Covid et hospitalisation en Occitanie : « La période qui nous attend va être très, très compliquée »

Yannick Périé
Yannick Périé
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[dropcap]C[/dropcap]e mardi 10 août en début d’après-midi, Jean-Jacques Morfoisse, directeur général adjoint de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie, organisait une conférence de presse en visio pour faire un nouveau point sur l’évolution de la situation épidémique et vaccinale en Occitanie. Il était accompagné des professeurs Vincent Bounes, chef de service du SAMU 31, et Jacques Reynes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier. Et de leur propre aveu, « la période qui nous attend va être très, très compliquée ».

Quelle est la situation épidémique en Occitanie ?

La circulation du virus est plus forte en Occitanie que dans d’autres régions de France avec un taux d’incidence toujours supérieur à 400 nouveaux cas / 100.000 habitants et qui se stabilise à un niveau extrêmement élevé de circulation du virus.

« Le niveau de circulation du virus dans la région est stable depuis 10 jours », souligne Jean-Jacques Morfoisse, qui espère avoir atteint « un plateau du pic ».

La stabilité du taux d’incidence moyen cache des disparités au niveau territorial avec une poursuite de l’augmentation dans le Gard, le Tarn et le Lot, une stabilisation dans l’Hérault et le Tarn-et-Garonne et une baisse dans les Pyrénées-Orientales et la Haute-Garonne. Ces disparités s’observent également en fonction de l’âge avec un début de décroissance chez les plus jeunes.

Jean-Jacques Morfoisse note « un taux d’incidence record chez les 20/29 ans, avec près de 1.000 / 100.000 (pratiquement 1 %), même s’il commence à baisser ». Selon le directeur général adjoint de l’ARS, le taux de vaccination des personnes âgées au-delà de 80 ans est « encore perfectible », de même celui des personnes vulnérables avec comorbidité (diabète, obésité…).

Quelle est la situation à l’hôpital ?

La dégradation brutale et rapide des indicateurs impacte aujourd’hui directement nos établissements de santé, ce qui donne « un niveau d’admission en soins critiques inconnu en Occitanie ». On constate une hausse de 34,7 % des nouvelles admissions en hospitalisation conventionnelle et 65,2 % en réanimation, dont le taux d’occupation est actuellement de 35 % (du 2 au 8 août).

Nous avions 69 patients hier au CHU de Montpellier, 96 aujourd’hui (…) Si le passe sanitaire n’est pas protection absolue, puisque nous accueillons quelques cas de personnes vaccinées, cela aurait été un désastre si l’on n’avait pas eu cette augmentation de vaccination au mois de juillet suite à la mise en place du passe. Sans cela, nous serions complètement sous l’eau. » Pr Jacques Reynes, CHU de Montpellier

Quelles perspectives à l’hôpital ?

Une évolution prévisible « exponentielle » des besoins en soins critiques dans la région dépassant les capacités autorisées en réanimation « avant de la fin de cette semaine » et nécessitant le déclenchement du plan blanc le 4 août et l’organisation d’évacuations sanitaires hors région dès aujourd’hui.

En rouge (barre horizontale), le nombre de patients en réanimation que les hôpitaux de la région sont capables d’accueillir en temps normal, en pointillé, le nombre de patients en réanimation que ces mêmes hôpitaux sont capables d’accueillir après le déclenchement du plan blanc.

Jean-Jacques Morfoisse affirme que l’on va « dépasser la capacité régionale avant la fin de la semaine ». Alors qu’on enregistre une forte augmentation des hospitalisations depuis 15 jours, on enregistrait 185 patients en réanimation hier (lundi 9 août) et aujourd’hui nous avons dépassé les 200 patients.

L’ARS Occitanie commence les évacuations sanitaires hors Occitanie, avec trois premiers patients transférés aujourd’hui. « En échange de ce que l’on avait vécu dans le sens inverse », des patients vont ainsi être transférés vers les Hauts-de-France, le Grand Est ou la région parisienne.

Quel est le statut vaccinal des patients hospitalisés ?

La hausse des entrées hospitalières a été essentiellement portée par les personnes non vaccinées qui ont vu leurs entrées en soins critiques pour 100.000 personnes multipliées par 4,1 en trois semaines, contre seulement 1,1 pour les personnes complètement vaccinées (source DREES).

« La courbe rouge montre combien la vaccination protège des formes graves et éviter les hospitalisations », rappelle Jean-Jacques Morfoisse.

Où en est la campagne de vaccination en Occitanie ?

A ce jour, 57 % de la population est entièrement vaccinée et 68,8 % a reçu une première dose. Près de 7 millions de doses ont déjà été administrées en Occitanie.

La mobilisation en faveur de la vaccination se poursuit au plus près des besoins. Les initiatives de promotion de la vaccination, mais aussi du dépistage et des gestes barrières se multiplient dans tous les départements.

En observant « une baisse de la demande de la vaccination », le directeur général adjoint de l’ARS espère que la généralisation du passe sanitaire relancera la demande. Avant  rappeler que « se faire vacciner est la façon la plus simple de cocher la case passe sanitaire »…

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