[dropcap]A[/dropcap]près la mise en liquidation de l’usine Canat en 2020 et une promesse de vente signée en décembre 2021, l’association Emmaüs de Millau a finalisé l’achat des bâtiments de l’ancienne usine Canat ce mardi 15 février chez un notaire millavois pour une somme d’environ 2 M€.
Un risque à prendre
C’est une date historique pour le président de l’association Emmaüs, Hervé Durand, et les 40 adhérents bénévoles du bureau qui cherchaient désespérément à déménager depuis plus de cinq ans. Hervé Durand confie que « c’était un pari compte tenu des conditions imposées par la liquidation et du peu d’informations dont il disposait au sujet de l’état du bâtiment et donc du coût des travaux, mais que c’était un risque à prendre par la force des choses ». En effet l’association s’était positionnée sur des ventes de bâtiments ou de terrains qui ont finalement toutes avorté pour des raisons diverses.
« Quand j’ai appris presque par hasard au cours d’une conversation, que le liquidateur lançait un appel d’offres, il ne restait déjà plus beaucoup de temps avant sa clôture. J’ai immédiatement lancé une assemblée générale extraordinaire pour tout mettre en œuvre et finalement faire une offre de prix deux jours avant l’échéance ».
Cette offre de prix ferme sans clauses suspensives avec 10 % d’acompte immédiat sera plus haute que les autres et finalement acceptée : elle marque un virage important dans la vie de l’association millavoise.
Pas de gros travaux
Le président explique qu’il n’y aura pas de gros travaux (environ ¼ du budget d’achat) et que les aménagements seront faits dans le bâtiment existant de 5250 m2 sur 9484 m2 de terrain. L’espace de vente occupera 1800 m2 de plain-pied et sera accessible pour les livraisons et les enlèvements ainsi qu’aux personnes à mobilité réduite. Il accueillera un important stock de marchandises, dont un certain pourcentage de matériel neuf à petit prix.
Les entrepôts prendront place au rez-de-chaussée en raison des règles du PLUiH (Plan Local intercommunal), car le terrain est en zone inondable (zone 3).
La partie administrative des lieux sera gardée telle qu’elle est, avec un simple rafraichissement pour y installer les bureaux et développer la vitrine Internet (tous les objets en vente sur le site de l’association) et accueillir « SOS Familles ». Le site sera intégralement mis aux normes en vigueur notamment celles qui régissent les ERP (Etablissements Recevant du Public).
Un appartement existant au rez-de-chaussée sera, après quelques travaux, à la disposition des compagnons qui pourront y être momentanément logés. D’autres investissements seront réalisés au cours des années à venir.
Démonter et réutiliser
L’ADN d’Emmaüs c’est d’aider. A Millau, grâce à un espace de vente important, l’association œuvre en ce sens, en donnant une nouvelle vie à des objets qu’ils vendent au profit des plus nécessiteux. Dans l’ancienne usine, la volonté première sera, dans le même esprit, de conserver et de réutiliser tout ce qui pourra l’être ou d’en faire profiter d’autres communautés Emmaüs. Des poutres IPN et du plancher seront réutilisés sur place, le surplus des poutres métalliques pourrait par exemple rejoindre Albi ou Rodez pour des projets de hangars.
L’ouverture décalée à la fin de l’année
L’ouverture du nouveau centre initialement prévue pour la fin du premier semestre 2022 a été décalée suite à un cambriolage. En effet, l’usine a été squattée quelques jours et pillée en 2021. Les dégâts sont considérables puisqu’ils font grimper la facture d’électricité de 50 000 €. Les voleurs ont dérobé tous les câbles (pour la valeur du cuivre estimée à environ 10 000 €) et considérablement endommagé du matériel électrique et en partie saccagé les lieux. L’un d’eux a même fait ses besoins au pied d’un escalier…
Malgré tout, les membres d’Emmaüs Millau ne perdent pas leur motivation et les membres du bureau sont activement impliqués dans ce projet qui devrait voir le jour à la fin de l’année et petit à petit donner naissance à d’autres dans le lieu de tous les possibles !
L’ancien bâtiment transformé
En attendant, les locaux de la rue de la Condamine, propriété de l’association, continuent de fonctionner comme d’habitude. Un projet est à l’étude avec des bailleurs sociaux pour imaginer un programme de logement sociaux et d’urgence.
Dans les grandes lignes, le bailleur social prendrait en charge les travaux et l’intégralité de la gestion locative et de ses revenus pendant une quinzaine d’année et l’association demeurerait propriétaire des murs pour récupérer l’intégralité de la gestion ensuite, avec un tiers partenaire. Plusieurs propositions ont émergé, une fois finalisées, elles seront présentées en conseil d’administration pour être étudiées et voir élire la proposition de la structure qui deviendra le partenaire du comité Emmaüs pour un retour aux fondamentaux du mouvement d’offrir un toit aux gens.