Les manèges auraient dû ouvrir leurs portes ce week-end dans le parc de la Victoire. C’est la tradition à Millau, les forains prennent possession des lieux le troisième dimanche d’avril depuis des décennies.
Millau marque également le début de la saison pour la quarantaine de familles de forains qui s’installe chaque année chez nous. Malheureusement cette fois, ils ne viendront pas.
Valérie Sidrot, attachée à la communication pour les forains nous confie son amour pour la ville « d’habitude symbole du renouveau, du printemps, d’une nouvelle saison ».
« Millau, on adore, on vient depuis trois générations, on a une histoire particulière avec cette ville. Nous sommes aussi très attachés au marché du vendredi matin et à faire travailler les commerces locaux, c’est d’ailleurs amusant, depuis quelque temps, les gens s’aperçoivent qu’ils ont un marchand de légumes en bas de chez eux !
Petite, je dormais avec mes parents sur la place de la Capelle dans notre caravane, et j’allais à l’école à côté des Halles. Quand on arrivait en ville, on s’arrêtait sur les quais pour manger dans l’herbe ».
Ces souvenirs n’ont jamais eu un goût aussi amer, car aujourd’hui, c’est toute une profession qui est à l’arrêt et sous la menace d’une « année blanche ».
Valérie explique que les « métiers ne tournent pas 365/365 jours et que les employés ne sont pas embauchés à l’année, et qu’il est de ce fait très compliqué d’obtenir des aides pour le moment ». À l’heure actuelle, ils n’ont aucune information concernant les conditions dans lesquelles ils pourraient rouvrir et accueillir du public. Ils attendent, comme les bars, les cafés, les restaurants de nouvelles informations et la fameuse date qui les délivrera.
« J’ai un manège pour enfants, le Toy Story, je réfléchis comment accueillir du public et surtout des petits en toute sécurité : on ne peut pas désinfecter entièrement le manège entre chaque tour ! Et puis comment faire avec le pompon ? Sans lui, ça n’a plus de sens un manège pour enfant » !
Pour cette grande famille habituée à vivre dehors au contact des gens, cette vie trop sédentaire imposée par le confinement est parfois difficilement supportable, mais ils prennent leur mal en patience et respectent scrupuleusement les consignes. « Il nous tarde tellement que ça s’arrête qu’on suit bien le confinement ! »
Valérie avoue même garder un lien étroit avec Millau, même confinée : « Tous les mardis, je suis les cours de cuisine de Guilhem Bouard en direct sur internet ».
En attendant de revenir en 2021 faire tourner les têtes des petits et des grands, Valérie garde son optimisme :
« Forain, ce n’est pas un métier, c’est un art de vivre, nous sommes ensembles et en bonne santé, c’est l’essentiel ».