Millau. Régionales : trois militants NPA sur la liste « Occitanie Populaire »

Yannick Périé
Yannick Périé
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Dalila Belaïd-Artis, Gaëlle Brient, Leïla Rozan, Iñaki Aranceta et Didier Gouffé (militant NPA).

[dropcap]C[/dropcap]’est une petite révolution. A l’occasion des élections régionales qui se dérouleront les 20 et 27 juin, le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) a décidé de se présenter avec la France Insoumise (LFI) et la Gauche Démocratique et Sociale sur la liste « Occitanie populaire » de Myriam Martin (LFI). En Aveyron, trois candidats se retrouvent ainsi derrière Leïla Arfoutni (LFI) : Dalila Belaïd-Artis, Gaëlle Brient et Titouan Lejeune, tous trois de la région de Millau.

Cette liste commune, « c’est un peu la suite de ce qu’il s’est passé en Nouvelle-Aquitaine avec Philippe Poutou qui s’était allié avec les Gilets jaunes et la France Insoumise pour les élections municipales à Bordeaux », explique Iñaki Arenceta, chef de file des militants NPA à Millau, en soulignant que ce type d’union ne s’est fait que dans ces deux régions.

« Beaucoup de gens sont étonnés que le NPA, parti anticapitaliste, se présente à des élections, mais les élections ne sont pas un objectif en soi. On sait que l’on ne changera pas le système capitaliste par les élections, mais on pense qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas de voix, beaucoup de gens qui sont dans la colère, dans la détresse, et peut-être que nos élus pourront servir de porte-voix à tous ces gens. Nos élus seront le fer de lance de nos revendications et de nos luttes », justifie Iñaki Arenceta. « C’est aussi une alliance pour dénoncer la gauche plurielle qui cohabite et qui gère la société capitaliste avec ceux qui sont au pouvoir. Dans la région, c’est la liste de Carole Delga avec ses acolytes comme les verts et d’autres… »

« L’argent devrait servir à la vraie économie, l’économie vivante »

« L’accord trouvé avec Occitanie populaire porte autour de trois axes : le bouclier social, la bifurcation écologique et la rénovation démocratique », explique Gaëlle Brient. Une rénovation démocratique qui pourrait être apportée par la mise en place d’un RIC (Référendum d’initiative citoyenne) au niveau de la région. « Ce n’est pas par les élections que l’on arrivera à éliminer les capitalistes et leur politique, répète-t-elle, mais l’abstention qui se développe est d’origine populaire, par les gens qui sont trahis par les politiques qui disent une chose en campagne et qui font l’inverse une fois qu’ils sont élus, sans jamais leur demander leur avis ».

L’accord « avec les gens de LFI » porte aussi « sur les grands projets anti-écologiques comme la méga-scierie de Lannemezan, l’extension de Port-la-Nouvelle ou l’autoroute Toulouse-Castres, trois grands projets défendus par la majorité de Carole Delga et sur lesquels les élus de LFI se sont opposés durant leur mandat. On se retrouve là-dessus parce que c’est vraiment contradictoire avec le fait de se présenter comme écologistes », explique Leïla Rozan, militante NPA.

On s’opposera avec nos élus au financement des entreprises qui licencient, comme la SAM ou Bosch, il n’y aura pas un sou pour ces entreprises qui licencient ou qui délocalisent. » Iñaki Aranceta

« De l’argent, quand il y en a autant, il faudrait que cela serve à la vraie économie, l’économie vivante. Derrière l’extension de Port la Nouvelle, il y a l’arrivée d’énormes quantités de marchandises que l’on pourrait produire en autosuffisance. C’est faire travailler le mondialisme au prix de quoi ? Le bois va venir d’Amérique du Sud ? On cautionne le fait de détruire les forêts tropicales. Pourquoi faire venir du blé d’Algérie ou d’ailleurs, nous sommes capables de produire tout ça. Ce sont des transactions non nécessaires et écologiquement dangereuses », déplore Dalila Belaïd-Artis.

« Non seulement ces projets-là sont catastrophiques, continue Gaëlle Brient, mais en plus ils se font financer par l’argent public. Tout cet argent pourrait aller ailleurs : dans la rénovation des lycées de la région, dans du soutien aux artisans ou aux petites entreprises locales, pour créer de l’emploi local… »

Philippe Poutou à Millau le 11 juin

Au sein de l’« Occitanie Populaire », le NPA défendra des idées qui lui sont chères. Citons par exemple « le refus des licenciements, l’argent public aux investissements publics », « la formation professionnelle sous le contrôle des salariés », « la défense du service public hospitalier », « des postes dans les lycées et un plan de construction et de rénovation des établissements », « des transports gratuits préservant l’environnement », « un aménagement du territoire en accord avec la population », la lutte contre toutes les formes de discrimination et l’ouverture de centres d’accueil pour les femmes victimes de violence, le droit de vote pour les étrangers vivant en France, « l’arrêt des violences policières », une démocratie directe par l’utilisation du Référendum d’initiative citoyenne ou encore faire barrage contre l’extrême droite.

Le Rassemblement National, ce n’est pas non plus par les urnes qu’on va le vaincre, c’est en faisant une politique de défense des droits sociaux. Ça évitera que les gens se bouffent les uns les autres. » Iñaki Aranceta

Localement, les militants NPA se prononcent pour le maintien des hôpitaux à Millau et à Saint-Affrique, pour le financement d’une année blanche supplémentaire pour les intermittents, pour l’annulation de la réforme chômage, contre la vidéosurveillance, notamment dans les lycées, pour la dissolution de la BAC, contre la fermeture de postes dans les écoles primaires, pour l’embauche d’agents dans les lycées…

Le quoi qu’il en coûte, ça coûte toujours aux plus précaires. Nous sommes pour la hausse des salaires, pour la hausse des cotisations. Le ruissellement, nous sommes d’accord, il doit se faire, mais pas d’en haut ». Dalila Belaïd-Artis

Autant de sujets qui pourront être débattus lors d’une réunion publique le vendredi 11 juin à 19 h à la salle René-Rieux avec la venue attendue de Philippe Poutou « himself » qui viendra à Millau défendre la liste « Occitanie populaire ».

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Les candidats

Gaëlle Brient : « Hormis des expériences aux élections municipales, je suis plus connue pour mon engagement syndical que pour mon engagement politique. Je suis quelqu’un de combatif et au plus près des luttes. Ce qui nous intéresse, c’est d’être les porte-voix des luttes actuelles. »

Dalila Belaïd-Artis : « Je me suis surtout engagée au moment des Gilets jaunes, un mouvement qui dépasse les clivages. J’ai trouvé intéressante l’éducation populaire qu’on a vécue autour des barbecues avec des gens de tout bord. C’est ma première expérience dans un parti, mais c’est le seul que je trouvais en adéquation avec mes idées. On se pose en tant qu’anticapitalistes, mais on combat aussi le racisme et on relaie les luttes ».

Titouan Lejeune : Absent lors de la conférence de presse, Titouan Lejeune est un jeune agriculteur en cours d’installation sur le Larzac.

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