La grotte des Faux Monnayeurs (commune de Millau, Causse Noir)

Marc Parguel
Marc Parguel
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La paroi avec le nom des faussaires en 1931 (cliché Louis Balsan)

La grotte des Faux Monnayeurs s’ouvre dans la falaise de la Pouncho d’Agast (Pointe de l’érable) sur le versant de la Dourbie. Pour s’y rendre, il faut prendre depuis Cureplats la D 110, en direction du Causse Noir. Au niveau de la 5e épingle, il faut prendre à droite le sentier de randonnée qui suit la couronne de la falaise de la Pouncho d’Agast. Suivre ce sentier sur 1,1 km environ.

A ce niveau, on se trouve en contrebas au Sud et à l’aplomb du pylône de la Pouncho d’Agast (visible du sentier) ; on trouve encore, au bord du sentier, un poteau de ligne en ferraille ; quelques mètres après ce dernier, le sentier descend sur la droite pour traverser, de haut en bas, la falaise. La cavité se trouve sur cette portion de sentier très raide, à mi-chemin entre le haut et le bas de la falaise. La très petite entrée de la grotte des Faux Monnayeurs se situe à droite (ouest) du sentier, à environ 2 mètres en hauteur sur une banquette calcaire.

L’entrée de la grotte.

En 1930, la grotte était très peu connue, à peine d’une dizaine de personnes. Elle n’avait pas de nom, et rares étaient ceux qui s’étaient aventurés à franchir l’étroit boyau qui prolongeait l’entrée. Louis Balsan nous le rappelle : « L’étroit boyau fut indiqué à Bob Galzin par des chasseurs qui se désespéraient de voir s’enfuir par là leur gibier… Notre ami nous y conduisit un beau jour d’automne 1931 ». (Revue Causses et Cévennes, 1974).

Cette cavité a été baptisée « grotte des Faux Monnayeurs » cette année-là suite à la découverte dans le fond de cette dernière d’un véritable atelier avec des restes de fabrications (déchets de cuivre), des signatures de faussaires sur les parois et des fausses monnaies sur le sol (daté entre 1655 et 1677) frappées sur des flans de même diamètre plus petits que les monnaies authentiques.

Avant lui, dans les années 1920, quelques Millavois avaient fait main basse sur environ 200 pièces de monnaie de cuivre qu’ils se partagèrent (Lettre d’Albert Carrière à M. Bousquet, 16 mars 1931)

Cette grotte malgré son accès difficile fut habitée depuis la haute antiquité.

On aurait trouvé dans les années 1920, le long de la première salle, un vase renfermant plusieurs centaines de pièces en bronze.

L’ouverture est très petite (1m x 0,80) et l’accès difficile, car on doit ramper dans un étroit boyau d’une douzaine de mètres de longueur, la difficulté est encore augmentée par un double coude que fait ce passage dans sa partie la plus étroite.

Le couloir dans l’entrée.

Douze mètres de reptation plus loin, et nous débouchons dans une large galerie de plus de 60 mètres de longueur.

Sortie du couloir dans la salle.

On prétend qu’en cas de forte pluie un lac s’y forme. Cette large galerie est bien concrétionnée, même si elle a beaucoup perdu de son prestige depuis que des personnes indélicates sectionnent les stalactites et les emportent. Cette salle où l’on voit une table de pierre et deux cratères (traces de fouilles) est sans danger particulier.

Coulées de stalactites (8 juillet 2008)

Un couloir fait suite à celle-ci et se termine par un puits de 5 mètres colmaté par un éboulis. Le développement total est de 100 mètres. Les faux monnayeurs avaient là un refuge de premier ordre pour leurs manœuvres criminelles, car l’accès en était interdit aux personnes légèrement corpulentes ; c’est toute une acrobatie d’y pénétrer. Une question se pose : qui étaient ces faux monnayeurs ? A cette question, la grotte donna la réponse.

Louis Balsan ne put s’empêcher de cacher son émotion lorsqu’il put lire, gravés sur les parois de la grotte, les noms des audacieux : les Brunet, les Dumas, les Restavaud, les Recoules, les Téroide, les Tolose, les Vacquier, qui ne craignirent pas de marquer leur passage et même de le dater (deux dates sont inscrites : 1635 et 1649), bien qu’ils connussent le châtiment qui les attendait s’ils étaient pris : le bûcher ou la potence.

La paroi avec le nom des faussaires (1931) cliché Louis Balsan.

Depuis, malheureusement les noms gravés sur la paroi ont été rayés, raturés comme en témoigne la photo que j’ai prise, et on ne peut plus discerner les signatures d’époques avec celles trompeuses d’aujourd’hui.

Le panneau en 2008.

Marc Parguel

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