[dropcap]E[/dropcap]n préambule du conseil de la communauté de communes, jeudi soir, la présidente Emmanuelle Gazel a fait un aparté sur l’hôpital médian, en expliquant aux conseillers les raisons qui avaient poussé le comité technique à désigner le site de Vergonhac pour accueillir le futur établissement de santé du Sud Aveyron.
On apprend que d’emblée, le site de Beaumescure sur le Larzac a été « un peu exclu », « parce qu’il ne fait pas partie de l’armature urbaine de développement du SCOT (Schéma de cohérence territoriale), ni du schéma des déplacements », les axes privilégiés étant ceux de Millau – Saint-Affrique et l’A75.
Concernant l’urbanisme, « le seul des trois lieux qui soit immédiatement constructible c’est Vergonhac, a assuré Emmanuelle Gazel. Les autres sont en zones agricoles ou naturelles. Il y avait sur les autres une contrainte de révision du PLUi avec de possibles recours et des contraintes de compensations pour urbaniser des terres qui ne sont pas prévues pour l’urbanisation ».
La topographie et la taille ont également été étudiées. « Tous les terrains étaient plats et l’ARS nous avait demandé de trouver au moins 5 hectares, c’était le cas de chacun. La propriété a été également étudiée, et le seul dont on ait la maitrise foncière, c’est encore une fois Vergonhac, propriété de la communauté de communes, les autres étant en propriété privée. »
Les ressources en eau, en énergie, l’assainissement, la fibre… ont été passés au crible. « Tout est déjà disponible à Vergonhac, tous les réseaux, secs, humides… et à ce jour rien sur les deux autres lieux, note Emmanuelle Gazel. La voirie, les réseaux routiers, les transports en commun, les temps d’accès ont également été étudiés et idem, la zone qui est d’ores et déjà la mieux desservie est celle de Vergonhac. Les transports en commun desservent déjà mieux cette zone-là – même si aujourd’hui ils ne s’arrêtent pas – que l’hôpital du Puits-de-Calès ».
J’aurais évidemment préféré un modèle qui nous permette de conserver et d’investir dans nos hôpitaux de proximité de façon à ce qu’ils puissent rester fonctionnels et attractifs. Mais l’organisation de la santé c’est une politique qui dépend de l’ARS et pas des collectivités locales, dont acte. »
Emmanuelle Gazel, maire de Millau et présidente de la communauté de communes
Tous ces éléments ont été transmis pour le comité de pilotage qui a eu lieu le 1er février. Un comité qui comprenait les maires de Saint-Affrique et Millau, Sébastien David et Emmanuelle Gazel, le président du département Arnaud Viala, la présidente de Région Carole Delga, le sénateur Alain Marc, le directeur du CHU de Montpellier Thomas Le Ludec, le directeur de l’ARS Pierre Ricordeau, la directrice du CH Millau – Saint-Affrique Sylvie Marty.
« Trois ans d’études et trois ans de travaux »
« Nous avons fait le constat qu’il y avait véritablement un site bien mieux adapté que les autres, explique Emmanuelle Gazel. Il y a aussi la question de l’urgence à agir, du fait que l’on est dans une sorte d’alignement des planètes. On avait évoqué le Projet Médical de Santé du Sud Aveyron, qui ne permet pas de faire seulement Millau + Saint-Affrique mais permet d’aller au-delà. On pouvait redouter que le 1 + 1 n’égale pas 2. Ce sera finalement plus que deux puisque ce sont des lits en plus que l’on projette d’avoir avec ce projet médical du Sud Aveyron. Il y a le Ségur de la Santé grâce auquel l’Etat s’engage à nous donner des financements pour la construction de cet hôpital neuf, et puis il y a le consensus partagé par les élus du territoire pour le lieu d’implantation ».
« C’est historique, cela fait 20 ans, peut-être 30 que cette question de l’organisation de l’hôpital du Sud Aveyron est compliquée », a rappelé la présidente de la communauté de communes.
Les patients du Sud Aveyron devront néanmoins attendre encore quelques années avant de profiter de ce nouvel équipement de santé. « Si tout va bien, on est parti grosso modo sur trois ans d’études et trois ans de travaux, précise Emmanuelle Gazel. On est sur du 2028, si tout va bien. Quoi qu’il en soit, il faut qu’on ait terminé l’investissement avant 2030 pour bénéficier du Ségur de la Santé. Il y a donc urgence à agir et avoir un engagement ferme de l’Etat avant les élections présidentielles. »
La présidente de la communauté de communes a par ailleurs affirmé qu’un travail continuait d’être fait pour que les SSR (soins de suite et de réadaptation) et les SLD (soins de longue durée) puissent rester dans les villes de Millau et Saint-Affrique.