Cornalhac connu aussi sous le nom de Cornalaitz ou Castelsarrazin se situe au lieu dit « le bois de la Motte », à mi-pente du Larzac, au nord-est de Sainte-Eulalie-de-Cernon, et à 1,2 km à l’ouest de l’ancienne église de Saint-Etienne du Larzac, sur la gauche, en se dirigeant vers la Cavalerie.
Du château cité dès le début du XIe siècle et abandonné en 1307, il ne reste que peu de choses, si ce n’est un gros tas de ruines, qui semble indiquer une ancienne tour, bâtisse principale, et sans doute unique de la forteresse. Son emplacement n’a certainement pas été choisi là par hasard, la tour a été élevée sur une arête rocheuse barrée par deux profonds fossés creusés dans le roc.
Vers l’est, des escarpements naturels forment un fossé. Comme pour la tour des Aiguilhon, on a élevé la bâtisse sur un rocher élevé qui apparaît isolé et en tout point inaccessible, sauf par des ponts en bois. Elle domine de 50 mètres la route de Sainte-Eulalie.
De cette tour, on ne voit plus qu’un gros tas d’éboulis qui se déverse sur la pente devant le rocher. En remontant jusqu’au sommet du rocher, on peut voir comme taillées dans la roche les traces de trois marches d’escalier.
Deux tranchées artificielles creusées dans le roc séparaient le promontoire de la pente ; placées à 6 mètres l’une de l’autre, elles mesurent près de 4 mètres de profondeur sur autant de largeur ; et une quinzaine de longueur, soit l’épaisseur de l’isthme, elles sont en parfait état. C’était sans doute comme la Tour des Aiguilhon, un poste de contrôle près duquel il est question en 1172 de l’estrada qui mène à La Rouge (asi quo l’estrada passa entro en aquo de La Roja), et l’église de Saint-Etienne du Larzac. Cornalach commandait la vallée du Cernon jusqu’à son confluent avec le Soulzon.
Albert Carrière pourrait le confirmer :
« Comme poste d’observation et de défense, l’assiette de Castelsarrasin était judicieusement choisie et parfaitement aménagée. Les restes ne permettent pas de se faire une vague idée de la forme et de l’importance des constructions. Ça et là quelques traces de murs au mortier formé de sable dolomitique et de chaux de four flammier. M. Louis Balsan découvre un fragment de verre bleu foncé, dépoli et paraissant plutôt moulé que soufflé ainsi qu’un tesson de poterie non verni objets insuffisants pour assigner une date à l’occupation du lieu. » (Journal de l’Aveyron, 28 avril 1929).
Même si cela me semble étrange, d’après Raymond Noel :
« Ce fort aurait été construit par les Sarrazins qui occupaient certains points du Rouergue, vers le IXe siècle. On présume que c’est Pépin le Bref qui, en s’emparant de l’Aquitaine enleva aux Sarrazins la forteresse du Larzac. Ce sont ces Infidèles qui auraient ravagé et détruit un évêché qui existait en Rouergue à cette époque, l’évêché d’Arisitum. Le cartulaire de Gellone mentionne son existence au XIe siècle. Il semble qu’après la croisade des Albigeois, la forteresse fut abandonnée puis tomba en ruines. ». (Les châteaux de l’Aveyron, Subervie, 1978). Cette même hypothèse est émise par un panneau descriptif sur le site, qui ajoute : « En 732, Charles Martel bat les Arabes à Poitiers. Cette victoire a chassé les musulmans hors de France. A cette époque, les Sarrazins durent fortifier le château de Castel Sarrazin pour assurer leur défense ».
Ce château est mentionné au début du XIe siècle et a appartenu à plusieurs familles ; en 1179, Hugues Aldebert et son fils Dominis, en détiennent une part ; en 1187 une autre partie était la propriété de Guillaume de Revel. Le nom de Cornalhac a peut-être été donné par la famille éponyme, on voit un Pierre de Cornalhac cité en 1077, puis en 1112. En 1307, il était abandonné.
Cornalhac repose aujourd’hui dans un fourré inextricable de noisetiers, de ronces, au milieu des fraises sauvages, et ses vestiges dorment sous la mousse.
Marc Parguel