Un obus sur le presbytere de La Cavalerie en 1976

Marc Parguel
Marc Parguel
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Si les habitants de la Cavalerie ont l’habitude d’entendre siffler les obus avec le camp militaire à proximité, jamais ils n’auraient pensé que leur village allait être pris pour cible.

C’est pourtant ce qui est arrivé le lundi 15 novembre 1976 vers 14 heures où une terrible déflagration a ébranlé toute la place de l’Eglise de la Cavalerie. « Non, personne n’en voulait au curé », comme l’indique le journal Midi Libre dans son édition du 17 novembre : il s’agissait en fait d’un obus « égaré ». La déflagration fut telle que toutes les vitres volèrent en éclat et des portes furent soufflées sur les habitations de la place et même dans les rues voisines. Plusieurs vitraux de l’église ont été détruits.

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Les jambes molles, hommes et femmes sortirent aussitôt : un obus de 105 venait de s’écraser sur le presbytère. Sur les détails de l’incident, nous reprendrons les lignes parues dans les journaux de l’époque : « L’engin « perdu » était passé entre le clocher et la tour des remparts avant d’éclater sur le mur de la chambre de l’abbé Massol, aumônier militaire et curé de La Cavalerie, qui fort heureusement n’était pas là. A l’intérieur de la pièce, une cloison et une bibliothèque ont été soufflées. Une brèche relativement importante pour un obus d’exercice marquait l’impact sur la façade noircie. « Ma voiture garée sur la place (Une R4) a fait un bond d’un mètre », nous fit remarquer un vieux Cavalérien. » (Midi Libre, 16 novembre 1976).

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« Le commandant Roux s’est rendu sur les lieux pour constater les dégâts, tandis que les gendarmes de la Cavalerie dressaient l’inventaire de la casse et que des militaires du camp se mettaient à l’ouvrage pour réparer les carreaux cassés dans un rayon de trente mètres autour du presbytère », (Journal de Millau, 19 novembre 1976).

L’enquête menée par le capitaine de gendarmerie Bertrand détermina facilement la cause de cette fausse manœuvre : une erreur de charge. Dans les obus d’exercice, la charge de poudre est fonction des distances.  Les obus de 105 contiennent sept doses de poudre qui déterminent la portée du tir : sept doses pour sept distances différentes. Le soldat préposé à la charge, du 35e régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes, qui effectuait des tirs au nord de Montredon avait tout simplement oublié d’enlever quatre doses.

Résultat : le projectile fut expédié à la distance maximum de 11 kilomètres au lieu des 5 kilomètres initialement prévus pour l’exercice. Chargeur et chef de pièces ont eu à s’expliquer à ce sujet, car quand on a un canon dans les mains, on n’a pas le droit de faire d’erreur. Par miracle, il n’y a eu que des dégâts matériels. On n’ose imaginer le drame qui aurait pu se jouer si l’obus était tombé à cette heure là dans la cour de l’école située à cinquante mètres à peine du point de chute.

Comme le mentionne Midi Libre : « Cette fâcheuse erreur n’est pas la première du genre. En août 1974 notamment, un missile mal dirigé s’était écrasé au-dessus d’un terrain de camping des Gorges du Tarn, à Sainte Enimie. Là encore il n’y a eu miraculeusement aucune victime » (Midi Libre, 16 novembre 1976).

Plus de peur que de mal donc, l’incident fut heureusement clos, et comme l’indique le Journal de Millau de l’époque « S’il fait sourire le plus grand nombre des Cavalériens, il a fait craindre à quelques-uns pour leur sécurité ».

Marc Parguel

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