[dropcap]A[/dropcap]u micro, Robert Marcos, professeur d’espagnol, égrène les numéros : « 12 ! Département sinistré par l’éducation nationale… 36 ! 36 élèves par classe et pas suffisamment de salles pour les accueillir en toute sécurité… 28 ! Le nombre de lycéens qui ont décroché partiellement ou totalement cette année scolaire… 34 ! Et pourquoi pas être obligés d’aller à Montpellier pour la continuité pédagogique des spécialités ?… »
C’est ce jeudi soir, sur une place de La Capelle baignée par le soleil et en présence de nombreux spectateurs en terrasses des cafés, les professeurs du lycée général et technologique Jean Vigo de Millau organisaient « le grand quine de l’éducation nationale ».
Un quine « traditionnel », si ce n’est que les cartons étaient gratuits et qu’on ne venait pas pour repartir avec des demi-jambons ou des paniers garnis, mais plutôt avec des heures de soutien, des options, des enseignements de spécialités, des cours de latin ou de musique… Autant de lots que devrait perdre l’établissement millavois à la rentrée prochaine.
C’est donc pour « dénoncer symboliquement cette politique du gouvernement, qui délaisse les services publics des zones rurales », que ce quine de l’éducation nationale était organisé. Les joueurs sont invités à envoyer leurs cartons par courrier au recteur d’académie ou au ministre de l’Education avec cette note au dos : « Pour vous aider à trouver des moyens, voici un carton de quine, en espérant qu’il soit gagnant et que vous penserez aux élèves des zones rurales. »
« Depuis trois mois, nous essayons de dialoguer avec les services académiques de l’Éducation nationale pour faire valoir l’iniquité qui frappe le lycée Jean Vigo dans la répartition des moyens, rappelaient les enseignants. À nos multiples arguments qualitatifs, pour une offre éducative ambitieuse et adaptée à la situation actuelle, et pour une réelle continuité pédagogique, on nous oppose systématiquement un calcul algorithmique du nombre d’heures allouées, fixé par une machine, non négociable. »
« Pour l’instant c’est au point mort, se désole Jean-Yves Bou, professeur d’histoire-géographie. Nous avons un rendez-vous en visio avec le rectorat le 28 mai, mais si on se fie à ce qui s’est déjà passé depuis le début de notre mobilisation, nous n’avons rien à attendre… mais on espère quand même. »
« 38 ! Le nombre d’élèves par classe dans quelques années si on suit la tendance du Ministère ! »…