas moins de 40 millions d’euros sur la durée du mandat ».
« Nous définissons des politiques publiques. Quand on prend la décision d’augmenter notre participation sur la rénovation des logements, c’est inévitablement des crédits supplémentaires et des marchés publics qui peuvent s’ouvrir pour vous. Rien que sur ce sujet-là, on a plus de 3000 logements considérés comme fragiles énergétiquement. C’est potentiellement du travail pour les entreprises du secteur. »
Concernant le rôle de la Ville, « elle doit faire en sorte que l’environnement dans lequel vous évoluez soit un environnement propice au développement de vos activités. Que vos collaborateurs soient correctement accueillis, et qu’ils aient par exemple une offre de soin à hauteur de ce qu’ils attendent… »
Les principales propositions
• Accompagnement des entreprises. « Sur l’accompagnement des entreprises déjà en place, nous avons mis en place une série de dispositifs au service de développement économique ou à la Maison des Entreprises. »
• Développement de l’évènementiel pour soutenir l’activité économique.
• Développement du Pôle Cuir, démarche UNESCO, agropastoralisme… « Notre ADN, nos activités historiques et traditionnelles ».
• Aide à l’immobilier des entreprises.
• Essayer de donner une image de territoire qui soit innovant, entreprenant et « aller le porter ailleurs. » « Je ne vous dis pas qu’on va chercher à délocaliser des entreprises de la région et du Languedoc, je crois qu’il faut arrêter de rêver là-dessus. Par contre ce qu’on peut dire c’est que si vous êtes une entreprise du bassin montpelliérain, sétois ou biterrois, si vous avez des activités à développer et que vous ne pouvez plus les développer sur vos bassins d’origine, on est en capacité de vous accueillir. » Avant de glisser qu’actuellement deux projets sont à l’étude pour accueillir des entreprises sur le territoire millavois…
• Mise en place de l’Agence Immobilière Commerciale et Solidaire. « Nous avons 260 cellules commerciales dans le cœur de ville, dont 23 qui sont vacantes. » Cette agence, portée et financée par les collectivités, aura pour vocation à se substituer aux propriétaires par des baux emphytéotiques et proposer des loyers modérés. « Ça n’existe nulle part sur le territoire national », affirme le maire de Millau.
Emmanuelle Gazel (tête de liste « Millau Naturellement »)
42 ans, un parcours professionnel principalement dans l’insertion et l’accompagnement de jeunes, 6 ans chez Manpower… Emmanuelle Gazel est dans l’opposition municipale depuis 2014, à la Région Occitanie depuis janvier 2016, vice-présidente en charge de l’emploi et la formation depuis novembre 2017.
Comme Christophe Saint-Pierre, la candidate souligne d’emblée que « la compétence développement économique et emploi, c’est la communauté de communes qui la porte »… Aussi, elle rappelle qu’elle sera aussi candidate à la présidence de la communauté de communes « notamment pour porter cette compétence, et au-delà l’ensemble des compétences un peu prospectives portées par la communauté de communes ». Elle restera vice-présidente de la Région jusqu’à la fin du mandat régional, « parce qu’il y a beaucoup de liens entre les compétences exercées par les communautés de communes et par celles exercées par la Région et il faut renforcer les liens et la complémentarité ».
« Je vais peut-être vous étonner, mais ce n’est pas sur l’accueil de nouvelles entreprises que je vais baser les priorités de ma stratégie en matière de développement économique. Je pense que sur ce terrain là, on ne sera jamais les plus forts. Je pense que toutes les actions en matière de marketing territorial sont superflues, elles ne font pas l’alpha et l’oméga de la politique que je veux conduire. C’est malheureusement sur cet axe-là qu’a été conduite la politique sous ce mandat-là, avec peu de résultats. »
« C’est en vous accompagnant vous, les chefs d’entreprises, que je souhaite bâtir ma stratégie de développement économique. On va gagner ensemble, assure Emmanuelle Gazel. Ma fonction d’élue, je l’imagine comme facilitateur, accompagnateur de vos initiatives. Les emplois c’est vous qui les créez, les risques c’est vous qui les prenez. Ma fonction d’élue, ce sera de vous accompagner dans toutes les étapes de votre parcours d’entrepreneur. »
Les principales propositions
• Arriver à pourvoir les emplois déjà créés. « Le rôle de la communauté de communes peut être de créer une nouvelle fonction de facilitateur d’intégration. Une personne sur le terrain, dans vos entreprises, qui va connaitre le moindre recoin de vos ateliers, qui va pouvoir accompagner la nouvelle recrue, dans la vie quotidienne, dans son installation à Millau ».
• Soutien stratégique de nos filières. « Nous avons quelque chose à développer en matière d’économie verte, c’est notre ADN, c’est notre identité, mais aussi une force d’attractivité pour l’accueil de nouvelles entreprises et de nouvelles populations. On peut développer des start-ups, des pépites dans les sports de pleine nature ». Mais aussi l’agroalimentaire « la première économie du sud Aveyron », cuir et peau, BTP et métiers autour de l’environnement « qui sont émergents ».
• Commerce et artisanat. « On a plusieurs outils à mettre en place pour accompagner les installations, notamment du point de vue de l’acquisition de commerces vacants, et faciliter la reprise de manière progressive avec des loyers progressifs ». Il faut aussi « renforcer la collaboration entre l’office du commerce et le nouveau manager du centre-ville ».
• « Beaucoup d’ambition » en matière de rénovation énergétique des bâtiments et des logements. « C’est aussi de l’emploi pour artisans, et de l’emploi non délocalisable ».
• Développement de l’enseignement supérieur et la formation.
• Agriculture. « Faire quelque chose de fort vers les circuits courts ».
• Tourisme. « Il faut dépasser les frontières de la communauté de communes millavoise » et « renforcer les partenariats entre les offices de tourisme ». Déploiement de nouveaux itinéraires cyclables au départ de Millau.