Quelques interrogations citoyennes
Plus de 30 personnes verbalisées à Millau à partir des images des caméras municipales. Un premier militant du mouvement social convoqué, au tribunal de Millau, début octobre concernant une amende liée à une reconnaissance faciale par les caméras de la ville.
Notre ville est-elle en route vers une surveillance permanente de ses habitants ? Faut-il se méfier de l’œil qui voit tout, et tout le temps ?
Pour faire avancer la réflexion, et le débat démocratique, le collectif « Millau, ville de Liberté Globale» a interrogé par courrier notre maire, Madame Gazel, sur les orientations qu’elle souhaite donner à notre ville en matière de vidéo surveillance.
Depuis quelques semaines, des affichettes au pied des caméras du centre-ville, incitent les passants à s’interroger sur la présence et le rôle des 48 caméras municipales.
La réponse de Madame Gazel… et de ses conseillers
Madame Gazel a d’abord répondu par écrit au questionnaire de notre collectif. Enfin, quatre membres du collectif ont été reçus mercredi 17 novembre, à la mairie de Millau par Laurent Bonard, directeur de cabinet de madame la maire et Valentin Artal, adjoint à la citoyenneté et membre du nouveau comité d’éthique attaché à l’utilisation des caméras.
Mme Gazel nous confirme que 45 caméras fixes sont actuellement en service et 3 mobiles.
Points positifs et engagements
Dans sa réponse écrite, la maire se réjouit de nos interventions qui font progresser la réflexion des élus.
– Elle ne souhaite pas déployer de nouvelles caméras. Mais ne manifeste pas sa volonté d’en supprimer non plus…
– Le conseil municipal s’est engagé à ne pas associer d’intelligence artificielle (IA) au dispositif des caméras.
– Il souhaite augmenter la présence des policiers sur les espaces publics au contact des habitants.
– Nous avons rappelé à MM. Bonal et Arnal que la présence de policiers armés de LBD sur le marché, pour vérifier des attestations COVID lors du confinement, a choqué beaucoup de Millavois. La mairie a de son côté pris la décision de ne pas armer davantage les policiers municipaux.
Les points plus litigieux
– Nous regrettons de ne pas avoir eu accès aux statistiques du suivi des infractions et délits sur la ville pour évaluer l’efficacité éventuelle des caméras vidéo sur la délinquance. De nombreuses études dans d’autres villes soulignent, en effet, le peu d’efficacité des caméras à faire baisser les chiffres de la criminalité. Monsieur Bonard s’est engagé à les récupérer et nous les communiquer.
– La principale efficacité reconnue des caméras est davantage, de déplacer les problèmes de criminalité dans des espaces sans caméras, que d’élucider des enquêtes policières.
– A la question, pensez-vous que l’installation de ces caméras était nécessaire, le directeur du cabinet de Madame Gazel a répondu que nos élus ne s’étaient pas posé la question en ces termes, mais qu’ils ne souhaitaient pas les démanteler.
– Les concepteurs des logiciels de traitement des images sollicitent régulièrement la mairie pour l’inciter à augmenter les capacités d’analyse des équipements actuels avec notamment l’utilisation de l’IA (Intelligence Artificielle).
– Nous apprenons aussi que la police nationale réclame de plus en plus souvent les données des outils de vidéo surveillance municipaux.
Et si tous ces outils tombaient dans de mauvaises mains ?
Sans sombrer dans la paranoïa, ce questionnement vient spontanément se poser pour le futur de notre ville . Les technologies actuelles, et surtout celle d’un futur très proche, soulèvent automatiquement des questions politiques. Dès aujourd’hui, à Millau existe un outil de surveillance de la population tout prêt pour un régime autoritaire local, ou national ! C’est tout de même très inquiétant…
N’oublions pas que des dérapages ont déjà eu lieu. Les amendés de mai 2020 peuvent vous en parler. Leur procès est reporté au 24 mars au tribunal de Millau.
Certaines caméras ont la possibilité de zoomer près de 500 fois, elles peuvent donc lire ce qui s’affiche sur votre portable ! Même si ce n’est officiellement pas encore autorisé… Elles peuvent enregistrer tous vos déplacements, rencontres, ou comportements. On peut toujours avoir quelque chose à vous reprocher. Tout dépendra de qui sera derrière la caméra …
L’enjeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
Plus de surveillance est toujours synonyme de moins de liberté. Dans une petite ville, assez paisible, comme Millau, sommes-nous prêts à renoncer à notre intimité et à notre convivialité pour une baisse très hypothétique de la criminalité ?
Nous invitons très sincèrement nos élus à supprimer toutes ces caméras, à prendre exemple sur les villes comme Issy-les-Moulineaux qui les refusent et n’ont pas plus de délinquance ou de criminalité que d’autres cités de même taille.
En tant que contribuables, nous préférons financer des éducateurs de rue plutôt que des caméras, qui pour rappel ont coûté 500 000 € à la ville !
Collectif Millau ville de Liberté Globale
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