Millau. Trois médaillés lors de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie

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Maurice Daize, président du comité local de la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie (FNACA).

[dropcap]A[/dropcap] l’occasion de la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, une cérémonie avait lieu ce samedi 19 mars à 18h30 au Parc de la Victoire.

On notait la présence d’Emmanuelle Gazel, maire de Millau, Michel Durand, adjoint délégué aux Anciens Combattants, André Joachim, sous-préfet de l’arrondissement de Millau, Maurice Daize, président du comité local de la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie (FNACA), Jean-Marc Gallois, Président du Comité d’Entente des Anciens Combattants et Arnaud Viala, Président du Conseil départemental de l’Aveyron.

Michel Durand, adjoint délégué aux Anciens Combattants.

Au cours de cette cérémonie, le sous-préfet de l’arrondissement de Millau, André Joachim, a donné lecture du message national de la ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq.

« Il y a 60 ans, après un long processus et de difficiles négociations, dans un contexte d’exacerbation des violences, des accords étaient signés entre les représentants du Gouvernement de la République française et ceux du Gouvernement provisoire de la République algérienne. Signés le 18 mars 1962, les accords d’Evian prévoyaient un cessez-le-feu applicable dès le 19 mars à midi sur tout le territoire algérien. La paix n’était pas encore là, mais un horizon se dégageait pour la sortie de guerre.

André Joachim, sous-préfet de l’arrondissement de Millau.

Avec tous les bouleversements que cela impliquait. Avec tous les drames intimes et collectifs qui ont surgi. Avec les violences et le cycle des représailles qui ne se sont pas éteints après le 19 mars.

Pour beaucoup, sur les deux rives de la Méditerranée, il y eut un avant et un après. Il y eut une multitude de sentiments, une avalanche de ressentiments, une pluralité de réactions et de douleurs, le voisinage du soulagement et de la détresse. Cette diversité et ces blessures sont la source de la mémoire plurielle et fragmentée de la Guerre d’Algérie.

Pour des milliers de soldats, des appelés et rappelés du contingent, des militaires de carrière, des forces de l’ordre de métropole et d’Afrique du Nord, c’était la possibilité d’un retour prochain dans leur foyer, c’était aussi pour certains l’amertume de la situation militaire.

Près de 30.000 d’entre eux avaient été tués, près de 70.000 blessés. Parmi ceux qui en sont revenus, aucun n’a oublié ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu, ce qu’il a entendu. Près de deux millions d’appelés et de rappelés ont servi en Afrique du Nord, pendant 18, 28 ou 30 mois. Etudiants, jeunes cadres, ouvriers, agriculteurs, artisans, employés, c’est toute une génération, toute une société, qui a été marquée par cette guerre et qui le reste aujourd’hui. Notre France en est l’héritière.

Yves Merle a été décoré de la médaille de la Croix du Combattant par le sous-préfet de l’arrondissement de Millau.
Médaille de la Croix du Combattant également pour Daniel Chery.
Roland Noyrigat a été épinglé de la médaille de la Défense Nationale, échelon de bronze avec agrafe « essais nucléaires ».

Pour les harkis, pour les soldats membres des formations supplétives, cette date marque le début d’une tragédie. Pour beaucoup, ce fut l’heure de la violence et des représailles. Pour d’autres, ce fut l’exil, l’abandon d’une terre aimée puis l’indifférence voire le mépris sur une terre qui les a mal accueillis. Par la parole du Chef de l’Etat et par la loi, la République a reconnu la singularité du sort des harkis et a ouvert le temps du pardon.

Emmanuelle Gazel, maire de Millau.

n Il n’est pas un pied-noir, pas un rapatrié d’Algérie qui n’ait oublié la terre évanouie de ses parents. Ils ont vécu un douloureux exil, ils ont vu leur monde s’engloutir. Ils ont connu et souffert des violences après le 19 mars. Il y eut le drame de la rue d’Isly, le 26 mars 1962, dont le caractère impardonnable a été récemment reconnu par le chef de l’Etat. Il y eut les massacres d’Oran, le 5 juillet 1962. En redisant son attachement aux rapatriés et à leurs familles, la République a rappelé avec force les douleurs de l’exil et les conditions d’arrivée en métropole.

Les mémoires de la Guerre d’Algérie sont douloureuses, mais elles sont précieuses. Notre mission collective est de porter un regard lucide sur les blessures du passé, de poursuivre le travail d’histoire, de vérité et de réconciliation. »

A la demande de la FNACA, « Yves » a chanté une émouvante chanson des anciens d’Algérie.

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