Aguessac. Une pièce de l’époque mérovingienne trouvée dans les fondations d’une maison

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Les monnaies royales de l’époque mérovingienne sont rares ; les monnaies des églises le sont un peu moins. Il n’y a qu’une série de pièces d’or frappées pendant cette période dont on ait retrouvé des exemplaires nombreux et variés, ce sont celles qui ne portent ni de nom de roi ni de nom d’église, mais seulement un nom de lieu et un nom de monétaire.

Les monnaies dites des monétaires forment le fond de la numismatique mérovingienne. Maurice Prou nous dit que l’étude de ces monnaies est tout d’abord à cause de leur intérêt historique et parce qu’elles nous révèlent les autorités publiques qui possédaient le droit de monnayage.

La frappe de l’or, privilège impérial par excellence, ne fut reprise que très progressivement par les souverains mérovingiens : on n’en a guère d’exemples avant le milieu du VIe siècle. Puis on assiste à une multiplication des ateliers qui échappent à l’autorité royale, répondant sans doute à un besoin de monnaie.

Plus que le sou, on frappe le tiers de sou, dont le poids et l’aloi ne tardent pas à décliner : le tiers de sou constantinien contenait 1,51 gramme d’or ; au VIe siècle, il ne pèse plus que 1,29 gramme.

L’ouvrage de Maurice Prou : « Le catalogue des monnaies françaises archivées à la bibliothèque de France, Tome I, Les monnaies mérovingiennes » nous décrit à la page 392 une pièce de la provenance d’Aguessac où devait se situer un atelier monétaire à l’époque mérovingienne. Cette pièce fut trouvée dans les fondations de la maison Rascalou comme nous le signale A. Albenque dans son livre : « Les Ruthènes ».

Les monnaies sont classées par ateliers suivant l’ordre des provinces romaines.

  • Province d’Aquitaine : « PROVINCIA AQUITANIA PRIMA »
  • Ateliers monétaires de Rodez : « CIVITA RUTENORUM – RUTENUS »

Description

  • AGACIACO – Aguessac (Aveyron)
  • ARACIACO VICO – Tête diadèmée, à droite.
  • R. + ////// ADVS M entre deux couronnes. Croix, accostée des lettres numérales II (pour VII)
  • Tiers de sou d’or, 1 gr. 24
  • A. de Belfort, description générale, n° 423, fig. (lit au dr. Ataciaco vico)

Les sous d’or, qui comme monnaies réelles, étaient peu commun, les tiers de sou constituaient le numéraire courant de l’époque mérovingienne. Les lettres VII accostées à la croix désignent le poids de la monnaie en siliques (VII siliques équivalent à 1 gr. 24).

Les types adoptés par les monétaires pour la décoration des monnaies cherchèrent tout d’abord à imiter les pièces impériales. Aussi les types ordinaires des tiers de sou consistent-ils en un buste d’un côté et une croix de l’autre. Le buste est ordinairement diadèmé et posé de profil. Le point de départ du monétaire mérovingien fut l’imitation des bustes qui figuraient sur les monnaies impériales du VIe siècle et spécialement sur les espèces de Justinien. Mais le prototype alla toujours s’altérant. Le buste finit par se réduire à une simple tête.

Le style de ces bustes et de ces têtes diffère selon les époques et selon les régions. Ce sont ces différences dans le dessin qui permettent de classer géographiquement les monnaies mérovingiennes, par conséquent d’identifier les noms de lieux.

Le symbole chrétien le plus usité, celui qui constitue le type du revers de la plupart des monnaies émises en Gaule depuis la fin du VIe siècle jusqu’au milieu du VIIIe siècle, c’est la croix sous ses diverses formes.

Claude TRÉMOLET

Sources d’information :
– Prou M. : « Catalogue des monnaies françaises de la bibliothèque nationale – Les monnaies mérovingiennes » (1892)
– A. Albenque : « Les Ruthènes, études d’histoire, d’archéologie et de toponymie gallo-romaine (1948), inventaire de l’archéologie gallo-romaine du département de l’Aveyron (1947) »

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