Millau. La cuisine centrale maintient le lien humain

Fanny Alméras
Fanny Alméras
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Comme beaucoup de structures privées, certains services municipaux sont directement impactés par la crise sanitaire liée au covid-19. C’est le cas de la cuisine centrale qui a dû s’adapter en peu de temps à « la nouvelle donne ».

En temps normal, ce sont 1 200 repas par jour qui sortent du bâtiment des « Fialets » pour être distribués dans toutes les écoles de la ville, à l’accueil Millau Ségur, au logis millavois, dans la vallée du Tarn et bien sûr aux personnes âgées livrées à domicile.

La fermeture de tous les établissements scolaires annoncée par le gouvernement a considérablement fait baisser le nombre de repas puisque les cuisiniers n’en préparent plus que 300 par jour.

Julien Aigouy, le responsable du service explique avoir très rapidement réagi.

« Nous avons eu très peu de perte sèche, nous avons immédiatement fait le choix de donner les denrées périssables du stock que nous étions sûrs de ne pas écouler à la banque alimentaire du CCAS, comme des fromages blancs et des œufs ».

Jusqu’à 40 appels par matinée

La première semaine, ils ont dû faire face à une réorganisation inédite et urgente du service, mais surtout répondre à l’inquiétude des gens concernant les livraisons de repas au domicile des personnes âgées. Leur nombre a d’ailleurs augmenté en lien direct avec le confinement pour passer de 180 à environ 240 portages par jour.

« Nous recevions entre 30 et 40 appels par matinée et il fallait enregistrer les nouvelles demandes, les premiers jours ont été intenses ».

L’humain au cœur des tournées

Les portages de repas à domicile constituent 4 tournées préparées et livrées entre 7h30 et 12h30 tous les jours. Pour faire face à la demande croissante, il a fallu en créer une cinquième et faire appel à la bonne volonté d’agents d’autres services pour venir renforcer les effectifs. C’est le cas de « Jo » en poste au Théâtre qui s’est reconverti en livreur pour l’occasion : « c’est le moment d’être solidaire » !

En dépit des normes sanitaires imposées par la propagation du virus, celles de la cuisine centrale n’ont pas changé puisque les normes d’hygiène étaient déjà maximales et scrupuleusement respectées pour protéger les consommateurs. Seul le gel hydroalcoolique vient renforcer le protocole.

Ce qui change par contre, c’est la livraison des repas que Julien Aigouy et son équipe mettent un point d’honneur à rendre toujours humaine.

« Nous ne sommes pas que des livreurs, nous avons un rôle de service public qui aujourd’hui prend encore plus tout son sens, pour certaines personnes, nous sommes leur seul contact avec l’extérieur ».

Pendant cette crise, les livreurs qui d’habitude passent quelques minutes avec les personnes âgées échangeant quelques mots, un geste amical, un sourire n’ont plus le droit de pénétrer chez les gens sauf dans certains cas.

« Aujourd’hui, nous préparons les repas dans des sacs en kraft, le livreur équipé de masques et de gants, sonne, dépose les sacs devant la porte, recule et s’assure tout de même que les gens aillent bien : nous maintenons le lien social même en cette période, c’est très important et ça fait partie de notre mission ».

On connaissait déjà l’engagement de l’équipe du service de la cuisine centrale municipale en faveur des circuits courts, des producteurs locaux, des produits bio, et pour son action en faveur de l’environnement : on découvre aujourd’hui une autre facette de ce service public, au service de l’humain.

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