Variations autour de La Couvertoirade : Histoires d’eau

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[dropcap]T[/dropcap]rouver de l’eau sur le Larzac est aussi compliqué que trouver un pou dans la barbe du père Noël. Ce relief dit « karstique » est effectivement très perméable. Au pays de Roquefort, nous vivons sur un gruyère. Gouffres, avens, failles, dolomie absorbent l’eau de pluie qui s’abat sur le plateau et s’infiltre pour resurgir dans les vallées.

Paradoxalement, ce paysage qui sait si bien se faire désert au plein cœur de l’été possède en son ventre des rivières souterraines extraordinaires. L’affrontement de masses d’air froides venues de l’atlantique et de masses d’air chaud d’origine méditerranéennes provoque de forts épisodes pluvieux.

Ces combats titanesques sont plus connus sous le nom d’épisodes cévenols. Ils se déversent sur le plateau, forment des rivières temporaires, des cascades mémorables et disparaissent, engloutis par le sol poreux. Le Larzac est très généreux, il ne garde rien pour lui et se fait château d’eau pour les vallées.

Depuis la nuit des temps, les hommes n’ont eu de cesse de récupérer, capturer, conserver ce trésor bleu venu du ciel. Privés de sources pérennes, ils ont dû faire œuvre d’ingéniosité. A La Couvertoirade, les premiers habitants s’installent autour d’un rocher creux qui garde naturellement l’eau de pluie, le fameux rocher des Conques qui sera, plus tard, aménagé par les Templiers en citerne.

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Corbeaux, avaloirs, chantepleures… autant de systèmes taillés dans la pierre pour récupérer l’eau qui s’écoule des toits et la conserver dans des citernes privées. A La Couvertoirade, toutes les maisons étaient dotées de citerne privée, et ce, jusqu’à l’arrivée du réseau d’eau potable, qui ne sera créé qu’en 1975 ! Au centre du village, dans une dépression naturelle, la mare abreuvera les troupeaux jusqu’en 1895.

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Les endroits argileux sont propices aux fameuses lavognes façonnées par les hommes pour désaltérer les bêtes. Autour de La Couvertoirade, trois superbes lavognes servaient ainsi aux bêtes, mais également aux légumes des jardins travaillés en traversiers sur le mont du Rédounel. Et on ne vous révèlera pas les mares cachées dans les sous-bois, les conques naturelles qui débordent lors des grosses pluies, les puits qui désaltèrent le renard même au plus fort de la canicule. Il suffit de savoir lire entre les lignes pour comprendre qu’un trésor est caché là : Sot de l’Aygue, Font du Renard, Conques des Taisses, autant de lieux-dits qui dénoncent la présence de l’eau.

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Un jour, nous irons ensemble à la pointe du jour, nous cacher silencieusement derrière un petit muret de pierres sèches, et nous assisterons, émerveillés, à la toilette d’un traquet motteux, au passage furtif d’un écureuil hyperactif, à la longue et voluptueuse baignade d’un sanglier, à la lampée inquiète d’un lézard à tête bleue.

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Pays aux rivières si timides qu’elles se cachent sous leur lit pour s’écouler vers la Méditerranée, aux lacs qui se prennent pour des chanteurs de variétés et nous donnent rendez-vous dans dix ans, le Larzac est une source sans cesse renouvelée de découvertes et de mystères qui n’ont pas fini de nous tenir en haleine (de mouton… Non, pardon, je m’égare, les moutons, ce sera pour une autre fois.)

A bientôt, savourons la vie et prenons bien le temps d’écouter l’animal, le minéral et le végétal qui sommeillent en nous.

Solveig Letort

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