[dropcap]A[/dropcap]près de belles heures passées à crapahuter dans les collines sur la piste des invisibles, il est temps de rentrer se mettre à l’abri des remparts. Les gens d’armes veillent. Du haut de l’ancien cimetière, nous aurons tout loisir d’assurer nos arrières.
Un peu partout en France, la tradition voulait que l’on installe les cimetières contre les églises. Cette tradition perdura jusqu’au XIXe siècle où, règles sanitaires obligent, il fut décidé de construire de nouveaux cimetières à l’extérieur des bourgades.
Le cimetière de La Couvertoirade attenant à l’église actuelle ne déroge pas à cette règle. En 1883, il est abandonné au profit d’un nouveau terrain hors les murs donné en 1879 par M. Rouquette. On peut encore voir quelques tombes datant du XIXe siècle. La dernière personne enterrée est morte lors d’une épidémie de fièvre typhoïde fort meurtrière.
Depuis les années 1980, le cimetière est transformé en exposition à ciel ouvert de stèles discoïdales. Celles qui vous sont présentées là sont des moulages. Les vraies stèles sont à l’abri au musée lapidaire de Lodève. Ces onze stèles ne marquent pas des tombes templières comme on pourrait le penser. Elles ont été trouvées sur les communes environnantes et réunies ici par la volonté de l’association des Amis de La Couvertoirade afin de les offrir au regard des visiteurs.
Stèles discoïdales : Kesako ? C’est un monument monolithique (une seule pierre) présentant une surface pleine, non évidée (contrairement aux croix celtiques), formé d’un pied surmonté d’un disque. Généralement ce disque est orné sur les deux faces.
L’objet de ces stèles était essentiellement de signaler la présence d’une tombe et d’évoquer le souvenir de la famille inhumée. Parfois, elles peuvent également border des limites territoriales ou croisées de chemin dans un contexte de réemploi. Elles sont en grande majorité marquée d’une croix. Croix grecque, croix bifurquée, croix empennée et croix pattée sont les plus fréquentes.
Pour les historiens, les stèles discoïdales semblent un fait permanent entre l’époque gallo-romaine et la fin du XVIIIe siècle. On les retrouve un peu partout en Europe, de l’Irlande au Pays basque en passant par l’Allemagne.
Les stèles présentées dans l’ancien cimetière portent toute la croix sur une face et parfois la fleur de lys sur le recto. Symbole du culte solaire pour les uns, christianisation pour les autres, toutes les hypothèses sont avancées. Le fait est que le type de pierre qui paraît le plus ancien est celui du disque plein portant sur une de ces faces une croix inscrite dans un cercle. On retrouve ce même type de pierre dans les cimetières basques mais également dans l’ancienne Irlande des Celtibères. De même la croix mycénienne à l’origine de la croix grecque se retrouve en Crète quinze siècles avant Jésus-Christ.
Prenez le temps, admirez ces pierres taillées et laissez votre regard caresser les motifs gravés. Et si vous voulez plus d’information sur la question, retrouvez-nous à l’accueil de La Scipione, au deuxième étage, des panneaux vous donneront les explications complémentaires dès l’ouverture de la saison fixée au 3 avril prochain.
Sur le mur des remparts coupant en deux l’ancien cimetière (Ah ! petit rappel : quand vint le moment de construire la partie des remparts qui divise en deux l’ancien cimetière, une requête fut adressée à l’Evêque de Vabres pour obtenir l’autorisation de bâtir sur ce terrain sacré et le 28 juillet 1445, la permission fut donnée aux habitants de La Couvertoirade et de La Cavalerie de bâtir leurs fortifications sur le cimetière.) On devine un des escaliers d’accès originels pour monter sur les remparts. Ils devaient avoir le pied solide pour gravir ainsi bardés de leurs arbalètes. Aujourd’hui, pour votre plus grand confort, l’escalier d’accès aux remparts est aménagé dans l’ancienne tour de la maison de La Scipione. Quand les jours redeviendront plus heureux, n’hésitez pas à grimper sur ces superbes remparts. De là-haut, la vue est magnifique sur le causse préservé…
Alors à bientôt et surtout protégeons-nous les uns les autres.
[box type= »info » align= » » class= » » width= » »]Sources : Féerie d’une terre pauvre de Georgette Milhau[/box]