[dropcap]«[/dropcap] D’après nos estimations, on perd 5 secondes par kilomètre ». C’est le calcul effectué par les services du Conseil départemental et son président, Jean-François Galliard, pour savoir exactement comment la décision prise par l’Etat de réduite la vitesse de 90 à 80 km/h impactait les déplacements dans un département rural comme l’Aveyron.
« Cela peut paraitre anecdotique, mais imaginez combien de temps a perdu par exemple un transporteur qui fait 80.000 km par an… »
Aussi, pour « ouvrir le département vers l’extérieur », « décloisonner les cantons et les communes », « favoriser les activités économiques et touristiques » ou encore « limiter toute augmentation des temps de parcours », et profitant de la Loi d’Orientation des Mobilités de décembre 2019 qui permet au président du conseil départemental de fixer une vitesse maximale autorisée supérieure de 10 km/h à celle prévue par le Code de la route, après avis de la Commission départementale de la Sécurité routière, Jean-François Galliard a décidé de revenir à 90 km/h sur les routes du département. Mais pas partout.
Nous avons fait les choses dans les règles. Route par route, nous avons réalisé une étude d’accidentologie. Nous avons retenu 90 sections de routes, et nous allons signer un arrêté par section. »
Jean-François Galliard
« J’ai demandé à mes services de me dire en conscience les routes sur lesquelles on pouvait revenir à 90 », souligne le président. Le service de la direction des routes, dirigé par Laurent Carrière, a donc parcouru les quelque 6.000 km de routes départementales pour n’en retenir au final « que » 1.040 km. Soit 17 % du réseau routier départemental.
800 panneaux « 90 » installés d’ici la mi-mai
Si cette décision avait été prise « en janvier 2020 », selon Jean-François Galliard, la crise sanitaire avait obligé les services du département à temporiser sur ce retour aux 90 km/h. Remise sur la table en janvier 2021, la décision a du attendre l’avis favorable de la commission départementale de sécurité routière réunie le 31 mars dernier à Onet-le-Château et l’aval de la préfète pour devenir effective.
« D’ici la mi-mai », les Aveyronnais verront donc fleurir quelque 800 panneaux sur le bord des routes.
Autour de Millau, les principaux axes menant vers La Cavalerie, Creissels et Saint-Affrique, Aguessac ou Saint-Germain reviennent à 90 km/h. Seuls ceux allant vers le Causse Noir et La Roque-Sainte-Marguerite restent limités à 80 km/h.
[highlight color= »red »]Voici les cartes des principaux axes du Sud-Aveyron :[/highlight]
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1040 km de routes relevées à 90 km/h
• 211 km (83 %) du réseau de classe A: liaisons assurant la continuité du réseau routier national.
• 221 km (96 %) du réseau de classe B: liaisons d’aménagement du Département.
• 231 km (65 %) du réseau de classe C: liaisons de décloisonnement économique et touristique.
• 377 km (8 %) du réseau de classes D/E: liaisons de rabattement cantonal.
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Quand Jean-François Galliard s’assoit sur les préconisations de l’Etat
Suite à la Loi d’Orientation des Mobilités qui permet de revenir à 90 km/h, l’Etat a fait des préconisations aux responsables départementaux. « Pour revenir aux 90 km/h, il fallait des routes sans aucun engin agricole, sans aucun arrêt de bus, des routes qui ne croisent pas de pistes cyclables ni de chemins de grandes randonnées, pas d’entrées de maison… Autant dire des préconisations inapplicables dans notre département », constate Jean-François Galliard. « Aussi, ces préconisations, on s’est assis dessus », a-t-il déclaré cet après-midi en conférence de presse.