L’actrice Laure Calamy au cinéma de Millau

Fanny Alméras
Fanny Alméras
Lecture 9 min.
Laure Calamy. © Tandem Distribution

[dropcap]L[/dropcap]’actrice Laure Calamy sera présente au cinéma de Millau vendredi 14 janvier pour présenter son dernier film « Une femme du monde » et pour l’avant-première nationale du documentaire « Micmac à Millau, des paysans face à la mondialisation », en compagnie des deux réalisateurs.

Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique, après plusieurs prestations remarquées par la critique au théâtre et au cinéma, Laure Calamy est révélée sur le petit écran par la série « Dix pour cent » en 2014. Césarisée en 2021 pour sa interprétation magistrale dans « Antoinette dans les Cévennes », dans son dernier film, elle joue le premier rôle dans « Une femme du monde » de Cécile Ducrocq.

Récemment, elle est devenue la voix du démontage du MacDo de Millau dans le documentaire « Micmac à Millau, des paysans face à la mondialisation » réalisé par Karine Bonjour et Gilles Pérez.

Vendredi 14 janvier, il sera projeté au cinéma de Millau en présence des deux réalisateurs et de l’actrice qui a posé sa voix sur ces évènements.

La réalisatrice Karine Bonjour explique pourquoi ils ont choisi Laure Calamy.

« Il y a trois raisons à ce choix : la première c’est que nous voulions une voix de femme car il y a beaucoup de testostérones dans ce film, pour rééquilibrer. Ensuite, Laure Calamy est une grande comédienne, et la dernière raison c’est qu’elle est engagée et sensible à ce qu’il se passe autour d’elle notamment dans le monde rural. Elle porte un certain regard sur la société et sur le monde, on voit bien qu’elle ne vit pas dans une tour d’ivoire, c’est ce qui nous a intéressés. »

Pour tout vous dire, en lançant l’invitation à une actrice comme elle, on le fait en se disant que ça ne va pas marcher, surtout pour une première fois. Mais elle a dit oui tout de suite et elle l’a super bien fait, avec beaucoup d’engagement et d’humilité.  Nous l’avons laissée assez libre, nous voulions la femme Laure Calamy qui raconte cette histoire, elle y a mis beaucoup d’elle-même. »

Pour l’actrice, la forme était nouvelle, le fond, un sujet qui la concerne.

Millavois.com : C’est un registre dans lequel on ne vous attendait pas particulièrement, cet exercice est nouveau, ne mettre en scène que sa voix est il plus difficile pour vous que d’être face à une caméra ?

Laure Calamy : « J’adore ça ! Ça ne me dérange pas du tout d’être en retrait, à partir du moment où l’on raconte une histoire. Dans le documentaire, c’est la voix d’aujourd’hui qui accompagne les images, les interviews. Il faut accompagner les images et le mouvement des choses de manière à faire sentir une pensée. C’est à la fois être en retrait et amener quand même de la vie ».

Connaissiez-vous l’histoire du démontage du McDo de Millau ?

« Oui, j’ai voulu faire ce documentaire parce que c’est un sujet qui me passionne, à l’époque j’étais jeune, mais je l’ai suivie de près. Je trouve ça génial d’avoir fait un documentaire sur ce mouvement. J’avais oublié que c’était parti d’une décision des États-Unis de taxer le Roquefort qui a donné naissance à cette lutte. C’était un peu David contre Goliath au départ, mais c’est galvanisant aujourd’hui de voir que ce qu’ils ont fait à l’époque a donné lieu à une prise de conscience générale en France sur ce qu’on mange et ce qu’on fait en agriculture. À l’époque, c’était un sujet encore peu connu, depuis on voit que la désobéissance civile avec par exemple le fauchage des OGM a réveillé les gens. C’est beau de revoir ce parcours et on a envie que ça continue, on a envie d’une autre révolution ! »

C’est un sujet auquel vous étiez déjà sensible et dans lequel vous êtes davantage engagée dans votre quotidien aujourd’hui ?

« Complètement, mes grands-parents maternels étaient des petits paysans, la ruralité je la connais un peu ! Il y a longtemps que je regarde ce que j’achète, les étiquettes, de quoi les choses sont faites. Je ne fréquente pas les McDo et autres et j’essaie au maximum d’acheter local, d’aller sur des marchés, de ne pas générer trop d’emballages ».

Ce combat contre la malbouffe, mené comme il l’est aujourd’hui, est-ce qu’il suffira à rétablir un équilibre plus juste et une consommation moins polluante et plus raisonnée. N’est-il pas un peu perdu d’avance ?

« Ce que les lanceurs d’alertes et les évènements comme le démontage du MacDo ont montré, c’est le pouvoir qu’a le citoyen par sa consommation. J’ai l’impression que les choses changent, par exemple, les cantines se tournent de plus en plus vers le bio, le local, on a envie que les enfants mangent mieux, de lutter contre l’obésité.

Je ne pense pas que ce soit perdu d’avance, mais c’est sûr qu’il n’y a pas de véritable volonté politique à ce sujet, on regarde ailleurs comme dans le film « Dont’ look up ». Il y a quand même une prise de conscience d’une part de la population qui grossit peu à peu, notamment auprès des jeunes soucieux de tout ça, mais c’est tellement de choses à faire et à inventer. J’ai malgré tout confiance en la jeunesse pour ça ! »

« Une femme du monde »

Lors de son passage à Millau Laure Calamy présentera également le film « Une femme du monde » le premier long-métrage de Cécile Ducrocq, dans lequel elle incarne, aux côtés de Nissim Renard une prostituée qui se bat corps et âme pour payer des études à son fils. La séance est prévue à 18h.

Si les deux univers sont très éloignés, il n’en demeure pas moins que comme le documentaire, le film traite de sujets de société, de rapports humains, de militantisme et même de la mondialisation…

« Le sujet du film, c’est avant tout l’histoire d’une mère et son fils, il se trouve qu’elle est prostituée, mais c’est une femme comme une autre qui se bat comme une lionne pour que son fils s’en sorte. C’est une prostituée indépendante qui est aussi confrontée à la mondialisation ! Elle fait partie d’un collectif, se bat pour ses droits, contre la précarité des filles. Le point commun avec le documentaire c’est aussi le collectif. À certains moments, on voit l’héroïne avec ses camarades dans son mouvement militant. Ce personnage est romanesque, il y a dans ce film un souffle un peu comme dans certains films de Ken Loach, c’est une fable qui emporte… Il est très fort et j’en suis très fière ! » conclut l’actrice.

[box type= »info » align= » » class= » » width= » »]18h Une femme du monde

20h30 « Micmac à Millau, des paysans face à la mondialisation » en avant-première nationale suivi d’une rencontre débat avec les réalisateurs et l’actrice. Entrée libre[/box]

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