Millau. Trois conseillers municipaux de la majorité démissionnent

Fanny Alméras
Fanny Alméras
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Angelina Okome Ossouka Latorre, Martine Mananet et Jean-Louis Jallageas.

[dropcap]A[/dropcap]près le départ de Didier Daures en 2021 pour raisons personnelles et celui du premier adjoint Thierry Perez Lafont (qui demeure reste adjoint au développement économique) le mois dernier pour des raisons de santé, ce sont trois autres conseillers municipaux qui quittent leurs fonctions au sein de la majorité.

Jean-Louis Jallageas, Angelina Okome Ossouka Latorre et Martine Mananet ont tous les trois envoyé leur démission à la maire de Millau entre le 10 et le 14 avril par lettre recommandée.

Martine Mananet explique qu’elle a démissionné, car elle ne se sentait « plus en symbiose avec les prises de position de l’équipe en place ». « Je préfère laisser ma place à quelqu’un qui y trouvera plus son compte et je souhaite que le projet de la municipalité tel que défini au départ puisse être mis en œuvre réellement pour le bien de la population millavoise », souligne-t-elle.

L’ancienne conseillère municipale déléguée à la cohésion sociale et à la santé n’en dira pas davantage, mais elle confie qu’elle murissait son départ « depuis plusieurs mois ».

C’est également le cas pour Angelina Okome Ossouka Latorre qui assure avoir « hésité pendant plusieurs semaines » avant de se décider au soir du 7 avril dernier après le conseil municipal. « La ferveur de la campagne est vite retombée et je me suis aperçue que j’étais en désaccord avec Emmanuelle Gazel sur plusieurs points, notamment les sujets de l’hôpital et du Silex, je le lui avais d’ailleurs dit de vive voix ».

Jean-Louis Jallageas, lui, regrette « l’esprit de la campagne » et dit ne plus se retrouver « dans la politique menée par Emmanuelle Gazel dans plusieurs domaines » et ne pas non plus comprendre « les choix qui ont été faits pour le Silex et l’Hôpital ». « J’ai expliqué toutes les raisons de mon départ à Emmanuelle Gazel dans ma lettre de démission, comme Angélina, je n’ai pas eu de réponse ».

Celui qui aura été conseiller municipal délégué à la propreté de la ville et des hameaux, mais aussi ancien employé de mairie, est resté proche des agents et constate que « l’attention qui devait être portée au personnel communal n’a pas été à la hauteur » de leurs attentes et que « la plupart sont en souffrance ». « On avait fait une superbe campagne sur le terrain, on était vraiment un groupe soudé, mais je ne m’y retrouve plus, il n’y a plus cet esprit d’équipe qui nous animait. Je regrette d’apprendre les choses au dernier moment sans concertation préalable, tout est ficelé, j’ai la sensation d’avoir été trompé », affirme-t-il.

La réaction d’Emmanuelle Gazel

La maire de Millau Emmanuelle Gazel explique que « c’est la vie d’une équipe et que différentes raisons peuvent pousser un élu à quitter son mandat, des raisons personnelles, d’autres qui sont liées au positionnement d’élu ou à de grands sujets comme l’hôpital » et qu’elle comprend « qu’on puisse être déçu ».

L’engagement en tant qu’élu n’est pas quelque chose de facile, particulièrement en commençant un mandat avec le Covid et très peu de marge de manœuvre financière, voire pas du tout. Tout ça a engendré beaucoup de contraintes, parfois peut être trop par rapport à ce à quoi on pouvait s’attendre. Je comprends que quand on ne s’y retrouve pas ce soit mieux de partir ».

Emmanuelle Gazel, maire de Millau

Concernant le manque de concertation qui lui est reproché sur certains sujets, l’édile précise sa position expliquant que « les décisions se prennent en groupe et à la majorité ».

« Sur le sujet de l’hôpital, on a eu plusieurs débats, sur le Silex on a même eu un groupe de travail pour étudier toutes les possibilités. Les décisions qu’on prend, on les vote en majorité donc ça veut dire que c’est la position majoritaire qui a été votée et même largement majoritaire, même s’ils ne la partageaient pas. Et de toute façon, sur le Silex, il n’y a pas d’autres solutions, un groupe de travail a essayé de trouver des pistes, il n’y en a pas, explique la maire de Millau. Sur l’hôpital, c’est la position ultra majoritaire qui est défendue, même si ça n’empêche pas chacun de pouvoir avoir une position personnelle différente. C’est aussi ça la force de notre équipe municipale même si ce n’est pas facile à gérer tous les jours. »

« Quand je suis allée chercher toutes ces personnalités de gauche et du centre, c’était des gens avec des parcours et des engagements, évidemment ! Ils font la richesse de l’équipe, on n’est pas toujours d’accord, mais ça permet justement de discuter nos choix et d’avancer en cohérence avec nos engagements de campagne, précise-t-elle. Mais je peux comprendre qu’on ne se sente pas à l’aise par rapport à ces positions. En tout cas, je les remercie de ce qu’ils ont fait au sein de l’équipe et de ce qu’ils continueront à faire même s’ils n’en font plus partie ».

Les élus remplaçants sont les prochains sur la liste, qui ne s’attendaient pas forcément à être élu un jour. La maire de Millau les rencontre actuellement, elle communiquera leurs noms ultérieurement et ils seront officiellement présentés lors du prochain conseil municipal le 7 juin. Elle précise que « cela entrainera une réorganisation de l’équipe dans les attributions de chacun ». « Il y aura des conseillers, ajoute-t-elle, on y travaille encore, les choses sont en train de se caler ».

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