Millau. « Non essentiels » : Emmanuelle Gazel interpelle Élisabeth Borne et Jean Castex

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[dropcap]V[/dropcap]endredi 19 mars, Emmanuelle Gazel rencontrait et échangeait avec le collectif des non essentiels occupant le théâtre de la Maison du Peuple.

À la suite de cette entrevue, elle a souhaité interpeller le Premier ministre et la ministre du Travail et de l’Emploi afin de les alerter « sur la situation critique que vivent ses concitoyens qui font face à la crise sanitaire et à ses lourdes conséquences sociales et économiques ».

Elle tient cependant à rappeler que « sur la forme, elle ne peut cautionner l’occupation d’un équipement public dans une période de crise sanitaire particulièrement préoccupante à Millau », néanmoins, elle « témoigne de son soutien aux membres du collectif » dont elle « partage les débats et les préoccupations légitimes ».

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Le courrier d’Emmanuelle Gazel, maire de Millau à l’attention d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, et de Jean Castex, Premier ministre.

« Madame la Ministre,

La France traverse une crise sanitaire qui se transforme chaque jour un peu plus en une crise économique et sociale d’ampleur inégalée et dont nous mesurons encore mal les effets sur la vie quotidienne de nos concitoyens.

Ce que nous pouvons néanmoins constater dès aujourd’hui, c’est que comme c’est malheureusement trop souvent le cas, la crise aggrave particulièrement la situation des plus fragiles et précarise encore davantage les plus précaires…

Alors que les plans de sauvegarde de l’emploi se multiplient et que des secteurs entiers de notre économie sont à l’arrêt, les Français les plus durement touchés devraient pouvoir compter sur le soutien inconditionnel du Gouvernement Ce qu’ils subissent depuis plusieurs mois ne saurait être accentué par la réforme de l’assurance chômage que vous avez fait le choix de relancer ces dernières semaines en persistant à penser que la baisse des allocations chômage et des protections sociales pourrait favoriser le retour à l’emploi. Le chômage et la précarité ne sont pas un choix pour nos concitoyens. Cette réforme déjà contestable avant la crise de la COVID19 est inacceptable aujourd’hui.

Autre sujet dont la crise sanitaire sert malheureusement de révélateur : les indemnités journalières des femmes enceintes autoentrepreneurs ou intermittentes du spectacle pour lesquelles la Sécurité sociale refuse de tenir compte des indemnités chômage et de la précédente activité professionnelle entrainant pour certaines d’entre elles une indemnisation à hauteur de… moins de 6 € par jour ! Plus largement, il s’agit d’une perte de droits à la formation, à l’assurance maladie ou aux congés maternité pour l’ensemble des intermittents de l’emploi (restauration, événementiel…).

Interpellée à de multiples reprises dans l’exercice de mon mandat par des habitants désemparés et souvent à bout de forces, je me fais le relais de ces situations en vous demandant de revenir sur la réforme de l’assurance chômage en agissant au contraire en élargissant le seuil d’ouverture des droits à l’assurance chômage pour permettre une indemnisation plus large, plus juste, une indemnisation qui se rapproche du salaire perdu, non dégressive

Sur la question des intermittents du spectacle, la prolongation de l’année blanche est indispensable puisqu’ils sont privés de la possibilité de travailler. Je vous demande également d’intervenir auprès de l’assurance maladie afin d’améliorer les conditions d’indemnisation des plus précaires.

Espérant pouvoir compter sur votre attention, je vous prie d’accepter, madame la Ministre, l’expression de mes salutations respectueuses ».

Emmanuelle Gazel, maire de Millau

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