[dropcap]I[/dropcap]ls sont heu-reux. Au lendemain du premier tour des élections départementales qui a pourtant vu « L’Aveyron pour tous » d’Arnaud Viala prendre un avantage décisif, les candidats de la gauche réunie sous l’étendard « Le Printemps Aveyronnais » ne sombrent pas dans le fatalisme. Au contraire.
Alors qu’un seul binôme a été élu au premier tour, celui constitué par Bertrand Cavalerie et Cathy Mouly sur le canton Lot et Montbazinois – où ils étaient seuls en course –, les candidats de la gauche aveyronnaise préfèrent voir le verre à moitié plein.
« Nous n’avons pas fait un accord d’appareil ni de casting, ce n’est pas la Star Academy, c’est une élection, c’est sérieux », a déclaré ce matin Bertrand Cavalerie, venu dans la cité du gant soutenir les deux binômes encore en course sur les cantons Millau 1 et Millau 2.
« On peut être très fiers d’avoir des candidats du renouveau, dynamiques, en phase avec la municipalité et qui pourront demain porter les projets innovants sur Millau, positive le premier secrétaire du parti socialiste de l’Aveyron. Deux binômes qui fonctionnent ensemble, c’est pas mal non ? Avoir quatre élus solidaires, nous sommes les seuls à proposer cela. Personne ne pourra se targuer, demain, d’avoir quatre élus en cohérence pour porter les mêmes dossiers. Ça ne pourra exister qu’avec le Printemps Aveyronnais », se félicite-t-il, en omettant de souligner que demain, aussi solidaires soient-ils, les élus du Printemps Aveyronnais seront largement minoritaires dans l’hémicycle départemental.
« On a planté quelques graines, et elles vont pousser »
Peu importe. « On a un projet politique qui est fort, assure Bertrand Cavalerie. Trouver des candidats, on peut le faire. Par contre, trouver un dénominateur commun sur chaque sujet, c’est plus complexe, mais c’est toute la beauté de l’engagement politique. » « Nous sommes partis sur un projet de programme et non sur des personnes », répète en écho Corinne Compan, toujours en lice sur le canton Millau-1 avec Michel Durand.
« On est dans un projet pour l’Aveyron, reprend Bertrand Cavalerie. Ce projet on l’a écrit, il faudra surement le réévaluer, le remesurer, le reconfronter au contexte de demain, dans quelques mois ou quelques années, mais ce qu’on a fait, c’est déjà une démarche exceptionnelle, il faut la garder. On a un espace de travail que l’on doit continuer à investir, la vraie victoire elle est là. On a planté quelques graines, et elles vont pousser. »
« La chose la plus importante, c’est ce rassemblement qu’on a su faire à partir d’une base programmatique commune, s’enthousiasme Corinne Compan. Cela ne s’était jamais fait dans le département. Ça a du sens et c’est très important. On en est fiers et comme dit Bertrand, on est des candidats heureux. »
« Le macadam, c’est génial »
« Les valeurs que l’on porte ont du sens, recontextualise la conseillère départementale sortante. Ce sont des valeurs de solidarité, et c’est ce qu’on défend au quotidien. Il faut que les gens retrouvent confiance en leurs élus, et nous, on est vraiment attachés à être des élus de terrain et à l’écoute de la population. Quand on laisse tomber un poste de députation, ça ne donne pas une bonne image. Quand on s’engage dans un mandat d’élu, on doit l’assumer jusqu’au bout. »
Dans un hémicycle, il faut qu’il y ait du débat. On ne doit pas tous avancer derrière un seul homme. C’est ce qui s’appelle la démocratie. » Corinne Compan
Et Valentin Artal de se demander si les candidats de L’Aveyron pour Tous ou Osons l’Aveyron n’auraient pas par exemple « un complexe à parler de la principale compétence du département, celle des solidarités ».
« Certes, il faut défendre la Bosh, l’emploi industriel. On va pleurer, on va jouer les Cassandre derrière une banderole, mais vous avez beaucoup plus d’emplois dans l’aide à domicile, dans l’économie sociale et solidaire. C’est de l’emploi présentiel, non délocalisable. Mais ce n’est pas glorieux, s’occuper des affaires sociales… des personnes handicapées… des gens au RSA… de l’APA… ce n’est pas glorieux. Par contre, faire des routes c’est génial, le macadam c’est génial », ironise Bertrand Cavalerie.
« Est-ce qu’on peut imaginer redonner du beau sens à la politique ? »
A quatre jours du deuxième tour, les candidats du Printemps Aveyronnais restent « pleinement investis » dans la campagne et comptent sur leurs six binômes encore en lice pour « défendre une autre voie pour l’Aveyron » : Florence Bocquet et Yves Lascoumes (Lot et Dourdou), Corinne Compan et Michel Durand (Millau 1), Valentin Artal et Solveig Letort (Millau 2), Lisa Frayssinhes et Matthieu Lebrun (Rodez 1), Isabelle Courtial et Jean Louis Roussel (Rodez-Onet), Anne Ambrozelli et Clément Carles (Saint-Affrique).
« Dimanche, c’est la démocratie qui est en jeu, assure même Laurent Renaudin (EELV). L’abstention qu’on a eue ce week-end est désastreuse. Les gens doivent faire le choix du renouveau, le choix de candidats ancrés dans les réalités du quotidien, de la solidarité, de l’écologie et de la démocratie au conseil départemental. »
« Est-ce qu’on peut imaginer redonner du beau sens à la politique ? Est-ce que la politique, c’est seulement des alliances, des petites phrases, ou est-ce qu’on redonne du fonds, est-ce que c’est un projet pour les habitants ? Compte tenu des urgences climatiques, sociales, à moment donné, il va peut-être falloir que l’on revienne aux fondamentaux, qu’on arrête d’être dans cette société de zapping et de petites phrases assassines », se demande de son côté Solveig Letort. Qui a oublié qu’elle avait à ses côtés deux maitres en la matière. « J’ai l’impression que le projet de l’Aveyron pour Tous, c’est d’avoir un chef », a déclaré Bertrand Cavalerie. « Osons l’Aveyron, ça fait 72 ans qu’ils sont au pouvoir et qu’ils n’osent pas », a lancé pour sa part Michel Durand…
Quoi qu’il en soit, Le Printemps Aveyronnais se dit « plus que jamais engagé » derrière ses candidats et appelle tous celles et ceux qui le souhaitent à les rejoindre, à voter et faire voter pour eux le 27 juin : « Pour un Aveyron plus solidaire, plus écologique, plus démocratique ! »