[dropcap]R[/dropcap]evenons aux sources : Les Templiers se sont installés sur le Larzac à la faveur d’une donation. En 1152, Raymond, abbé de Saint-Guilhem-du-Désert, leur donne l’Eglise de Sainte-Eulalie-du-Cernon, moyennant une rente annuelle de 80 sols melgoriens et 6 fromages qui devaient être portés à Saint Guilhem le jour des Rameaux.
Mais, c’est en 1182 que Richard de Montpaon fait donation du « mas Aimar », lieu sur lequel les Templiers vont bâtir un château de type féodal.
(Notez au passage que le mot « mas », vient du mot « manse » unité de base d’une « villa », qui a également donné le mot « manant » et « mansuétude »…). Le lieu est idéal pour les raisons suivantes :
- Le rocher est dominant. Sa pointe orientée au sud permet l’édification d’une forteresse imprenable.
- Une cavité naturelle à proximité reçoit les eaux s’écoulant de la colline (les fameuses conques dont nous reparlerons ultérieurement).
- En creux, une mare naturelle permet d’abreuver les chevaux (ancienne mare dite « de la baume »).
- De belles terres entourent l’ensemble pour les cultures.
C’est donc sur ce rocher dominant que les Templiers vont ériger un château comprenant un donjon, des logis, une basse-cour et une barbacane.
Barbacane késako ?
Une barbacane est un ouvrage défensif qui protège un point faible d’une enceinte fortifiée. Le plus souvent de forme circulaire comme celui de La Couvertoirade. Ici, elle est bâtie directement sur le rocher et a conservé son chemin de ronde. Quand vous reviendrez nous voir, pensez à regarder sur votre gauche juste à la montée du château, vous y découvrirez un trou maçonné qui permettait de claver avec une barre de bois cette première entrée. Nous vous le présentons là, sur une photo, mais c’est tellement plus beau en vrai.
Autre élément d’architecture militaire : la bretèche qui domine la porte d’entrée. Bon, il n’en reste que quelques vestiges, mais on comprend aisément comment ce long conduit permettait de jeter plein de choses pas vraiment agréables sur la tête d’éventuels assaillants. Unique en Rouergue, ce système défensif est sans doute importé du Languedoc voisin puisqu’on retrouve le même procédé sur le château de Pégairolles de l’Escalette.
Barbacane, bretèche, manse… ouhhh ! Notre vocabulaire médiéval s’enrichit jour après jour. Et ce n’est pas fini, il y a encore plein de petits détails à découvrir ou redécouvrir.
Foi d’habitante, une vie ne suffit pas pour faire le tour de la question tant notre patrimoine local est riche et varié. C’est un rêve d’horizon, c’est un émerveillement permanent, c’est la promesse d’une éternité de pierre.