Opinion. « Cherchez la logique ! »

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(Photo d'illustration © Pixabay)

L’hiver qui approche risque de nous confronter à des réalités en matière d’énergie que certains rêveurs ou utopistes dangereux refusent de voir. Aurons-nous l’énergie électrique suffisante pour satisfaire nos besoins qu’ils soient industriels ou domestiques ? Voilà la question !

Depuis des mois une campagne de communication bien orchestrée nous demande d’être attentifs aux déperditions inutiles d’électricité. On nous annonce qu’il pourrait y avoir des coupures d’alimentation, en même temps, on tente de nous rassurer : elles seront ciblées ! Il nous faut contribuer aux économies, éteindre l’éclairage en quittant une pièce et surtout couper toutes les petites veilleuses ou lampes témoins de nos appareils électroménagers. Pour nous encourager au geste qui sauve, certains, annoncent de ce fait des économies de l’ordre de 15% qui ne seraient en réalité d’après nombre de spécialistes que de 2 ou 3 %. Pour ce qui est du chauffage l’interdiction des chaudières à fuel est tombée en oubliant que pour certains immeubles la conversion en électrique est impossible. Quant au chauffage au gaz, il est en sursis. Pour ceux qui ont fait le choix des granulés de bois, ils ont la mauvaise surprise de voir le prix multiplié par 3 ou même 4 sans être sûrs d’être livrés avant l’hiver. C’est la conséquence, que personne n’avait anticipée, d’un transfert du fuel vers ce type d’énergie.

Pour revenir à l’électricité, les informations diffusées à longueur d’émissions, radios ou télévisions, s’accompagnent de la promotion des pompes à chaleur grâce à qui vous serez bien chauffés l’hiver et climatisés l’été en faisant des économies. J’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre la logique de cette politique énergétique : éteignez les petites lumières, nous risquons des coupures, mais chauffez-vous à l’électricité. Cela pourrait se comprendre si l’électricité d’origine nucléaire était au maximum des possibilités de nos centrales. Ce n’est pas le cas.

Le Président de la République qui a signé la fermeture de Fessenheim a voulu échapper à sa responsabilité politique en accusant EDF d’avoir abandonné la filière. Comment en aurait-il pu en être autrement quand pour être élu François Hollande avait promis aux écologistes l’arrêt du développement de cette source d’énergie non polluante. C’est ainsi qu’EDF avait été invitée à préparer ses équipes aux futurs démantèlements. Aujourd’hui tous les pays repensent leur politique énergétique en intégrant le nucléaire.

Avec la promotion de la pompe à chaleur il y a aussi la promotion de la voiture, électrique, elle aussi !L’Europe a interdit la fabrication des moteurs thermiques à partir de 2035 ! Cette décision a fait dire à Carlos Tavares (patron de PSA et Stelantis) : « Je ne voudrais pas que dans 30 ans on découvre quelque chose qui n’est pas aussi beau que ça en a l’air… »

Ceci me conduit à faire deux observations.

En premier lieu, sans revenir sur tous les problèmes de pollution et d’approvisionnement que pose la construction des batteries, il faut noter que la majorité des véhicules électriques est fabriquée en Europe de l’Est ou en extrême Orient, Chine, Corée, Japon et nouvellement Vietnam. Pour les Européens et les Français en particulier, l’achat d’un de ces véhicules électriques implique un transport maritime dans des navires qui consomment 250.000 à 280.000 litres de fuel pour 1000 km. Pour les légumes et les fruits, voire la viande, il faut privilégier le circuit court et aller chez le paysan voisin et pour les véhicules nous les faisons venir de l’autre bout du monde. Logique.

En second lieu, la voiture électrique pose le problème de la recharge de la batterie. Un petit calcul mathématique est intéressant à faire. Toutes les voitures électriques disposent, en règle générale, d’une autonomie après charge de 350 à 500 km en usage normal sur autoroute. Paris Bordeaux par l’A10 c’est 583 km. Une recharge est nécessaire sur le trajet. En juillet et août pour une journée de grand départ en 24 heures c’est 80.000 véhicules soit plus de 3.300 véhicules à l’heure. Temps de recharge d’une voiture au minimum 30 minutes. Chaque borne dans une station ne pourra alimenter que 48 véhicules par jour en supposant qu’il n’y ait pas une minute de perdue entre deux utilisateurs. Si on part de l’idée que sur les 80.000 véhicules la moitié seulement est électrique, soit 40.000, pour les recharger en 24h il faudra, sur ce seul trajet, plus de 800 bornes et l’électricité qui va avec ! Certains ont même calculé que si notre parc automobile comptait 15 millions en électrique il faudrait augmenter notre production d’électricité de 60 à 70%.

Tout cela parce que la France représente 0,9 % des émissions de CO2 de la planète !

Et pour en quelque sorte ajouter une couche sur l’absurde il y a les Z.F.E. (Zones à Faible Emission) devenues obligatoires dans nos villes de plus de 150.000 habitants interdisant de circulation dès 2023 progressivement tous les véhicules à essence ou diesel avec des vignettes « Critair » 5-4-3 puis 2. C’est plus de la moitié de la population qui sera interdite de circuler dans ces zones y compris pour y travailler.

Pendant ce temps, la Chine aura le plus grand parc automobile du monde avec le plus long réseau d’autoroutes construit à raison de 5000 km par an !

Nous, nous aurons l’avantage de lui acheter des voitures électriques et nous pourrons nous flatter d’être tous des écologistes vertueux !

Cherchez la logique !

Me Jean-Louis Esperce,
Ancien maire de Millau

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