Le colonel Thomas Riou prendra officiellement la tête de la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère (13eDBLE) le mardi 30 août. Désigné par le chef d’état-major de l’armée de terre, il succède au colonel Pierre-Henry Aubry nommé sur le Larzac en juillet 2020 qui rejoindra Nîmes en tant que chef d’état-major de la 6e brigade légère blindée.
Pendant une semaine de « passation de consignes », les deux hommes, qui ont fait le choix de servir la Légion il y a plusieurs années, travaillent ensemble. « Je reste chef de corps jusqu’à la passation, de commandement, mais pendant cette semaine je tiens le Colonel Riou au courant de tout ce qui se passe et j’essaie de lui transmettre tous les sujets dans tous les domaines afin qu’il en ait l’historique et qu’il comprenne les décisions qui ont été prises » explique le colonel Aubry.
« L’idée c’est que l’officier qui reçoit un commandement s’inscrive dans la continuité et que la transition soit la plus souple possible, surtout pour les subordonnés ». Ainsi, la préparation opérationnelle continue, il n’y a pas de rupture dans le quotidien.
Une unité transformée
Le colonel Aubry, alors « chef opération », participe depuis 2016 à l’installation de la Légion sur le Larzac. Pendant deux ans, l’une de ses principales missions fut la transformation « Scorpion » du régiment, « un grand plan national de modernisation des systèmes de commandement, de transport de troupes, de l’armement et de l’appréhension des nouvelles techniques et modalités de la guerre moderne, la guerre de haute intensité ». Une mission anticipée par le commandement depuis plusieurs années face à la rapide montée des tensions européennes et internationales qui fait malheureusement l’actualité, mais à laquelle le 13e DBLE a été préparée. « Du chef de corps au caporal, chacun doit maîtriser parfaitement tous les systèmes d’information du combat, informatiques et logiciels », précise le colonel Aubry.
Le colonel Riou prendra le commandement d’une unité transformée et devra assurer la deuxième phase de la grande transformation de ce régiment d’infanterie, celle du renouvellement du matériel de combat, à savoir la maîtrise du « Griffon » que les troupes devront appréhender dans son environnement opérationnel lors d’entraînements nécessaires et quasi permanents.
« Le Griffon est en apparence un véhicule blindé, mais en réalité, c’est un smartphone roulant, un véhicule de transport de troupes de 5e génération dont le cycle d’entraînement incombera à mon successeur ».
Un régiment nouvelle génération
Construit il y a plusieurs décennies, le camp du Larzac a été en partie réaménagé pour accueillir la Légion étrangère dans le but d’améliorer les conditions de vie des troupes. Cette reconstruction en partie achevée continuera pendant plusieurs années avec les infrastructures d’instruction, d’entraînement, d’alimentation et de sport nécessaires aux 1 000 personnes qui chaque jour font une séance de sport sur les lieux.
Le nouveau colonel n’appréhende pas de difficulté importante dans sa nouvelle fonction, mais plutôt des défis majeurs à relever comme celui de former ses hommes aux nouvelles technologies de pointe et au combat moderne tout en conservant leur capacité à combattre en terre hostile avec peu de moyen.
« Le retour du fait guerrier à nos portes et de l’hypothèse d’un engagement majeur des troupes françaises fait que la 13e DBLE doit se préparer à des conflits plus durs. Dans ce cadre, nous participerons à l’exercice Orion au cours du 1er semestre 2023 ».
La 13 est un régiment de traditions fortement ancré dans son histoire, bien que jeune, mais le Colonel Riou indique que « ce n’est pas une unité tournée vers le passé ».
« C’est avant tout un régiment nouvelle génération, tourné vers l’avenir, un régiment d’infanterie moderne qui dispose des technologies de pointe. L’image du bidasse, il est important de la chasser de votre tête ! Aujourd’hui, former un légionnaire c’est une mission longue. La difficulté sera de s’approprier cette technicité du combat moderne tout en gardant la malléabilité, cette capacité à combattre dans des conditions dégradées durablement, à pied, sans notre matériel majeur ».
Un gouffre entre les deux univers, imposé par l’évolution du combat pour lequel il continuera de mener, comme il l’a toujours fait une réflexion adaptée : « C’est le général de Gaulle qui disait que le problème de la doctrine c’est qu’elle vise à apporter une réponse unique à des problèmes toujours différents. J’aime questionner la doctrine et travailler sur cet impératif de malléabilité, faire l’effort de questionner la norme régulièrement pour ne pas aller vers de graves défaites ».
La passation de commandement
Dès la semaine prochaine, le clairon sonnera le salut au nouveau Caïd. « On ne quitte jamais vraiment la Légion étrangère, on laisse une partie de soi-même à la légion », dit le colonel Aubry avec une certaine émotion.
Dans le parcours d’un officier, le temps du commandement est un moment très fort, on s’implique de manière forte. S’achève pour moi une période très dense, extrêmement riche, passionnante à bien des égards. Il y a eu des moments durs et désagréables à traverser, mais globalement, ce sont de vraies grandes satisfactions professionnelles et personnelles, il faudrait demander à mes supérieurs, mais j’ai le sentiment du devoir accompli ».
Le colonel Thomas Riou prendra officiellement le commandement de la 13e DBLE mardi 30 août lors de la cérémonie officielle de passation de commandement, une étape professionnelle, un moment intense pour ces deux hommes, de ceux qui marquent à jamais une vie.
Il faut 20 ans pour construire un chef de corps pendant une carrière d’officier très normée, je suis honoré de prendre le commandement de ce magnifique régiment ».
Biographie du colonel Thomas Riou
Marié et père de quatre enfants, le colonel Thomas Riou est né le 23 juin 1980 à Saint-Germain-en-Laye. Élève à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr de 2000 à 2003 (promotion du général Béthouart), il opte pour l’infanterie et complète sa formation à l’École d’application de l’infanterie à Montpellier entre 2003 et 2004.
Ayant choisi de servir au sein du 2e Régiment étranger d’infanterie, à Nîmes, il y tient la fonction de chef de section de 2004 à 2007. Promu capitaine en 2007, il sert ensuite en qualité d’officier adjoint avant de commander une compagnie de combat de 2009 à 2011. Durant cette période, il est déployé sur plusieurs théâtres d’opérations : République de Côte d’Ivoire (2004, 2006), Afghanistan (2008, 2009), République centrafricaine (2010).
En 2011, il est affecté pour trois ans à l’état-major de l’armée de Terre où il occupe les fonctions d’officier traitant au sein du bureau études – synthèse. Dans cette fonction, il est tout particulièrement responsable de la préparation et du suivi des visites et des entretiens du général-chef d’état-major de l’armée de Terre.
Promu chef de bataillon en 2012, il intègre le Cours supérieur d’état-major en 2013, puis l’école de Guerre en 2014, dont il est breveté en 2015 après une année de scolarité au sein du « Command and Staff College de l’United States Marines Corps University » à Quantico (Virginie, USA).
Durant cette scolarité, il réalise également un « Master in Military Studies » pour lequel il obtient une distinction dans le cadre de son mémoire réalisé sur le processus d’intégration et d’identité collective au sein de la Légion étrangère.
Affecté de nouveau au sein du 2e régiment étranger d’infanterie de 2015 à 2017, il y tient les responsabilités de chef du bureau opérations instruction. À cette occasion il est successivement déployé comme chef opérations en République de Côte d’Ivoire (2015) et au sein du groupement Paris de l’opération « Sentinelle » (2016).
Promu lieutenant-colonel, il commande de 2017 à 2019 la division d’application de l’infanterie à Draguignan avant de rejoindre l’école spéciale militaire de Saint-Cyr de 2019 à 2022 en qualité de commandant de bataillon.
Le colonel Thomas Riou est chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du mérite et titulaire de la croix de la valeur militaire avec deux citations.