Le puits romain de Pierrefiche du Larzac (La Roque-Sainte-Marguerite)

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© Jyb Devot

[dropcap]D[/dropcap]irection Pierrefiche cette semaine en bordure du Causse du Larzac appelé ainsi en raison d’un menhir (petra fixa) situé au sud-est du village. Pierrefiche est mentionné dans un acte de 1070. Assurément ce village devait être habité bien avant. On a trouvé au nord de la ferme du Sot en 1926 sous un clapas, un dolmen, qui a été fouillé par Louis Balsan en 1932.

A un kilomètre et demi environ au nord-nord-ouest de ce dolmen du Sot (situé à environ 300 mètres au nord de la ferme du même nom), 500 mètres au sud sud est du village de Pierrefiche, se trouve un menhir, monolithe en calcaire du pays. Il a été christianisé par l’adjonction à son sommet d’une croix de fer. C’est probablement ce mégalithe qui a donné son nom au village de Pierrefiche. Au pied de ce menhir, situé à la jonction de deux chemins, se trouvait jadis une grande aire pavée (d’après une tradition conservée dans le pays (Louis Balsan, procès-verbal de la société des Lettres, séance du 9 avril 1934, tome XXXII).

Menhir christianisé de Pierrefiche (21 avril 2017). DR

Dans la partie nord-ouest du village, un grand puits creusé, semble-t-il, sur une fissure laissant sourdre un filet d’eau souterraine, se trouve près d’une maison neuve du village. Pour l’atteindre, il faut ouvrir à partir de la rue, un portillon métallique placé là pour des raisons de sécurité et poursuivre une cinquantaine de mètres avant de trouver cet ouvrage à ciel ouvert.

Son escalier en spirale accolé à la paroi lui a donné le nom de « puits romain »

DR

Propriété communale, c’est le plus important de tous les puits romains (d’une hauteur de 7,50 m pour 5,80m de diamètre). Aussi l’arrivée au bord de cette excavation est impressionnante.

C’est une œuvre collective érigée en matériaux locaux, bruts de taille et bâtis en pierres sèches.

On se fait une réelle idée de l’ensemble qu’avec un peu de hauteur. C’est pour cela qu’André Fages a pu, à l’aide d’une échelle, prendre le cliché qui suit.

© André Fages

Pujol et J. P. Séguret, nous en font la description : « L’escalier débute par quelques marches en encorbellement pour venir ensuite s’appuyer sur le rocher. De forme tronconique, il s’adosse en plusieurs endroits à la masse rocheuse. La partie inférieure de la construction semble de facture plus ancienne. Sur le pourtour, on remarque des restes de murs en gros appareil» (d’après Les puits « romains » des causses, revue le Caussenard, juillet, août, septembre 1986).

Cette œuvre « antique » était très certainement en son temps éloigné de toute habitation, sur un lieu de passage, tendant à confirmer l’hypothèse d’une édification antérieure aux Romains, liée à la transhumance. Ce puits  a dû apporter une solution aux problèmes de l’eau et permis la pratique de l’élevage sur les Causses. Son utilisation s’est poursuivie jusqu’au milieu du XXe siècle. Des vestiges de murs laissent supposer la présence de protections et d’enclos servant à parquer les troupeaux. Contrairement aux lavognes, la présence de l’homme était indispensable pour abreuver les bêtes. On imagine le travail de forçat des bergers chargé d’outres ou de seaux en bois descendant et remontant l’escalier pour aller déverser l’eau dans des abreuvoirs faits de troncs d’arbres refendus et creusés pour alimenter un troupeau de quelques centaines de bêtes.

Le puits romain de Lamayou (19 décembre 2016). DR

Notons que d’autres puits romains existent encore aux environs de Millau (Le Valat Nègre, Les Fangettes sur le Causse Noir, mais aussi Lamayou, près du centre aéré de Notre-Dame de la Salvage). 

Marc Parguel

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