Millau. Les professeurs du lycée Jean Vigo dénoncent « une baisse de la qualité de l’enseignement »

Yannick Périé
Yannick Périé
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[dropcap]L[/dropcap]e temps passe, la période « cours en distanciel & vacances confinées » vient de commencer, et rien ne bouge au lycée Jean-Vigo au sujet de la baisse substantielle de la dotation globale horaire (DGH). Ni les différentes mobilisations, ni les courriers de la maire de Millau, ni les différents échanges avec le rectorat n’auront fait avancer les choses.

Pire, alors que les calculs sur la DGH devaient se prolonger jusqu’à juin, voire juillet, laissant espérer un éventuel retour en arrière sur la perte de quelque 110 heures de cours au lycée public millavois, qui entraine notamment la fermeture de deux classes et l’arrêt de spécialités, les choses semblent désormais actées.

En témoigne l’impossibilité des élèves de choisir la spécialité espagnole lors de leurs vœux pour l’année prochaine. Des élèves qui n’auront d’autres choix que de changer de vœu… ou d’établissement.

« Devons-nous comprendre que le dialogue s’arrête là ? », ont écrit les délégués élus du LGT Jean Vigo dans un courrier adressé le 30 mars à la directrice des services de l’Education nationale pour l’Aveyron, Mme Fellahi. « Devons-nous comprendre que les échanges lors des audiences entre élus, parents, chefs d’établissement, et la directrice des services de l’Education nationale pour l’Aveyron n’ont finalement pas de valeur ? »

Même son de cloche du côté de la FCPE dont les responsables ont envoyé un courrier au rectorat fin février et attendent toujours une réponse. « C’est un vrai manque d’écoute et de respect, lance un parent d’élève. C’est méprisant et on se sent ignorés. »

« Une baisse de la qualité de l’enseignement »

« La spécialité espagnole passe clairement à la trappe. Cet enseignement ne sera proposé qu’à Foch (lycée public de Rodez, NDLR), la continuité pédagogique n’y est pas et le dialogue est interrompu. Le couperet. est tombé sans que l’on soit mis au courant », déplore Robert Marcos, professeur d’espagnol. « C’est regrettable dans une ville qui favorise l’apprentissage des langues, le suivi est assuré au collège, et ça s’arrête au lycée… », commente un autre professeur.

La réforme va vers une baisse de la qualité de l’enseignement proposé. A 36 dans une salle de cours de langue, c’est un cours magistral qui sera donné, dans des locaux non adaptés ».

Une « baisse de la qualité de l’enseignement », qui était déjà dénoncée cette année. « Nous avons perdu notre allocation progressive des moyens, ce qui fait que nous n’avons plus aucune possibilité de dédoubler les classes, de proposer de l’aide personnalisée, d’aider les élèves pour leur orientation… Sans que le DASEN ne sache nous expliquer pourquoi nous avons perdu ces heures », rappellent les enseignants.

« Un réel sentiment de malaise »

« Nous avons quitté Paris avec ma fille et nous sommes confrontées à une rupture d’égalité. L’offre d’enseignement proposée dans les villes et celle proposée dans les établissements ruraux n’est clairement plus la même. L’égalité des chances, on se rend compte que c’est de la poudre aux yeux. La réforme va vers une baisse de la qualité de l’offre d’enseignement », se plaint une autre professeure.

« Avec le coronavirus, le manque d’enseignement, l’enseignement à distance… on est en train de perdre de plus en plus d’élèves », assure une professeure qui note « un réel sentiment de malaise chez les lycéens ».

On surcharge certains enseignants d’heures supplémentaires alors que d’autres seront moins présents dans au lycée Jean Vigo puisqu’on leur propose des postes partagés entre plusieurs établissements. Moi par exemple on m’envoie à Sévérac faire du latin, alors que je ne suis pas professeur de latin… ».

En attendant, élèves et enseignants vont entamer mardi une nouvelle période d’enseignement à la maison. « Sans aucune organisation et avec certains élèves qui se considèrent en vacances, d’autres qui ont un seul ordinateur pour toute la famille ou qui vivent dans des zones blanches sans aucun moyen de communication. ». « L’école républicaine ne remplit pas son rôle », résume une professeure qui s’inquiète déjà pour le baccalauréat de français qui a été maintenu.

Des actions pourraient être menées au début du mois de mai. Sans doute sous la forme d’une grève reconductible…

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