[dropcap]A[/dropcap]vant d’arriver à Roquesaltes, un large chemin à droite que peuvent emprunter des véhicules tout-terrain s’enfonce dans la forêt, en direction du Maubert, c’est le GR 62a. Après environ 1km 500 tout en descente, nous arrivons aux Cambous (les champs bons). Le nombre de terres cultivables et les murets de séparations que l’on y compte confirment bien cette appellation. En revanche, que penser des ruines dont fait mention la carte IGN ? il ne semble pas y avoir de vestiges si ce ne sont les quelques murets dont nous venons de parler. Une bergerie cependant sur la gauche attire le regard.
Adossée à un rocher, il s’agit de la dernière bergerie qui fut construite dans la commune de Saint-André, et pour laquelle on fit usage également pour la dernière fois d’un four à chaux sur les terres de Nagudet proche de Montplô. Sur le linteau de la bergerie, on peut lire la date de 1897. Sur la porte en bois, les noms des bergers qui furent sur place dans les années 1940 et qui ont voulu laisser une trace de leur passage : Emilien Bion, Thérèse G, Louis…
Cette bergerie ne manque pas de charme avec ses chenaux (canals) en bois et sa citerne à l’intérieur. Elle ne s’est pas toujours appelée « bergerie des Cambous » car la carte d’Etat-Major la mentionne sous le nom de « Bergerie de Luselade », ce nom lui vient du fait de son exposition où elle bénéficie d’une pleine luminosité.
Proche de là, il y aurait un puits dit romain. Pourquoi Romain ? Parce qu’il se présente d’une façon bien particulière : une margelle protège une large excavation à la paroi murée, le long de laquelle un escalier en spirale descend jusqu’au fond du puits. Il est difficile à trouver. Nous sommes ici à 769 mètres d’altitude. Continuons sur la voie sablonneuse qui avance et se divise en plusieurs branches. Il faut contourner quelque peu le GR et nous arrivons à Montplô. C’étaient autrefois des bergeries transformées depuis en résidence secondaire. A ce titre le propriétaire des lieux a demandé la déviation du tracé du GR.
Montplô ou Montpla (replat de versant ou sommet de plateau) se situe à 785 mètres d’altitude. C’est maintenant précédé d’un parc, une belle résidence et une lavogne restaurées. Le compois de 1665 nous apprend qu’à Mont Pla, monsieur de Poumeirols « bailhe » (loue) un terroir « de cent cinquante-deux cesterées deux cartes. Savoir trente-huit cesterées du faible, septante-six cestérées deux cartes du plus faible et trente-huit cestérées de l’infertile à : Jacques Libourel, Jean Delmas, Jean Baldairou, Pierre Biau, Jean Libourel fils de Claude, Anthoine Malzac, Jacques Laget habitants de Saint-André, Nadal Arnal, Jean Vernhet, Jean Bottelier habitants de Bessac ».
Comme nous le précise le compois (faible, infertile), ce terroir dut être d’un maigre rapport. Les co-exploitants connurent-ils des difficultés pour en payer les redevances ? Un acte de déguerpissement (abandon) retrouvé par Pierre Solassol le laisserait supposer : 18 mai 1686. Acte de déguerpissement et d’abandon fait entre les mains de Monsieur de Pomayrols par plusieurs tenanciers qui avaient licence de venir paître leur bétail gros et menu dans les bois et terroirs de Mont Pla sis en la paroisse de Saint-André de Vesines. Monsieur de Pomayrols accepte ce déguerpissement et décharge lesdits tenanciers de la censive qu’ils payaient (Jean Lafon, notaire à Peyreleau, F° 76 recto, Liasse 10, 216)
Notons dans le Parc une croix placée là par Etienne Cartayrade en 1986.
Marc Parguel