La baume fromagère de Vessac

Marc Parguel
Marc Parguel
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Le 13 juillet 2020. ©DR

Située dans la commune de Saint-André-de-Vézines, près de la route D29 qui va de Vessac à Lanuéjols, peu avant le menhir et à environ 50 mètres à gauche de la route, apparaît bien dissimulée dans la végétation, la baume fromagère de Vessac.

Son nom de fromagère lui vient qu’elle servit anciennement de cave à fromage de ferme. Gaston Libourel (1912-2004) au cours d’un entretien (22 janvier 2004) me disait qu’encore « à la fin du XIXe siècle, elle était utilisée ». La carte IGN la mentionne sous le nom de « grotte aven ».

Il semble que de tout temps cette cavité était connue, car si l’on se penche sur le compois, on peut lire « Item un champ appelé La Baumelle qui va de Béssac à La Nuéjol (Folio 215,1665). Deux chemins amènent à son entrée, le plus marqué reste celui qui part du village de Vessac ; celui partant de la route de Vessac à Lanuéjols, pourtant autrefois très utilisé est tout juste visible, car mêlé à la végétation.

Voie sur la gauche de la route de Vessac à Lanuéjols ©DR

Approchons-nous de l’entrée. Celle-ci mesure 3,80 m de large sur 3,40 m de hauteur. Deux longs couloirs divisent ensuite la baume. Celui de droite devait sans aucun doute servir au dépôt des fromages pour la simple raison qu’on peut y voir au fond, sur une partie où la roche s’avance naturellement sur 5 m de long et une largeur variant de 0,50 m à 1,30 m une sorte d’étagère naturelle.

Entrée de la Baume ©DR

La seconde salle quant à elle, outre qu’elle est en pente sèche, contient les restes d’une antique automobile remplie de paille ainsi que d’innombrables déchets jetés là depuis des années. Au fond, la grotte semble se continuer, mais l’odeur et surtout les immondices dissuadent de poursuivre l’aventure souterraine.

©DR

Les baumes fromagères ne sont pas rares dans le secteur, on pourrait en dénombrer une dizaine (Les Mourgues, Brunas, Corp…). Paul Marres nous donne un aperçu de leurs utilisations : « Certains de ces avens, lorsqu’ils sont peu profonds et qu’ils aboutissent à des salles souterraines à peu près horizontales, comme sur le Causse Noir sont utilisés comme cave à fromage pour les besoins familiaux une fois la campagne laitière terminée. Dans la dolomie bathonienne dont la masse est très minée, ces excavations souterraines, véritables caves naturelles sont fréquentes. Les Caussenards les aménagent, pratiquent un couloir de descente, placent quelques étagères sur lesquelles mûrissent les formes de fromages qu’ils gardent pour leur consommation… »

Au fond de la baume ©DR

Selon la qualité de l’air et l’emplacement de ces grottes, certains propriétaires en profitèrent pour faire commerce de fromages sous l’appellation « Roquefort », mais ceci ne dura qu’un temps comme nous le rappelle Paul Marres : « Quelques fromageries locales, utilisant des grottes favorables, doivent se fermer ou se laisser absorber, par Roquefort. Depuis la loi de 1925 interdisant de qualifier fromage de Roquefort tout fromage affiné dans des caves autres que celle du Combalou à Roquefort, les caves locales se sont fermées ». (Les grands Causses, 1935).

Marc Parguel

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