Millau. « Oubliés du Ségur », les médico-sociaux sont dans la rue

Yannick Périé
Yannick Périé
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Les représentants des Charmettes dénoncent « la nouvelle direction plus comptable » de l'établissement millavois.

Ce mardi 7 décembre, comme partout en France, les personnels du secteur médico-social des établissements du Sud Aveyron se sont donné rendez-vous à Millau pour dénoncer « les inégalités du Ségur de la santé ».

[dropcap]I[/dropcap]ls sont infirmiers, éducateurs, assistants sociaux, aides-soignants, agents administratifs, psychologues, puériculteurs, techniciens, intervenants éducatifs, sages-femmes… Tous étaient là aujourd’hui, devant la Maison des Solidarités Départementales à Millau, pour mettre en lumière « l’état d’abandon dans lequel se trouve le social et le médico-social ».

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« On revendique simplement la reconnaissance de notre travail alors que nous sommes les oubliés du Ségur de la santé. On aimerait être pris en compte comme ceux de l’hôpital », résume Carlos Orbea, assistant social employé par le Conseil départemental. En ligne de mire, la fameuse revalorisation de 183 € obtenue par des professionnels financés par l’ARS suite au Ségur de la santé, alors que certaines catégories de professionnels du médico-social, souvent financés par les conseils départementaux, restent exclues de ces mesures.

« On demande l’égalité pour tous et une convention collective commune de haut niveau », explique Pierre-Jean Girard, du syndicat Sud Santé.

Réunion (et nouvelle grève ?) le 17 décembre

Outre les revendications salariales, une meilleure considération des travailleurs sociaux est souhaitée. « Tout le monde se dit débordé, fatigué, épuisé et démotivé. Certes, la crise du Covid n’a rien arrangé, mais elle ne doit pas nous faire oublier les choix de restrictions budgétaires et les manques de moyens que nous dénonçons depuis 10 ans », pestent les manifestants.

Les grévistes, ici devant la Maison des Solidarités, ont aussi manifesté sur la place du Mandarous. (DR)

« Un tiers des référents de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ont quitté le service en 2020 », prend pour exemple Sabine Bouquié, psychologue à la Maison départementale. « C’est énorme et inédit, et ça en dit long sur le malaise. Et l’hémorragie ne s’arrête pas là, car en 2021, d’autres collègues ont postulé sur des postes hors ASE ».

Autre exemple, celui des assistants familiaux, dont les démissions et licenciements seraient « très fréquents ». « 963 € net pour l’accueil d’un enfant, comment peut-on vivre avec si peu de salaire ? », se questionne Sabine Bouquié.

Le malaise des assistants sociaux généralistes, « variable d’ajustement du social, sollicités au gré des politiques sociales », celui des agents administratifs spécialisés « qui doivent sans cesse remplacer les absences de leurs collègues généralistes (« et inversement ») », ou encore celui des puériculteurs et infirmiers de la PMI « très rarement remplacés car leur service n’est pas considéré comme prioritaire », sont également mis en avant.

« Grands oubliés du monde salarié », les agents du social et du médico-social dénoncent en outre le gel du point d’indice depuis juillet 2010, « une sanction injuste vécue par tous les fonctionnaires ».

Alors qu’ils seront reçus le 17 décembre par les responsables du Conseil départemental de l’Aveyron, les agents du social et du médico-social réfléchissent actuellement à un nouveau préavis de grève ce même jour « afin de montrer notre détermination à nos employeurs ».

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