La Chapelle de Carbassas (commune de Paulhe)

Marc Parguel
Marc Parguel
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15 septembre 2020. ©DR

Le village de Carbassas fait partie de la paroisse de Paulhe, il possède une chapelle dédiée à Saint Pierre. La baie qui porte l’unique cloche de l’église domine à peine les maisons environnantes. Sans ce détail, à quelque distance on ne se douterait pas qu’il y avait là une chapelle.

D’après les Notes paroissiales d’Albert Carrière (J. de l’Aveyron, 25 août 1925), il est fait mention d’un village à Carbassas en 1441, ainsi que dans le cadastre de Compeyre en 1531. La chapelle est encore plus ancienne puisque la veuve Brenguière Gayral, de Compeyre, par son testament du 3 des nones de novembre 1266, lègue deux deniers à chacun des autels de Paulhe et un denier au luminaire de Saint Pierre de Carbassas (Archives départementales G. n°535). Ricard Malian, chevalier de Compeyre, jouissait des revenus de la terre de Carbassas en 1323. Une « Reconnaissance de Pierre Artières de Paulhe à Bernard Ayral gouverneur et marguillier de l’église de Saint-Pierre de Carbassas le 1er juillet 1441 » est mentionnée par le notaire Jaoul (1er mars 1733).

Une famille fort ancienne à Carbassas est la famille Baneilles. Nous trouvons, en effet, ce nom dans les cadastres les plus vieux de Millau, pour des propriétés sises dans cette commune : Dorde Baneilhas (1444), Steve Baneilhas (1528), Baneilles (1668).

Avant le milieu du XVIIe siècle et depuis un temps immémorial, Carbassas formait un des quatre villages (Compeyre-Aguessac-Paulhe) qui composaient l’ancienne paroisse de Lumenson, desservie par des Bénédictins. Ces religieux ayant été sécularisés en 1532, l’église de Carbassas continua a être desservie sous le titre de Saint-Pierre-de-Carbassas, et comme annexe de Lumenson, par un des quatre prêtres mansaux ou panetiers de cette église.

L’évêque en visite pastorale à Carbassas accorde à l’église dud. Carbassas annexe de celle de Lumenson une réserve eucharistique des fonts baptismaux, la sépulture dans l’ancien cimetière ainsi qu’au prêtre pour y exercer son ministère…lors des inondations du Tarn (G.170-31 mai 1594).

L’église de Carbassas avait une œuvre (fabrique distincte de celle de Compeyre et des revenus propres). Gruade donne plusieurs pièces de terre à cette église. P. Baldouy les prend pour 72 l. somme qui sert à payer la cloche nouvellement acquise (7 décembre 1662, Jaoul). Présents les marguilliers et nombre d’habitants de Carbassas…

En 1695, Anne Cantaloube, femme de Jean Baldouy, donne 60 livres pour la réparation de l’église et une carte seigle pour la fondation d’une messe a perpétuité à dire le jour de Sainte Anne. Somme consommée pour la réparation du clocher de lad.église et parce qu’il faut payer aud. curé une carte seigle annuellement pour faire dire lad. messe… par la grâce de Dieu il ne se trouve pas de pauvres dans led.lieu. Il est décidé de laisser 20 l. entre les mains des héritiers qui payeront lad. carte de seigle à l’avenir (17 juillet 1695, Jaoul).

André Collière marguillier de l’œuvre de l’église de Carbassas confesse avoir reçu 12 l. pour la portion du droit de Lod, revenant à l’œuvre de lad. église pour une pièce de terre et vigne…

Avant la Révolution, Carbassas était une annexe de Compeyre. L’état du diocèse de Rodez, dressé par ordre de Mgr Champion de Cicé en 1771 porte ceci, page 104 :

Compeyre a trois églises succursales : Lumenson (à Aguessac emportée par une crue du Tarn en février 1808), Saint Pierre de Carbassas et Saint Laurent de Pailhas. On administre les Sacrements dans toutes ces églises qui ont chacune des fonts baptismaux et un cimetière. Les habitants de Carbassas qui sont au nombre de 93, ont pourvu au logement du vicaire qui réside dans ledit lieu.

Quoique Carbassas soit situé sur la rive gauche du Tarn, il faisait néanmoins partie du diocèse de Rodez, parce que ce n’était qu’une annexe de Compeyre, en vertu de l’ordonnance du pape Jean XXII (1244-1334) qui décida que les paroisses situées partiellement sur les deux rives du Tarn, ne seraient pas divisées… mais appartiendraient intégralement au diocèse qui possédait l’église paroissiale.

Par conséquent, le prêtre qui desservait Carbassas, n’était qu’un vicaire de Compeyre et nullement curé de Carbassas au sens rigoureux du mot, quoique ce titre de curé lui fut donné dans le langage vulgaire.

En 1680, il fut permis au panetier de fixer sa résidence dans le lieu même de l’annexe, et d’y faire toutes les fonctions du service paroissial. Les habitants avaient pourvu à cet effet un logement à côté de la place Saint-Pierre. Quelques prêtres ont desservi cette chapelle : Bertrand Lacombe, grand vicaire, curé de Compeyre (31 mars 1718, Jaoul), Bernard Mazel, natif de la Blaquière et vicaire perpétuel de l’église de Carbassas (24 juillet 1717, Jaoul) résigne sa cure en faveur de Jean Fabre (8 septembre 1717, Jaoul). Lafon vicaire de Carbassas, 24 février 1718 (Jaoul).

Le même Jean-Louis Lafon est vicaire perpétuel de Carbassas en 1739 (Lafon, notaire). Entre 1735 et 1746, une enquête pastorale de l’évêque Jean d’Ize de Saléon nous indique que pour se rendre à l’église de Carbassas :

On nous a représenté que la rivière déborde quelques fois de telle sorte qu’on est des semaines entières sans pouvoir passer le bateau, et que d’ailleurs, dans les autres temps, le prêtre desservant se trouva trop éloigné pour pouvoir secourir à propos les malades, surtout lorsque c’est pendant la nuit qu’on va les chercher, à cause du passage de la rivière.

C’est à partir de là, qu’il fut décidé de construire une véritable maison curiale, pour que le vicaire soit au plus près de ses paroissiens.

Elle devait être terminée en 1743, et prête à accueillir le vicaire comme en témoigne cet acte :

« Ize de Salzon, évêque de Rodez et Jean Louis Lafon panetier de l’église de Compeyre et desservant l’église de Carbassas son annexe comme aussi Roquecave curé de Compeyre, lesquelles parties ont dit que par l’ordonnance de visite du 6 septembre 1743 et pour les causes mentionnées il aurait été ordonné aud. Lafon de résider à l’annexe de Carbassas dès que la maison presbytérale serait en état à quoi il a été satisfait par les paroissiens et parce qu’il fallait pourvoir à l’honoraire du vicaire qui doit desservir lad.annexe de Carbassas conformément aux déclarations du roi A cet effet, ledit évêque tant pour lui que pour ses successeurs à l’avenir, en qualité de prieur de Compeyre veut bien se charger de payer annuellement au prêtre qui fera le service de lad.annexe la somme de 150 livres quitte de toutes charges…et attendu de l’incompatibilité dud. service avec les fonctions dont les panetiers sont chargés dans lad. église de Compeyre à cause de l’éloignement et de la situation des lieux, il a été convenu que ledit Lafon quittera le service de Carbassas pour y être pourvu par led.évêque. Lafon fera les fonctions de panetier dans l’église de Compeyre et percevra les revenus et émoluments qui y sont annexés sans aucune diminution à défaut du service de l’annexe de Carbassas dont il demeurera déchargé se réservant son titre et tous ses droits en cas de troubles ou de contestations sur la perception des fruits et revenus de lad. paneterie dont le Sr Evêque lui fait titre en tout que de besoin et led. curé de Compeyre pour ce qui le concerne a donné son consentement » (15 septembre 1745, Unal, notaire à Millau). Jean Evêque et comte de Rodez.

En 1767, le titre de vicaire fut substitué à celui de panetier et le prêtre desservant l’annexe de Carbassas, devint, non plus vicaire de Lumenson, mais vicaire de Compeyre. Ce ne fut qu’à la fin et à la suite de la Révolution, que Carbassas fut détaché de l’église de Compeyre pour être annexé à Paulhe. Les principaux revenus de Carbassas sont le vin, les amandes et les fruits.

Le 25 janvier 1776, M. Olier est nommé vicaire de Carbassas, par Monseigneur Champion de Cicé, évêque de Rodez. Antoine Plombat était vicaire en 1784, puisque le 10 novembre de cette année, Guillaume Plombat, qui était vraisemblablement son parent, lui résigne en cour de Rome la cure de Boyne. Mais par suite de la mort prématurée du résignant, cette résignation n’eut point d’effet et Antoine Plombat demeura vicaire de Carbassas jusqu’à la Révolution et pendant la Révolution. Durant celle-ci, Plombat, natif de Rivière, se cache. Pour son courage, il voit le supplément de son traitement fixé à 350 livres (3 mai 1791). Le 29 germinal an VI (19 avril 1798), il fait sa soumission aux lois de la République, déclare avoir résidé à Carbassas dans la maison de Joseph Lavabre, depuis le 1er mai 1792, et est autorisé à résider et à exercer le culte audit Carbassas, et continua quelque temps après le rétablissement de l’ordre. La maison curiale est louée pour un franc à Richard (2 prairial an V).

Après la Révolution, l’église paroissiale possède un ciboire d’argent caché aux agents révolutionnaires, 6 chandeliers laiton achetés récemment ; le calice d’argent appartient au vicaire (archives de Compeyre, an X)

Au concordat (1801), Carbassas ne fut pas reconnu comme église paroissiale, néanmoins elle fut desservie jusqu’au milieu du XIXe siècle, par plusieurs prêtres rétribués par les habitants.

Le 11 mai 1822, un avis favorable est donné au maintien de l’église Carbassas dont les paroissiens s’engagent à fournir à perpétuité 350 francs au desservant, dont 50 francs pour l’entretien de l’église. A cette époque, la population de l’annexe de Paulhe devait s’élever à 200 personnes venant des hameaux de la commune de Millau qui fréquentaient son église. Le conseil municipal de Paulhe « reconnaît que l’objet proposé et d’une incontestable utilité et prie les autorités de vouloir bien ériger en succursale l’église de Carbassas, église très bien bâtie ayant un bon logement et un jardin pour le curé. »

L’érection souhaitée n’eut pas lieu (1842). Il est parlé de l’abbé Granier, ancien desservant de Carbassas qui touche un secours de 100 francs (20 août 1865). Ce prêtre doit clore la liste des curés de Carbassas et dater la fin de cette paroisse. A cette époque, fut sans doute achetée la statue de l’Immaculée Conception visible depuis l’extérieur derrière une vitre.

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Le village de Carbassas comptait près de 100 âmes en 1860. En 1911, Carbassas comptait 16 maisons habitées, 16 ménages, 71 personnes.

Aujourd’hui Carbassas fait partie du relais de Paulhe rattachée à la paroisse de Saint-Pierre de la vallée du Tarn.

A l’intérieur de la chapelle, on remarquera un retable représente la crucifixion. En termes de restauration de l’édifice, une première vague de travaux a eu lieu en 1959, mais il faudra attendre 1996 pour que la municipalité de Paulhe réalise la réfection des joints extérieurs de la chapelle et rénove la façade.

En 2000, l’édifice a été mis en valeur par la lumière. En 2002-2003, des travaux furent entrepris à l’intérieur : le choix des peintures aux couleurs lumineuses a permis d’assainir le lieu et la mise en valeur de l’autel et du chœur (Midi Libre, 3 janvier 2003).

Notons que le cimetière de Carbassas a été déplacé en 2004, aménagement nécessaire pour améliorer l’environnement autour de la chapelle. En avril 2007, c’est la chaussée de l’impasse menant à l’édifice qui a bénéficié d’une réfection. Même s’il n’y a pas d’office régulier, la chapelle bien fleurie accueille de nombreux visiteurs qui sont émerveillés par cet embellissement.

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Depuis quelques années cependant, cette petite chapelle fête son patron Saint-Pierre le 29 juin.

Les jeunes du Millavois font un chemin de croix de Paulhe à Carbassas pour Pâques et à Noël, elle devient le lieu de rencontre de nombreux visiteurs, afin de découvrir et d’admirer la crèche que Gérard Loth confectionne avec passion.

Dernièrement, la vieille porte d’entrée a été remplacée par le menuisier local en conservant le style patrimonial.

Notons pour terminer que durant l’été 2012, un orage a fait éclater en petits morceaux la croix en béton qui dominait jusqu’alors le village sur la plate-forme du clocheton. On retrouva des morceaux sur le toit et dans la rue. En septembre 2012, il fut décidé d’ériger une croix en bois pour la remplacer, celle-ci fut réalisée par Stéphane Julien à Carbassas et placée par l’entreprise Got.

Marc Parguel

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