Jeudi 12 novembre, la direction du centre hospitalier de Millau a fait en matinée, un point sur la situation sanitaire et le directeur Didier Bourdon a reçu le député Arnaud Viala dans l’après-midi pour une visite des deux unités covid +.
À l’heure actuelle, « les 20 lits dédiés aux patients covid + sont occupés en médecine et en SSR (Soin de Suite et de Réadaptation) au puits de Calès, soit un tiers du total des lits ». Il se pourrait même que l’établissement ouvre deux lits de soins intensifs pour soulager le centre hospitalier de Rodez dont la capacité d’accueil arrive à saturation. Il ne s’agit cependant pas d’une unité de réanimation, mais d’un secteur capable de gérer des patients sous respirateurs.
L’étape suivante serait inévitablement le transfert de patients vers d’autres hôpitaux comme Montpellier, Albi ou Toulouse si la courbe départementale des contaminations ne s’inversait pas.
Des hôpitaux de proximité engagés dans la bataille
Contrairement à la première vague, les hôpitaux de proximité ont dû ouvrir des secteurs covid+. C’est le cas de Millau qui selon son directeur, a malgré cela, « moins déprogrammé les interventions et a continué d’assumer certaines consultations notamment pour les diagnostics, les urgences et les semi urgences ».
« Nous faisons tout ce qu’on peut pour continuer de recevoir les patients : on a fait autant de consultations sur les neuf premiers mois de cette année que sur 2019 ».
Des professionnels mis à rude épreuve
Pour faire face à cette nouvelle situation, tous les moyens humains possibles ont été mis à contribution : les stages ont été annulés pour libérer les professionnels, les élèves infirmiers et aides-soignants sont monopolisés sur le site hospitalier et certains retraités sont revenus travailler. Les équipes fonctionnent sur des rythmes de 12 heures dans des services différents.
Didier Bourdon assure que sa priorité est « la protection du personnel », la directrice adjointe, Fabienne Silly précise que « les soignants disposent pour cela de tous les équipements de protection individuelle (EPI) nécessaires ».
Certains soignants déplorent néanmoins que « malgré toutes les mesures mises en œuvre », ils sont certains d’avoir contracté le virus sur leur lieu de travail.
Pour la direction du centre hospitalier, « le mode de transmission de la covid-19 n’est pas toujours nosocomial, mais il est de toutes façons très difficile de trouver l’origine de la contamination ».
À ce sujet, le député Arnaud Viala explique avoir rencontré « des professionnels extrêmement méticuleux et consciencieux qui respectent scrupuleusement les protocoles ».
« Je voudrais saluer leur engagement et l’investissement de tous, les hôpitaux de proximité contribuent fortement à l’effort national, je leur témoigne toute ma reconnaissance ».
À ce jour il n’y aurait « que deux cas de covid + parmi le personnel de l’hôpital » et 32 d’entre eux auraient été contaminés depuis le début de l’épidémie.
Les Ehpad
Dans les Ehpad, des dépistages massifs ont eu lieu, le dernier, ce jeudi 12 novembre, fait état de 59 tests négatifs sur 80 patients testés sur le site de l’Ayrolles. Les résultats des autres résidents n’étant pas encore connus pour l’heure. L’Ehpad de Sainte-Anne fera très prochainement l’objet d’un test collectif suite à un cas positif détecté chez un soignant.
La situation est pour l’heure sous contrôle, mais la direction avoue que d’un jour à l’autre tout peut changer et que l’équilibre est difficile à maintenir.
« La visibilité à moyen terme nous fait défaut, à peine un scénario élaboré il faut rebondir sur un autre et s’adapter en permanence, c’est éprouvant pour la direction, pour les cadres et pour l’ensemble du personnel soignant ».
Pascale Bauquis (directrice par intérim des Ehpad) explique avoir adressé un courrier à toutes les familles de résidents des Ehpad sud-aveyronnais afin de leur rappeler que le maintien des visites passait par le strict respect des consignes et des mesures sanitaires en vigueur et des protocoles, qui sont plus lourds et qui donnent davantage de travail aux soignants, et que la direction envisage de maintenir grâce à un renforcement des effectifs dans ces structures.
Pour cette deuxième vague, l’Aveyron n’est pas épargnée, comme l’a rappelé Fabienne Silly « même si on est sur une tendance à la baisse au niveau national, cela ne veut pas dire que ce soit le cas sur le sud Aveyron et il faut rester très vigilant ».
Un hôpital « trop vieux » et « inadapté »
Pour Arnaud Viala, qui a visité les deux structures hospitalières sud aveyronnais, la crise actuelle a mis en exergue la vétusté des locaux qui « s’avèrent inadaptés. »
« Selon la configuration des lieux, il n’a pas été possible d’affecter des couloirs exclusivement au secteur covid ce qui aurait facilité la tâche des soignants et limité les risques de contamination. C’est lié au fait également qu’il n’y a pas ou peu de chambres individuelles. Il a fallu s’adapter et composer avec des lieux qui sont âgés de presque 40 ans.
« Sans vouloir rentrer dans un débat qui suscite des polémiques, cette situation ne fait que souligner l’importance de maintenir une structure de soins sur le territoire et l’urgence de poursuivre le travail engagé et de le poursuivre dans un esprit de responsabilité et de bon sens et je l’espère très vite dans un esprit de consensus.
Didier Bourdon met lui en avant « la nécessité de réunir les deux structures ».
« On aurait des dispositions plus pertinentes et plus efficaces. On a un peu un émiettement des unités pour tenir compte des spécialités, si les hôpitaux étaient sur un même site, on aurait très certainement une unité de médecine covid de 25 lits complètement fermée et bien équipée et moins pénible pour les professionnels ».