[dropcap]I[/dropcap]l y a parfois des courriers, des emails que l’on n’oublie pas. Comme celui-ci à propos du Marathon des Causses qui venait d’être créé. Plus exactement cette phrase résumée ainsi : « vous n’avez pas le droit d’appeler votre course « marathon » d’autant plus qu’elle ne mesure même pas la distance du marathon ».
Le Marathon des Causses ne fut pas le premier « marathon nature » ou « marathon trail » créé dans l’univers du running hors route, le meilleur exemple en soi reste le Marathon des Sables, l’honorable et respectable épreuve par étapes, initiatrice et porte-drapeau des courses aventure à travers le monde.
Ce Marathon des Causses est né tout simplement dans le sillage du Marathon des Burons. La réflexion d’un bénévole interpellant les organisateurs était juste : « Il y a la Templière, la VO2, il manque une distance comme celle des Burons. Les Burons, c’est un succès, pourquoi ne pas essayer sur les Causses ? ».
En effet, les Burons avaient été lancés en 2005 prenant le relais d’une Hivernale organisée quatre années de suite sur le plateau de l’Aubrac en janvier et abandonnée compte tenu des risques climatiques. Et lors de cette première édition estivale reliant Nasbinals à Laguiole, 1.400 coureurs s’élancèrent sur le Saint-Jacques de Compostelle sous une canicule infernale… déjà les effets du réchauffement climatique ? Patrick Lothodé en tête de ces pèlerins d’un autre genre, le Poulidor des Templiers, heureux futur vainqueur.
Mais il faudra attendre 2008 pour que les organisateurs se lancent vraiment dans l’aventure d’un « vrai-faux » marathon. Et encore une fois, cette nouvelle carte dans le jeu des Templiers est un atout maître, car ils ont enregistré 750 inscrits et 648 classés pour une première remportée par Etienne Diemunsch.
Le futur triathlète et duathlète n’est pas un inconnu sur nos grands Causses, car avant lui, son père fut l’un des pionniers du trail et des Templiers. Pour cette première édition, le vainqueur était attendu autour des quatre heures d’effort, Etienne, tout jeune espoir « boucle la boucle » en 3h43’ et surprend tout son monde.
Chez les féminines, la parisienne Aurélia Truel quitte ses bords de Seine et pointe le bout de sa frimousse dans l’univers du trail. Elle remporte une belle victoire avant de briller sur le format Templiers pour devenir ensuite internationale, médaillée d’argent au Mondial en 2013.
Puis au fil des éditions, montagnards, trailers, marathoniens et 100 bornards sans clivages, ni querelles de chapelles vont se livrer bataille pour une victoire de plus en plus convoitée. Eric Legat en 2009 international sur 100 km, puis l’arrivée des spécialistes de la montagne avec Raymond Fontaine (2010), Manu Meyssat qui fait coup double en 2012 et 2013, tout comme Céline Lafaye chez les femmes, entre temps Yoan Meudec s’intercale en 2011.
Puis c’est au tour de Benoit Holzerny de s’imposer en 2014 dans une course qui fait de plus en plus de malheureux, car avec seulement 1000 dossards accordés pour environ 850 à 900 partants, il est de plus en plus difficile d’obtenir la clef qui ouvre la porte de ce marathon.
Qu’à cela ne tienne, le Marathon du Larzac est ainsi créé en 2015, un parcours tout trouvé à nos portes, un départ emblématique dans le hameau de Montredon et 400 dossards accordés qui s’arrachent plus vite qu’il ne faut pour lire un recueil de brèves de comptoir. Et qui remporte l’épreuve cette année-là ? Benoit Holzerny en bon marathonien alors que Marie Dohin s’impose chez les femmes. Deux marathons qui ne se nuisent nullement, au contraire, très complémentaires, l’un plus rugueux, l’autre plus assagi, mais tous les deux finalement très très « caussenards ».
A ce jour, après 11 éditions, même si le programme s’est enrichi d’une Boffy, ce Marathon demeure le temps fort du samedi, une épreuve qui se gagne bon an mal an, en un peu moins de 3 heures chez les hommes et 3h30 chez les femmes, un tremplin pour de nombreux trailers tel Romain Maillard victorieux en 2016.
Comme pour la majorité des épreuves du Festival des Templiers, le parcours de ce marathon a toujours évolué, à la recherche d’un équilibre dans la technicité des sentiers et chemins proposés. En premier lieu, une section d’approche pour rejoindre Paulhe et la dure montée à la Croix éponyme et son magnifique panorama, la vallée du Tarn qui s’étire vers le Piédestal à vos pieds.
Puis on bascule rapidement dans le ravin de la Cresse et sa remontée tout aussi sèche, seconde difficulté du parcours. On souffle, de belles pistes forestières font le bonheur des coureurs tels Benjamin Bellamy et Anne-Lise Rousset vainqueurs en 2017. Et ce sont les corniches de la Dourbie qui s’offrent enfin aux coureurs avec la descente technique sur Massebiau puis la remontée délicate sur la corniche de la Pouncho par les Faux Monnayeurs. Du pur élixir « Templiers ».
MARATHON DES CAUSSES (limité à 1100 coureurs), 38 km, 1580 m+. Départ samedi 23 octobre à 12h10.