Le Castellas, alias Préveyrac (Commune de Millau, causse Rouge)

Marc Parguel
Marc Parguel
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Le Castellas (15 janvier 2022). © Marc Parguel

[dropcap]S[/dropcap]i, de Sauvebiau, vous vous rendez à Saint-Germain par la départementale 911, vous apercevrez à quelques mètres de celle-ci sur votre droite, la ferme du Castellas dressée sur le versant ensoleillé d’un contrefort du pic d’Andan.

Désignée sous le vocable de « mas de Préveyrac » jusqu’à la Révolution, on ne s’explique pas pourquoi elle changea de nom à cette époque. Malgré son âge vénérable, sa bâtisse aux pierres rejointées a encore fière allure. Par ses voûtes et ses portes plein cintre, elle rappelle qu’elle fut jadis un prieuré.

Ce lieu fut donné par testament, en 1222, aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, par Bernard de Tauriac (Cartulaire de Notre-Dame, cité par l’abbé Rouquette).

Jules Artières ajoute : « Les cadastres de la ville de Millau nous apprennent que cette ferme appartenait, aux XIVe, XVe et XVIe siècles, au Monastère de Cassan ; Moss, lo Prio de Cassa est imposé de ce chef, en 1488, pour la somme de 250 livres. » (Messager de Millau, 1er décembre 1906)

À l’époque des guerres civiles du XVIe siècle, les biens appartenant aux Congrégations ayant été saisis et vendus par l’autorité publique (tout comme on le fait aujourd’hui), la métairie de Préveyrac subit le sort des autres propriétés religieuses.

Elle fut acquise par le sieur Albert Daures, marchand, de Millau, au prix de 700 livres tournois. Cette vente fut faite par Odoin de Guirard, seigneur de Villecomtal, capitaine de Millau, « chargé par les princes de Navarre et de Condé de la vente et de la perception des biens ecclésiastiques et dont les sommes en provenant devaient être employées pour le service de Dieu, du Roy, conservation de son Estat et Corone, et de la liberté de conscience octroyée, par ses Édits » (Archives départementales, E.116).

Des aménagements ultérieurs lui avaient donné l’allure de château, puisque dans un état de diocèse de Rodez, Préveyrac était tantôt qualifié de prieuré, tantôt de château. Château par ses amples cheminées, le fronton de sa porte d’entrée et ses fenêtres à meneaux dont il faut déplorer la mutilation.

Le cadastre de 1720 mentionne Cartaillac (avoué) comme possesseur du domaine de Préveyrac. © Marc Parguel

Préveyrac apparaît avec 1 maison et 7 habitants dans le dénombrement dressé par l’abbé Grimaldi en 1788 (bénéfices du diocèse de Rodez). Une tradition orale, non confirmée, y situait un souterrain qui aboutissait au jardin comme porte de sortie. Quoiqu’il en soit, il fut vendu en 1793 comme bien national pour la somme de 15 485 livres 19 sols (estimation du notaire et expert Jean Lafon, feudataire).

Le jardin devant le domaine. © Marc Parguel

Voici comment le domaine était décrit lors de sa mise en vente le dimanche 30 janvier 1791 :

« Un domaine, dit de Préveirac, municipalité de Millau, paroisse de Saint-Germain, au prieuré de Notre-Dame de Cassan (près de Béziers), composé de maison, grange, jasse, bassecour, jardin, pré, champs, devois, hermes et pâturages, formant un corps de domaine contigu, traversé du levant au couchant par la grande route de Millau à Rodez et du nord au midi par un fossé, de la contenance portée au cadastre de Millau, sauf ce qui a été emporté par la grande route sur la longueur de 377 cannes sur 8 cannes de large, confrontant du nord, qu’est le chef, terres de François Brouillet, de St-Germain, et terres de Pierre Austruy, de Sauvebiau, au levant led. Austruy et terres de Jean Lacombe, la crête de la montagne entre deux et passant sur lad. crête confronte du nord la pièce dudit Lacombe jusqu’au susdit grand chemin, et traversant led. grand chemin confronte du nord incliné en partie au levant champ dud. Austruy, fossé entre deux, reprenant le droit levant terres de Dalbis et sa métairie de la Borie Blanque.

Au Midi, celles de la Borie-Blanque et le valat de Pourcayras ; au couchant, le terres de Pierre Forestier et de J.-Pierre Guary, le tout estimé, le 2 décembre 1790, par Jean Lafon fondataire, notaire et expert à la somme de 15 485 livres 19 sols » (Verlaguet, ventes des biens nationaux de l’Aveyron).

© Marc Parguel

Le premier acquéreur des biens de Préveyrac en fut François Loirette. Par la suite, le domaine renommé « Le Castellas » devint la propriété de M. Carrère avant de passer à la famille Combes dont les « Gayraud -Sévigné » sont les descendants directs.

Marc Parguel

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